George W. Bush : Docteur Death
George W. Bush risque de devenir le prochain président des États-Unis. Pour les adversaires de la peine de mort, qui sont de plus en plus nombreux, c’est une mauvaise nouvelle. Une très mauvaise nouvelle.
Richard Martineau
«Je suis un gouverneur pro-vie.»
– George W. Bush
Comme tout politicien qui se respecte, George W. Bush aime les bébés, les photographes et les petites vieilles. Mais il aime aussi envoyer des hommes et des femmes sur la chaise électrique. En effet, celui qui est en passe de devenir le prochain président des États-Unis, argent oblige, est le recordman de la peine de mort. Depuis 1994, année où George W. Bush a été élu gouverneur, le Texas a exécuté 135 prisonniers. Durant son premier mandat, il a envoyé 77 personnes à la potence. Le tiers des exécutions qui se déroulent aux États-Unis a lieu au Texas.
«Si c’est mardi, ça doit être la chaise électrique…»
La routine
De janvier 1977 à novembre 1999, plus de 570 personnes ont été exécutées aux États-Unis, par pendaison, électrocution, fusillade, gaz ou injection léthale. Comme le soulignait récemment le magazine U. S. News and World Report, les peines de mort y sont devenues tellement routinières qu’elles ne sont même plus couvertes par les journaux. En 1995, Newt Gingrich, alors coqueluche des Républicains, voulait même que les États-Unis adoptent la «méthode chinoise», et qu’ils exécutent les condamnés à mort en groupe, à coups de vingt, vingt-cinq ou trente personnes à la fois! «Cela fera peur aux trafiquants de drogues», disait-il.
Pourtant, la peine de mort n’a jamais été aussi remise en question qu’aujourd’hui. Depuis l’utilisation des tests d’ADN à des fins judiciaires, plusieurs condamnés à mort qui croupissaient dans les pénitentiers américains ont été innocentés et relâchés. Au cours des vingt-cinq dernières années, 74 condamnés à mort ont échappé de justesse à la chaise électrique – un pour chaque groupe de sept prisonniers exécutés. Combien d’innocents n’ont pas eu cette chance?
Mais qu’importe! Cela n’arrête pas George W. Bush, «Monsieur 100 000 volts».
En septembre 1999, Amnistie internationale a publié un rapport accablant sur la peine de mort aux États-Unis et au Texas. On y apprend qu:
* Les États-Unis sont le seul pays de l’OTAN à avoir recours à la peine de mort.
* Au Texas, un Noir trouvé coupable du meurtre d’un Blanc court six fois plus de risques d’être condamné à la peine capitale qu’un Blanc trouvé coupable d’avoir tué un Noir.
* L’État du Texas permet l’exécution de retardés mentaux. Johnny Paul Penry, qui croupit actuellement dans le couloir de la mort, ne peut même pas nommer les mois de l’année. Son QI se situe entre 51 et 63.
* Treize individus mineurs ont été exécutés aux États-Unis, dont sept au Texas. Au mois de mai 1999, 70 mineurs attendaient leur exécution dans des prisons américaines. Sur ce nombre, 26 croupissaient dans des pénitenciers texans.
* Un prisonnier américain sur dix purge sa peine au Texas.
* 50 % de la population du Texas possède une arme à feu.
Sur le site Internet du Département de justice du Texas www.tdcj.state.tx.us, on trouve toutes sortes de données concernant les exécutions – dont une liste complète des derniers repas commandés par les condamnés depuis 1984! Ça va du T-Bone au riz espagnol en passant par des tortillas, un sandwich au fromage et un bol de Frosted Flakes.
En terminant, d’ici au 17 juilllet, 17 exécutions sont prévues au Texas.
Ah oui, comment George W. Bush définit-il son programme? «Compassionate Conservatism.» Le conservatisme capable de compassion. Une chance…