Société

Cinq chandelles pour L’Itinéraire

C’est cette semaine que L’Itinéraire, le journal des gens de la rue, a fêté son cinquième anniversaire. Parti de rien, le mensuel a réussi à fidéliser le public à son produit. C’est devenu un journal sérieux suivi par un lectorat composé en majorité d’universitaires vivant sur le Plateau. Depuis 1994, environ 800 personnes l’ont vendu un peu partout à Montréal. Chaque mois, entre 45 et 50 vendeurs sont au poste, journal à la main. Selon Serge Lareault, rédacteur en chef, c’est peut-être moins payant de vendre le journal _ les camelots empochent la moitié des revenus _ que de quêter, mais ça vaut quand même la peine. «Ces gens-là font ça pour se valoriser. C’est un tremplin qui les empêche de s’enliser dans la misère.» Et L’Itinéaire, ce n’est pas juste un journal. C’est aussi 150 personnes qui ont pu se réinsérer dans le marché du travail en ouvrant dans l’administration ou dans la production du mensuel. C’est également un café électronique pour les plus démunis, où il est possible de naviguer dans le Net pour un dollar de l’heure. Mais, au journal, on a encore du pain sur la planche. Trop de portes restent toujours fermées. Le plus grand défi: permettre aux vendeurs d’envahir l’île de Montréal. «On est freiné par l’indifférence des autres villes», souligne Serge Lareault. En effet, certaines municipalités _ comme Verdun ou Montréal-Nord _ refusent obstinément de changer leurs règlements pour permettre la vente de L’Itinéraire sur leur territoire. Malgré tout, les projets ne manquent pas dans le petit local de la rue Amherst. Parmi ceux-ci, on espère ouvrir une salle permanente de formation où les gens de la rue pourront se familiariser avec l’informatique. Une autre belle preuve qu’il est possible de faire de grandes choses avec peu de moyens. Bonne fête, L’Itinéraire!