Société

Droit de cité : Du vandalisme? Mais non…

Que fait un syndicat lorsque le patron commet une grande injustice à l’égard de ses pauvres membres? Il «grève du zèle»? Il «ligne de piquetage» devant la résidence privée du patron? Il sabote le matériel? Il échappe son tournevis 12 500 fois dans une journée?
Que non. Il assume le coup, et convainc par la force de ses arguments les masses prolétariennes de la justesse de sa lutte contre l’exploitation de l’homme par l’homme. C’est vrai, je l’ai vu l’autre jour à la télévision, dans Chartrand et Simonne…
Non, non, je ne parle pas des employés d’entretien de la STCUM. Je ne sais pas de qui je parle, mais ce n’est pas des syndiqués de la STCUM, en tout cas. Tout d’abord, faudrait-il encore qu’il y ait eu des problèmes à la STCUM.
Or, il n’y en a pas. Avez-vous attendu au froid à vous en fendre les orteils? Non, vous n’avez pas attendu plus qu’à l’habitude. C’est l’hiver. Et c’est connu, l’hiver, c’est dur sur les autobus. C’est l’hiver, et la patience de l’usager du transport en commun est inexistante. Parce qu’il fait froid. Parce qu’il est chialeur de nature. Parce qu’il a la mémoire courte, et qu’il oublie les conséquences de l’hiver sur le service d’autobus. Toutes ces frustrations accumulées lui laissent l’impression qu’il attend plus longtemps que d’habitude.
C’est, comme on dit chez les sceptiques, une illusion d’optique. Un phénomène astrophysique, une impression de déjà-vu. Bref, l’usager du transport en commun a la berlue, l’hiver.

***

Les autobus ne sont plus sur la route, vous me dites? Bof, business as usual. Deux cents autobus ne roulent plus, parce qu’ils ont tous subi des avaries en même temps. C’est comme ça tous les hivers. Deux cents autres sont immobilisés au garage parce qu’un mauvais plaisantin a mobilisé toute l’escouade des artificiers? Ah! Les enfants, ils sont grippettes, parfois…
Vous croyez que les syndiqués de la STCUM font des actes de sabotage visant le pauvre usager? Mais pourquoi viseraient-ils Monsieur et Madame Tout-le-mnde, voyons? C’est le patron qui veut prendre congé de cotisations à la caisse de retraite (et qui offre la pareille aux employés), parce que celle-ci déborde de 400 millions de dollars par rapport à ce que la loi permet. Pas vous!
Le torchon brûle entre le syndicat des employés d’entretien et la STCUM, ces jours-ci. Mais ni le syndicat ni ses membres ne sont responsables de ce que vous croyez avoir vécu l’autre matin au coin de du Parc et Fairmount. Ils vous le disent, ce n’était qu’une illusion d’optique. De quoi allez-vous vous plaindre encore? D’avoir été enlevé par des extraterrestres affiliés à la CSN? Charriez pas…
D’abord, il n’y a aucune preuve de ce que vous avancez. Si vous croyez avoir été victime du syndicat de la STCUM, c’est peut-être parce que vous le méritez. L’usager moyen du transport en commun fait partie de cette classe néolibérale dominante qui exploite le pauvre syndiqué de l’État. Il roule en Volvo (les autobus de la STCUM sont fabriqués par Volvo). C’est un impie non syndiqué, qui n’ose même pas se défendre quand son patron refuse de lui payer les heures perdues à attendre l’autobus qui n’arrivait plus.
Alors, s’il est victime d’un syndicat, hein, il l’a bien cherché…

Histoires d’hiver
Au Québec, il devrait être formellement interdit d’être surpris par l’hiver. Pas besoin d’un sorcier apache pour prévoir qu’à un moment ou l’autre, il y aura beaucoup de neige.
Alors, pourquoi les plaintes fusent-elles de partout?
C’est que la neige abondante des derniers jours survient à un très mauvais moment, alors que les équipes de déneigement de la Ville ont atteint leur limite légale de soixante-dix heures travaillées par semaine. Le hic, ce n’est pas que la limite soit atteinte, c’est que la Ville applique pour la première fois la réglementation à la lettre.
Tout le monde, y compris les travailleurs et leur syndicat, trouve que la limite de soixante-dix heures est débile. On ne peut quand même pas étaler l’enlèvement de la neige jusqu’au mois de juillet!
L Ville vient tout juste d’entreprendre des pourparlers avec la Société d’assurance automobile pour exempter les déneigeurs de cette réglementation. Le hic, c’est qu’elle n’a pas entamé ces pourparlers il y a six mois, mais ces dernières semaines!
À Montréal, il tombe en moyenne 225 cm de neige par hiver. C’est beaucoup. Mais à Anchorage, Alaska, les quelque 300 000 habitants de la ville – ce n’est pas New York, mais c’est quand même plus gros que Port-au-Persil – doivent affronter chaque année des chutes de neige de… 1400 cm! C’est-à-dire cinq hivers montréalais en six mois seulement.
Et devinez quoi? Ils survivent!
Ont-ils un bon sorcier apache à nous suggérer?