Société

Porno sur le Net

Une étude récente publiée dans Associated Press et Wired révèle qu’il y aurait plus de deux cent mille compulsifs du cybersexe aux États-Unis. Une autre étude sur les impacts psychologiques d’Internet, menée par les très sérieuses universités Stanford et Duquesne, sonne l’alarme: "Il s’agit d’un réel danger pour la santé publique qui demeure caché, et ce, en partie parce que personne ne prend le sujet au sérieux."

Selon les termes de l’étude, une personne est considérée comme accro du cybersexe lorsqu’elle passe plus de onze heures par semaine sur des sites ou des chats pornographiques. Et les résultats de l’étude tendent à démontrer que la pratique compulsive du cybersexe a un impact négatif sur le travail, la vie sociale et la vie sexuelle des mordus de la porno sur le Net.

Plutôt alarmistes – en tout cas dans les extraits recueillis dans Wired -, les chercheurs affirment aussi que des "millions de personnes sont à risque" et qu’elles peuvent sombrer dans cette dépendance. Mais pendant que la pratique abusive du cybersexe inquiète les psychologues américains, les propriétaires de sites Web pornos ont d’autres préoccupations, bassement commerciales, celles-là. Attirés par l’appât du gain, ils sont des milliers à avoir tenté leur chance dans le merveilleux monde du cul en ligne… Mais quand le gars ou la fille du coin peut facilement monter un site Web en utilisant des photos de ses ébats avec le livreur de pizza, les entrepreneurs commencent à sentir la soupe chaude en voyant leurs revenus fondre au soleil.

La réponse la plus commune à cette sorte de démocratisation de l’exhibitionnisme, c’est de trouver des moyens "originaux" pour se démarquer de la compétition. Pour s’assurer que ce sera votre site qui fera bander le plus de consommateurs, il faut bien plus que de simples photos de femmes nues. La nouvelle tendance à la mode? Le fétichisme: latex, fouets, domination. Comme quoi l’Amérique puritaine s’est découvert un appétit insatiable pour l’amour qui fait boum.

Mais pour de nombreux psychologues, et pour les militants antiporno, cette tendance confirme leurs craintes: plus les gens consomment de la porno, plus la dose doit être forte pour satisfaire leurs besoins. C’est le bon vieux précepte de "tu commences par un joint, tu finis avec une aiguille dans le bras". Mais qu’il s’agisse de la porno soft ou hardcore, le résultat n’est-il pas le même, soit celui de faire augmenter la vente des Kleenex?

Pour Mary Anne Layden, une psy de l’Université de Pennsylvanie, la barrière à franchir entre l’obsession pour la pornographie hardcore et l’agression sexuelle est très mince. Selon ses travaux auprès d’agresseurs sexuels, la consommation de porno hardcore les a aidés à faire le pas du virtuel au réel. Pour elle, il n’y a pas de doute: "La porno hardcore, c’est le nouveau crack qui menace la société américaine. Nous vivons une sorte d’holocauste sexuel. Et les ramifications de la porno hardcore sont inimaginables. Nous en sommes au niveau d’un Tsunami."

Les chercheurs de Stanford, auteurs de l’étude intitulée Sexual Addiction and Compulsivity, convaincus eux aussi de l’incidence de la porno sur l’augmentation des crimes à caractère sexuel, ont déjà annoncé qu’ils poursuivraient leur enquête sur le sujet. Une histoire à suivre…

Emplois et multimédia
À coups de subventions gouvernementales, avec force crédits d’impôts et l’arrivée de la Cité du Multimédia à Montréal, tout semble aller pour le mieux dans la création d’emplois dans l’industrie québécoise du multimédia. Pourtant, sous le vernis, plusieurs s’interrogent sur les moyens utilisés par Québec pour arriver à son Eldorado techno. Des formations qui laissent à désirer, des conditions de travail pas toujours jojo pour certains; bref, même au paradis, il y a des toits qui coulent…

C’est pourquoi le FIM (Forum des inforoutes et de multimédia) propose une table ronde intitulée Y a-t-il un avenir pour l’emploi multimédia au Québec? Parmi les panélistes, Christian Grégoire (CESAM) et Andrée Beaulieu-Green (ICARI). Vendredi 17 mars, de 16 h à 20 h. Salle Pierre-de-Coubertin de l’Hôtel Omni, 1050, rue Sherbrooke Ouest, Montréal. Prix d’entrée: vingt dollars.

Librairie virtuelle
La Librairie Gallimard lance un nouveau site Internet www.gallimardmontreal.com qui vous permet non seulement de commander vos livres, mais aussi d’interroger, via ICQ, le libraire virtuel Ferdinand. L’interrogation en temps réel d’un libraire constitue véritablement une petite trouvaille qui risque de faire des petits ailleurs sur le Web! À moins que Gallimard, comme son homologue américain Amazon.com, décide de demander un brevet d’invention pour son nouveau concept… On sait que le monde du commerce électronique vit aujourd’hui des heures sombres, puisque Amazon.com a un brevet pour le concept d’achat par un seul clic de la souris! Un brevet pour la course à pied, tant qu’à y être?