Discrimination contre les hommes : Des hommes en colère
Société

Discrimination contre les hommes : Des hommes en colère

En Alberta, une brochure sur la violence conjugale a été retirée de la circulation après avoir été jugée discriminatoire… contre les hommes. Une première canadienne qui réjouit Ferrel Christensen, fondateur du groupe albertain Movement for the Establishment of Real Gender Equality (MERGE). Selon lui, l’an 1 de la résistance masculine vient de  débuter.

Nouveau chapitre de la sacro-sainte «guerre des sexes». En juin dernier, la Commission des droits humains de l’Alberta a rendu une décision controversée. En effet, elle a condamné et retiré de la circulation une brochure sur la violence conjugale, publiée par un organisme d’aide aux victimes d’abus physiques de la région d’Edmonton: The Family Center. Pourquoi? Parce qu’elle recelait un discours discriminatoire contre les hommes. Une première au Canada.

Cette décision résulte des pressions d’un groupe albertain appelé Movement for the Establishment of Real Gender Equality (MERGE), qui a notamment des appuis au sein de l’Alliance canadienne. Selon Ferrel Christensen, ex-professeur de philosophie à l’Université d’Alberta et fondateur de MERGE, «la brochure faisait la promotion de l’idée que seuls les hommes commettent la violence conjugale, perpétuant ainsi la croyance que les femmes sont toujours irréprochables. Il y a les hommes qui abusent et les femmes abusées. C’est faux et trompeur».

Joint à Edmonton, Christensen cache mal sa joie face à cette décision. Dans une envolée jubilatoire, qui exprime toute la nature du groupe MERGE, il lance: «Les hommes ont fini de se faire taper sur la tête par des féministes anti-mâles. C’est au tour des hommes de faire une lutte à la discrimination.» Compris?
«De façon égale, les femmes et les hommes sont violents physiquement et psychologiquement contre leurs partenaires et leurs enfants», soutient Christensen. Pour lui, les deux sexes sont donc à la fois bourreaux et victimes. Pour étayer sa thèse, il s’appuie sur les récentes données de Statistique Canada.
En juillet dernier, et pour la première fois, Statistique Canada a dressé un portrait complet de la violence conjugale au pays en incluant… les hommes battus. Selon ces données, quelque 8 % des femmes et 7 % des hommes mariés ou vivant en union libre en 1999 avaient été victimes, au moins une fois, d’une forme de violence commise par leur conjoint au cours des cinq dernières années. La preuve est faite: les hommes sont tout autant victimes de violence conjugale», conclut Christensen.

Deux poids, deux mesures?
Des précisions doivent toutefois être apportées. En fait, les hommes sont plus fréquemment mordus et giflés; alors que les femmes subissent plus souvent des conséquences physiques nécessitant des soins médicaux (15 % des femmes contre 3 % des hommes). «Statistique Canada ne compte cependant pas les abus émotionnels dont sont victimes les hommes. C’est évident qu’ils en subissent plus que les femmes, qui utilisent la force des mots au lieu de celle des poings, ce qui fait aussi mal. C’est vrai que les femmes sont victimes de violence grave. Mais pourquoi reçoivent-elles toujours toute la sympathie? Il faut se rendre à l’évidence que de l’aide doit aussi être apportée aux hommes.»
Toutefois, selon lui, la réalité des hommes violentés n’est pas suffisamment prise au sérieux. «Les hommes battus ne vont pas voir la police, car ils ont peur d’être vus comme des faibles à cause des stéréotypes mâles. Et, même s’ils le font, on ne les croit que rarement. Dans 75 % des cas, ils ne reçoivent aucune aide.» Christensen déplore d’ailleurs la rareté des organismes d’aide destinés aux hommes en difficulté, «dont les quelques centres qui existent subissent des pressions des groupes féministes qui les taxent de sexisme.»

D’après Christensen, le système judiciaire semble aussi discriminatoire au sujet de la violence familiale. «Il doit y avoir des punitions aussi importantes pour les femmes qui battent leurs enfants que lorsqu’il s’agit des hommes. Actuellement, ça ne l’est pas. La justice et la société ont tendance à croire que les femmes ne peuvent pas être brutales.»

Plus que tout, Christensen craint la montée actuelle d’un mouvement anti-mâles. «Les féministes ont fait du bon travail. Aujourd’hui, certaines radicales vont trop loin. Elles croient que les femmes sont des victimes perpétuelles, et que la douleur des hommes est moins importante. Paradoxalement, les fémiistes créent plus de sexisme et de discrimination. Elles pensent que tous les hommes sont des agresseurs en puissance. Franchement!»

Selon Christensen, la discrimination contre les hommes ne s’applique pas qu’à la violence conjugale. «Les hommes se voient trop souvent retirer le droit d’élever leurs enfants, car le modèle masculin d’éducation est considéré comme mauvais. Également, dans les cas de divorce, le père se voit toujours discriminé au profit de la mère, surtout pour ce qui est de la garde. En plus, dans les cas de grossesse non désirée, la femme décide souvent seule de garder ou non le bébé. L’homme n’a pas droit de réplique et doit payer. En fait, les hommes n’ont souvent aucun droit, mais bien des devoirs par rapport aux femmes.» En passant, la liste de MERGE est encore plus longue…

Sans être misogyne et antiféministe, le discours des membres de MERGE ne contient toutefois que peu de nuances. «Les femmes ont voulu en toute légitimité l’égalité des sexes, croit Christensen. Maintenant, elles doivent l’assumer jusqu’au bout.» Avis à tous (mais surtout à toutes): MERGE a bien l’intention de s’attaquer à d’autres groupes jugés «anti-mâles»…