Société

Black and White : Sexe, rap et vidéo

Dans son dernier film, Black and White, mettant en vedette Robert Downey Jr., Brooke Shields et Mike Tyson, le réalisateur James Toback traite de l’influence de la culture black sur les jeunes Blancs, à travers les aventures d’une documentariste.

Dans son dernier film, Black and White, mettant en vedette Robert Downey Jr., Brooke Shields et Mike Tyson, le réalisateur James Toback traite de l’influence de la culture black sur les jeunes Blancs, à travers les aventures d’une documentariste. Il y a quelques semaines, Toback discutait de ce thème à l’émission d’affaires publiques Charlie Rose, diffusée sur le réseau PBS. Voici un extrait de cet entretien (source: All News):

JAMES TOBACK: Je crois – et je ne suis pas le seul à le penser – que le phénomène hip-hop a transformé de façon permanente la société américaine. En particulier la sexualité, car jusqu’ici, les races s’étaient toujours unies dans le secret, avec un mélange de honte et de culpabilité. Mais maintenant, on le fait au grand jour!
L’impact majeur de la culture hip-hop est que les jeunes Blancs sont maintenant fascinés par cette culture. Et le résultat est une sorte d’aise qui n’a jamais existé auparavant. Les Blancs et les Noirs se mélangent avec naturel.
Et c’est cela que mon film explore: la musique, la culture, les rythmes, le langage et la sexualité de ce phénomène musical sans précédent qui «rocke» littéralement le monde.

CHARLIE ROSE: Et comment expliquez-vous cette fascination?

JAMES TOBACK: Je crois que les jeunes Blancs sont attirés par l’âme [soul] de cette culture. L’absence totale d’inhibition, l’explosion des tabous. Le rap parle directement aux gens, de façon insolente et agressive, avec un abandon total. Et cela séduit les jeunes qui sortent de la puberté et qui découvrent le monde.
Je me suis rendu compte de ce phénomène lorsque j’ai rencontré James Brown. Brown, on le sait, est plus hip que n’importe qui, même s’il prend de l’âge. Et il y a sept ou huit ans, il m’a dit: «Ce phénomène ne ressemble à rien de ce que j’ai déjà vu. Il offre un sentiment d’identité, de communauté et de pouvoir…»
Et c’est le sujet de mon film: l’identité – raciale, sexuelle, linguistique, culturelle. Comment tout ça est fluide comment tout ça se mélange. De nos jours, nous nous inventons. Nous sommes à une époque existentielle où nous pouvons littéralement nous inventer une personnalité, une identité, et devenir qui nous voulons devenir…

CHARLIE ROSE: Pourquoi avoir choisi Brooke Shields pour interpréter le rôle principal?

JAMES TOBACK: Parce qu’elle est le symbole même de l’Amérique blanche. Prenez Brooke, et parachutez-la dans les rues de Staten Island avec le Wu Tang Clan, et vous avez une situation explosive, incendiaire. (…) Actuellement, le cinéma américain évite de parler des relations entre les races. Ou s’il le fait, c’est avec un ton cartoon, ou en se concentrant uniquement sur l’exclusion.