Société

Un homme d’honneur?

Le «beau milieu» théâtral n’a pas l’habitude des esclandres publics. On y lave généralement son linge sale en famille. Il est aussi rare d’entendre un comédien critiquer un metteur en scène que, disons, un policier dénoncer un confrère… Il faut bien protéger son gagne-pain. André Montmorency, lui, n’a jamais eu la langue dans sa poche, et il affirme n’avoir plus rien à perdre, se disant, de toute façon, «tanné d’être sur une scène».Dans une sortie fracassante et spontanée, samedi dernier, à l’émission matinale de Nathalie Petrowski, sur les ondes de CKAC, le comédien devenu auteur s’est attaqué au Théâtre du Rideau Vert, appelant sans ambages au limogeage de son directeur artistique, Guillermo de Andrea. «Il est en train de caler le théâtre!, a déploré André Montmorency, qui a amorcé sa carrière au Rideau Vert. Regarde la programmation de cette année: ce ne sont que des reprises de choses qui ont été faites il n’y a pas longtemps. Il n’a aucune imagination, cet homme va tuer ce théâtre, et c’est trop dommage qu’une femme comme Mercedes Palomino, qui a fait un travail extraordinaire, soit pognée avec ce directeur artistique-là. Ahhh! C’est dit!»Ce cri du cour, qui semble avoir surpris Montmorency lui-même, survient à la fin de la cinquantième saison de la vénérable institution, qui a célébré son demi-siècle avec faste – et un très inégal bonheur artistique. Guillermo de Andrea a lui-même dirigé les productions fort décriées d’Hamlet et du Tintamarre…«J’ai déjà mis cet homme sur un piédestale; maintenant je suis déçu, et je trouve qu’il ne fait pas du bon travail, a poursuivi l’acteur. Ça n’aurait pas dû être lui. De plus, c’est un mauvais directeur d’acteurs. Dans le temps qu’il me dirigeait dans Le Bourgeois gentilhomme, ç’a très bien été; mais un jour, j’ai découvert que ce qu’il me demandait dans certaines scènes, c’était ce qu’il avait vu à Paris, à la Comédie-Française…» «Il n’y a pas beaucoup d’acteurs qui aiment jouer sous sa direction, mais il est là et il faut faire avec. Et c’est toujours des flops, il se fait toujours démolir; mais ça continue et on se ferme la gueule. Plein de comédiens ne peuvent pas parler parce qu’ils espèrent que Guillermo va les engager l’an prochain. Moi, je n’ai plus ce désir-là. Je suis enfin libre de dire exactement ce que je pense. J’ai été des premiers spectacles du Rideau Vert et je regarderais aller ça, sans rien dire? En tant qu’artiste, je dois le dire parce que je ne suis pas tout seul à le penser.» Quelqu’un d’autre osera-t-il briser les rangs?