Société

L’avenir de Vidéotron : Au plus fort la poche?

Quebecor achètera peut-être TVA qui achètera peut-être Motion qui… Et la concentration de la presse, dans tout ça? Bof, un détail.

L’alliance de Quebecor avec la Caisse de dépôt et de placement pour contrer l’offre d’achat de Vidéotron par Rogers Communications fait frémir la communauté journalistique. En achetant Vidéotron, Quebecor Média deviendrait propriétaire de TVA – le réseau de télé québécois le plus populaire et le plus rentable au Québec – qui s’apprêterait, dit-on, à acheter la maison de production Motion International. Quebecor posséderait également le réseau de câblodistribution de Vidéotron ainsi que plusieurs portails Internet dont Netgraphe, une compagnie présentement en phase d’acquisition de contenus (pour reprendre une expression à la mode). Comme modèle d’intégration, on a rarement fait mieux.
Les journalistes québécois s’inquiètent, avec raison, de l’effet qu’aurait cette concentration d’entreprises de presse sur la liberté d’expression. On l’a vu depuis l’acquisition de TQS par Quebecor (également propriétaire du Journal de Montréal), Pierre-Karl Péladeau n’est pas du genre à s’enfarger dans les fleurs du tapis. TQS plogue Archambault, Le Journal de Montréal, Canoë, etc. etc. sans aucun scrupule.
Devant une telle situation, on se félicite d’avoir un organisme comme le CRTC dont le rôle est d’assurer un certain équilibre dans le milieu des communications. Car ce ne sont pas les actionnaires de Vidéotron qui vont discuter des effets de la concentration de la presse sur la liberté d’expression. Il fallait les voir à la sortie de l’assemblée extraordinaire qui s’est tenue lundi dernier. L’oeil avide, la salive dégoulinant presque sur le menton, «greedy», comme disent les Anglais. Le Téléjournal nous a montré ces petites madames et ces petits messieurs qui soupesaient devant la caméra la valeur de chacune des deux offres. Ces gens-là n’ont absolument rien à foutre de la liberté de presse. Ce qui compte, c’est la valeur de leur action. Vidéotron pourrait être une usine de chaussettes, ça ne ferait aucune différence.
Il y aura sans doute des audiences publiques sur cette transaction.Comment pourrait-il en être autrement? Car toutes les entreprises dont il est question dans ces transactions croisées n’existeraient probablement pas sans les subventions, les crédits d’impôts et autres petites douceurs de l’État (en d’autres mots: notre argent) qui ont contribué à bâtir Québec inc. Les prochaines semaines risquent d’être passionnantes…

MétroStar: la famille éclatée
L’an dernier, au Gala MétroStar, l’animatrice Julie Snyder était assise bien en vue entre le président de Vidéotron et son épouse. La petite démone accompagnée de papa et maman Chagnon offraient le portrait d’une famille unie et tissée serré comme seul TVA sait en fabriquer.
Cette année, la famille a éclaté: Julie a pris un faux accent français et essaie de séduire la ménagère de moins de cinquante ans à Paris. Quant aux Chagnon, ils déchirent leurs chemises en coulisses. Derrière le sourire chaleureux de la mère-grand, on a vu pointer les dents du méchant loup…
Si l’on se fie aux chiffres de la firme de sondage Nielsens, près du tiers de la population québécoise (2,2 millions de personnes) a regardé le gala de l’épicier Métro animé par Ginette Reno, la «chanteuse-qui-aurait-pu-avoir-une-grande-carrière-internationale-mais-qui-a-préféré-rester-chez-nous». Dieu qu’on l’aime!
Serais-je ingrate? Tout le monde sait bien qu’il ne faut pas cracher sur les MétroStars car il s’agit de la récompense du peuple. Et le peuple a toujours raison.
Donc, le peuple a parlé. Il a dit à Simon Durivage que ce n’était pas grave d’animer le Point J à l’occasion et de faire peur au monde avec des documentaires alarmistes. Le peuple aime le ton populiste, et parfois démagogue, de Simon Durivage.
Le peuple a également dit à Guy A. Lepage qu’il appréciait le portrait des relations hommes-femmes dépeint dans Un gars, une fille. C’est son choix. Personnellement, je persiste à dire que malgré l’intelligence du concept, la fille interprétée par Sylvie «la muse» Léonard est une gougoune finie. Mais le peuple a parlé
Par contre, je ne sais pas ce que le peuple a pensé de la maladroite déclaration de Lepage qui a osé affirmer que «le vrai drame, cette semaine, ce n’est pas la sortie de Pinard, mais la tragédie de Nicolet». Le peuple s’est probablement dit que Guy A. travaillait trop et qu’il devait être très, très fatigué. Normal, les humoristes ont eu «une dure semaine»… comme l’a souligné Normand Brathwaite qui a, lui aussi, fait allusion à Daniel Pinard. Décidément, les langues étaient plus déliées qu’au Gala des Olivier.
Dans l’ensemble, le Gala MétroStar a confirmé ce que tout le monde savait déjà, à savoir que le réseau TVA et ses artisans sont les plus populaires en ville. What’s new?

Coup d’oeil
Wonderland
Les fous sont à la mode à la télévision. Après Fortier, la série noire de Fabienne Larouche (jeudi 21 h, TVA), voici une nouvelle série qui s’intéresse aux dérapages du cerveau humain. Wonderland, qui débute ce soir à 22 h sur le réseau ABC, est une sorte d’ER des malades mentaux. L’action se déroule dans un prestigieux hôpital psychiatrique de New York, la métropole où les fous ne sont pas tous là où on pense.
La série nous fait découvrir – comme c’est original! – la vie personnelle et professionnelle d’une équipe de médecins parmi lesquels on retrouve le couple uni (il s’intéresse aux criminels dangereux, elle dirige l’unité d’urgence); le Noir monoparental, le courailleux de service et la jeune interne blonde. Avouez que sur papier, ça semble plutôt conventionnel. Or, les médias américains semblent attendre beaucoup de cette dramatique filmée, nous dit-on, dans un style documentaire et produite, écrite et réalisée par Peter Berg, ex-acteur de Chicago Hope. À surveiller.

La loi du retour
Le pardon aussi est à la mode ces temps-ci. Après l’invraisemblable série Quadra de Jean-Claude Lord, voilà que Canal Vie diffuse une émission en dix parties animée par Marc Laurendeau et mettant en présence deux personnes quiont des choses à se dire. Première émission: l’incendiaire de Chapais et la fille d’une des victimes devenue orpheline de mère. Entre les deux, il y aura un échange suivi d’une entrevue de l’animateur avec un expert. On dit que les producteurs de l’émission, proposée par une criminaliste et une psychothérapeute, ont dû contacter une centaine de personnes avant d’en trouver dix qui se prêteraient à cet exercice périlleux. Question: si ces gens n’avaient pas été approchés par une équipe de télé, auraient-ils ressenti le besoin de se rencontrer? Début: dimanche 21 h, à Canal Vie.