Société

Droit de cité : C’est la faute aux femmes

On ne sait pas si c’est à cause d’un extravagant alignement des planètes dans la constellation du Poisson, mais ces jours-ci, tous les dossiers qui s’enlisent et qui vont droit à l’échec sont menés par des femmes.
En quelques semaines seulement, cinq femmes de la politique, ou de la banlieue proche de la politique, ont frappé tour à tour un iceberg au large des côtes gouvernementales.
La tentaculaire Nycol Pageau-Goyette est «groundée» sur une piste de Dorval; Louise Harel est embourbée jusqu’aux oreilles avec son projet de réorganisation de la grande région de Montréal; Hasmig Belleli mène la barque de la Commission de développement urbain de la Ville de Montréal dans les limbes; Claire St-Arnaud s’est vu obligée de couler la sienne, celle du projet-pilote de la prostitution dans le Centre-Sud; et Pauline Marois n’en finit plus de se faire «cross-checker» avec son choix d’emplacement pour le futur Centre hospitalier universitaire de Montréal.
Pour le moment, aucune d’entre elles n’a sombré, mais ça ne saurait tarder.
Tout se passe comme si les boys s’étaient arrangés entre eux pour laisser aux femmes les sales jobs. «Chérie, tu peux sortir les poubelles et vidanger la fosse septique aujourd’hui? J’ai un important rendez-vous au club de golf.»
C’est que chacun de ces dossiers est une véritables boîte de Pandore. Or, même le pape, si tant est que son infaillibilité ne soit pas de la frime, n’aurait pu les mener à bien.
Par exemple, dans le cas de la CDU présidée par Hasmig Belleli, la patente a été conçue par Pierre Bourque pour avaliser les désirs du comité exécutif. Un singe occuperait le siège de la présidence qu’il serait lui aussi accusé de partialité. Mais c’est la madame qui assume le coup, pour ces messieurs du comité exécutif.
Louise Harel pilote un navire qu’une bonne douzaine de ministres des Affaires municipales avant elle n’avaient même pas réussi à faire sortir de cale.
Dans l’échec du projet-pilote sur la prostitution, les apparences laissent supposer que la conseillre Claire St-Arnaud est responsable de tout. Parce que les autres membres de son équipe, tout aussi responsables, l’ont envoyée seule au front en lui disant: «Vas-y Claire, on est tous cachés derrière toi.»
Et la piste menant au nouvel emplacement du CHUM est jonchée de râteaux. C’est à Pauline Marois qu’on a demandé de la parcourir, parce que ses prédécesseurs n’ont pas eu le courage de le faire.
Quant à Nycol Pageau-Goyette, directrice générale et présidente du conseil d’Aéroports de Montréal et présidente du conseil de la Société du Parc des Îles, on l’accuse d’administrer des biens publics dans l’opacité d’une Guinness, de faire plaisir aux petits amis, de museler la presse, de dépenser notre argent avec le doigté d’un Lavigueur… Ce n’était pas nécessaire d’en faire autant. Déjà, diriger les aéroports de Montréal, c’est suffisamment casse-gueule comme ça.

Mirabel, l’aéroport qui n’a jamais été
Trois ans après le rapatriement des vols internationaux à Dorval, le fiasco de Mirabel est encore dans l’air. Et pour se faire pardonner, les autorités aéroportuaires veulent offrir une aérogare toute neuve au bon peuple, moyennant contribution de leurs poches.
Une bagatelle de un milliard et demi de dollars, alors que l’aéroport «du futur» sommeille au milieu de ses champs escroqués à des agriculteurs sans instruction. Les aéroports de Montréal, l’une de nos grandes expériences d’apprentis sorciers.
Ça commence à la fin des années soixante. Dorval était trop petit, trop vieux, trop près de la maison, et les résidants du West-Island exigeaient sa fermeture pour cause de bruit.
Alors, on construit le plus gros et le plus moderne aéroport du monde à Mirabel, tout en gardant Dorval partiellement ouvert. Pour éviter de faire des jaloux, on construit un autre plus gros et plus moderne aéroport du monde, à Toronto, seulement à un saut de crapaud de Montréal.
Mirabel décline, Dorval rivalise avec le bus stop de Granby. C’est la crise, on réclame à hauts cris la fermeture de Mirabel: tro gros, trop grand, inutilement moderne, et trop loin de la maison. Il n’y a pas assez d’autoroutes et pas de train.
On retourne alors à Dorval, l’aéroport trop petit, trop désuet et trop près de la maison. Enfin l’an 2000! Trois ans après le rapatriement des vols internationaux, on annonce qu’il faut investir un milliard et demi de dollars pour rendre la même qualité de service qu’on pouvait offrir à Mirabel.
Trois ans après le rapatriement, on en a déjà ras le pompon du vacarme supersonique dans l’Ouest de l’île; les autoroutes 20 et 40 ne suffisent plus, font regretter la pas si congestionnée autoroute des Laurentides. Il n’y a toujours aucun service de navette entre la gare et l’aérogare.
Depuis quelques mois, les voix pour suggérer un retour à Mirabel sont de plus en plus nombreuses. «Dans cinq ans, on n’aura pas le choix», croit même le ministre québécois des Transports, Guy Chevrette.
Un classique dans notre genre. Comprenne qui pourra.