Musique Pluche : Marionnettes en folie
Société

Musique Pluche : Marionnettes en folie

La semaine dernière, j’écrivais que la télé québécoise est plus souvent qu’autrement frileuse et conformiste. Heureusement qu’il existe quelques petites exceptions pour venir confirmer la règle. Un exemple: Musique Pluche, une émission hebdomadaire (en ondes depuis le 1er septembre) issue des petites capsules parodiant le quotidien de la station vidéo montréalaise. Conçue par André Lavoie, réalisateur des pubs maison («nouveau visage» médias, dans Voir, l’an dernier) et Normand Labelle, cette petite émission réalisée avec très, très peu de moyens est assez jubilatoire. Comme le dit si bien le communiqué qui accompagnait la cassette de visionnement (enveloppée dans une belle housse de boîte à kleenex bleu poudre), rares sont les télés qui «se foutent de leur propre gueule».

Or, dans Musique Pluche, tout le monde y passe: de Ginborgne à Amarielogique en passant par Claute Radotte, Mikegazine et Papporcelais, aucun V.J. n’est épargné. Quant aux patrons, ils sont représentés par «la tête du réseau», une énorme tête aux yeux exorbités avec des signes de piasse à la place des yeux. Tout ce beau monde s’excite, crie, saute et explose dans une espèce de bal hystérique supposé évoquer la fébrilité qui règne dans une télé presque toujours en direct.

Dans le premier épisode, les V.J. défilent un à un dans le bureau de la tête du réseau afin de lui proposer un nouveau projet d’émission. Le mot magique: «Ça ne coûtera rien.» La réponse: «Parfait, on commence ce soir.» Le ton est donné. Dans le second épisode (mercredi 8 septembre, 21 h), on reviendra sur le fameux concours V.J. recherché qui, pour minimiser les coûts, se balade uniquement à Verdun et Cookshire. Ça promet.
Cette parodie n’arrive pas par hasard sur nos écrans. Un peu partout en Occident, les télés redécouvrent l’animation avec des séries comme Les Simpsons et, plus récemment, South Park, Bob and Margaret et Duckman.

Musique Pluche est d’autant plus originale qu’elle est fabriquée avec des moyens artisanaux. Il faut voir avec quelle ingéniosité les marionnettes ont été confectionnées par Annie-Claude Gagnon. On les dirait tout droit sorties de l’atelier d’arts plastique d’une école primaire. Même chose pour les décors: un amas de papier-carton, de cure-pipes et de colle Lepage qui donne un aspect hyper-naïf à un exercice (la parodie) qui l’est beaucoup moins.

Bref, avec son humour noir et ses marionnettes destroy, Musique Pluche risque de devenir un des musts de la saison chez les cyniques et les amateurs d’animation en général. Les mercredis, à 21 h, en reprise les jeudis, à 22 h. MusiquePlus.

Made in Canada
Finkleman, McKellar, Mercer: trois noms pratiquement inconnus au Québec mais qui font un tabac au Canada anglais.

Ken Finkleman est scénariste, réalisateur et producteur. Il s’est fait connaître surtout grâce à The Newsroom, une sitcom décapante sur les dessous de la télé, diffusée à CBC, il y a deux ans, et More Tears, une exploration du couple avec comme toile de fond le tournage d’un film. Fiction et réalité s’y mêlaient de façon très subtile.

Avec Foolish Heart, une ouvre plus «sérieuse» qu’on pourrait aussi qualifier de psychothérapie pour baby-boomers torturés, Finkleman poursuit sa réflexion sur l’amour, ses mécanismes et ses pièges. Ce qui rend cette série intéressante? La lucidité et le cynisme (certains le trouveront sans doute prétentieux) de l’auteur ainsi que son style, différent de ce qu’on a l’habitude de voir à la télé.

Réalisateur (Last Night), scénariste (Le Violon rouge) et comédien (Highway 61), Don McKellar est également le créateur d’une série très populaire au pays du ice wine: Twitch City, une sitcom racontant la vie d’une patate de sofa vivant dans le quartier Kensington Market, à Toronto, et pour qui le TV Guide est l’équivalent de la bible pour un catho orthodoxe. On a déjà écrit que Twitch City était «The Odd Couple on acid» ou encore «Friends from hell». Ça donne une petite idée du ton de cette série-culte dont on pourra voir de nouveaux épisodes dès le début de l’an 2000.

Enfin, Rick Mercer est une autre voix originale qui semble vouloir se distinguer du lot des créateurs télé. Stand-up comique très populaire chez nos compatriotes, redoutable satiriste politique, il était l’une des vedettes de l’hilarant magazine This Hour Has 22 Minutes. Pour Made in Canada, une sitcom qui raconte les aventures d’un lecteur de scripts sans scrupules qui travaille dans une maison de production médiocre (décidément…), Rick Mercer s’est entouré des acteurs et des scénaristes qui évoluent dans l’entourage de Finkleman et de This Hour… Un bon signe, quoi! Made in Canada reprend du service le lundi 4 octobre, à 20 h 30.

Les 6, 7 et 8 septembre, CBC présentera, par blocs de deux, les six premiers épisodes de Twitch City, à 20 h, suivis des six épisodes de Foolish Heart, de 21 h à 23 h. À ne pas manquer, my dear.

Zapping
Dernière mode à la télé américaine: le divorce en direct. Court TV lance Divorce TV, une émission où les couples ordinaires pourront se crier des noms et se disputer la garde des enfants sous l’oil attentif de la caméra… et de millions de téléspectateurs. Prochaine étape, la thérapie en direct?

En 1993, on pouvait lire dans les pages de Voir un texte portant sur Lead or Leave, une organisation américaine de lutte contre le déficit censée représenter la génération X. Six ans plus tard, où pensez-vous qu’on retrouve un de ses fondateurs? À la télévision, voyons! À compter du samedi 4 septembre, Rob Nelson animera The Full Nelson, un talk-show dans lequel l’animateur (qui se veut le porte-parole des 25 à 40 ans) portera un regard bien personnel sur l’actualité et soulèvera des questions délicates du genre: «Pourquoi faisons-nous semblant de nous intéresser au Kosovo alors qu’au fond, on s’en fout royalement.» Mmmm… Sur Fox News Channel.