Contre l'oubli
Société

Contre l’oubli

Entre 1962 et 1996, plus de 200 000 personnes, majoritairement des Mayas, ont été tuées ou portées disparues au Guatemala. Parmi les 669 massacres recensés, 626 sont imputables à l’État (soutenu par les États-Unis). Les responsables sont encore en liberté et même au pouvoir… Devant ce génocide et cette injustice dramatique, certains réclament le droit de savoir, le droit à la vérité, et le besoin de faire le deuil. Dans un documentaire sensible, Le Pays hanté, de la réalisatrice montréalaise Mary Ellen Davis (Le Songe du diable, Tierra Madre), on découvre deux hommes qui veulent parler: Mateo Pablo, guatémaltèque et maya, dont la femme, les enfants et la famille ont été massacrés en juillet 1982 dans le hameau de Petanac, et qui vit avec sa nouvelle famille à Montréal, est retourné assister à l’exhumation des victimes. Avec lui, le photographe Daniel Hernandez-Salazar vient faire oeuvre d’artiste, prenant des clichés des survivants. Il est l’auteur de photos militantes et splendides, des anges avec des ailes en os, témoins muets de l’horreur, contre l’oubli de ce génocide. Une jeune Québécoise, Sarah Baillargeon, membre du projet Accompagnement Québec-Guatemala, participe aussi à l’expédition, faisant acte de soutien.

Beaucoup de silence accompagne ce documentaire, en accord avec ces hauts plateaux au-dessus des nuages, sur ce terrain verdoyant où, il y a quelques années encore, était perché un petit village. Les archéologues fouillent, nettoient les ossements et, sans sensiblerie, accumulent les preuves de torture et de mort violente. Les scènes sont terribles et rythment avec sobriété le processus de deuil. À voir pour apprendre, jusqu’au 31 janvier au cinéma Ex-Centris. Les photos du tournage de Daniel Hernandez-Salazar sont parallèlement présentées au Café Rico, rue Rachel.