Un Festival perpétuel : La visite!
Société

Un Festival perpétuel : La visite!

Vous avez des opinions personnelles sur Bush et le scandale des commandites, vous rêvez secrètement de partager votre passion du tricot, de la poterie ou du batik? Pourquoi ne pas ouvrir brièvement votre logement à des inconnus qui partagent vos passions branchouilles?

Comme l’indique son nom, Un Festival perpétuel n’a ni début ni fin. Il s’agit d’un réseau d’individus qui ouvrent leur logis, allant du 3-1/2 au loft à deux étages, à d’autres personnes afin de partager gratuitement différentes activités. Un logement peut ainsi rapidement se transformer en musée, en salle de spectacle improvisée ou simplement en espace de discussion.

L’idée de ce réseau naturel a germé dans la tête de Marc-Antoine Vermette, il y a maintenant un an. Il désirait créer un lieu de rencontre neutre, non discriminatoire, pour des gens qui ont le désir de s’ouvrir aux autres. "Avant, il y avait deux activités par mois qui se déroulaient ici (dans son logement-laboratoire), mais maintenant j’ai décidé d’être plus tranquille", raconte Marc-Antoine. Désormais, il se contente d’accueillir une fois par mois l’organe de coordination du festival, composé de nouveaux et d’anciens participants. On discute, lors de cette réunion, des nouvelles activités à mettre en branle.

Musique expérimentale, tricot et discussions politiques sont sur l’itinéraire.

SOIRÉE MUSIQUE EXPÉRIMENTALE ET PERFORMANCE

Premier arrêt: le sous-sol kitsch d’un grand 7-1/2 dans le quartier Petite-Patrie. L’hôte, Jean-Sébastien Sénécal, prête son logement au collectif Zone Grise pour une soirée d’écoute musicale. "Le groupe faisait de l’écoute de musique expérimentale dans le loft d’un de ses membres mais comme ce dernier a déménagé, je leur ai offert mon appartement."

Au programme? Écouter les pièces musicales apportées par les personnes présentes. Tous les horizons musicaux sont permis, de l’électroacoustique au minimalisme, en passant par l’architectronique. Par la suite, on discute des œuvres musicales de chacun. La soirée débute avec les créations des membres de Zone Grise. "Notre musique, c’est de l’exploration sonore avec des approches diversifiées. C’est de la musique d’ambiance sans beat ni mélodie. On mélange l’art visuel, auditif et littéraire", explique Charles-Antoine Grégoire, un des fondateurs du groupe.

Qui dit musique expérimentale veut souvent dire beaucoup d’imagination. On a pu voir ce que des vieux gants Nintendo transformés en gants sensoriels pouvaient faire. Lorsque leur créateur faisait bouger ses doigts, diverses notes de synthétiseur ou des sons d’ambiance résonnaient dans tout le sous-sol.

La soirée, à laquelle participent une dizaine de personnes, réunit non seulement les membres de Zone Grise, les locataires du logement et leurs amis, mais aussi des inconnus comme cet étudiant en électronique qui réalise du reggae latino à l’aide d’un vieil ordinateur et qui cherche des collaborateurs pour produire des sons d’horreur sur ses pièces.

Après l’écoute des projets des différents participants, il arrive souvent que ces soirées se transforment en jam-sessions dont les œuvres improvisées font l’objet d’un enregistrement.

TRICOT-THÉ

"Depuis deux, trois ans, il y a un engouement pour le tricot. Apparemment, Julia Roberts tricotait entre deux prises au cinéma." Ces paroles sont de Kelli Ann Ferrigan, qui organise pour la quatrième fois des journées tricot. Le tricot n’est plus seulement une affaire de grands-mères! Cette activité s’adresse aux débutantes mais également aux personnes désirant parfaire leurs techniques avec des expertes comme Kelli Ann, qui manie les broches depuis une vingtaine d’années. "J’ai appris à tricoter chez les Brownies (l’équivalent des Jeannettes) pour avoir mon galon de bonne petite ménagère."

Chez les Ferrigan, le tricot est une histoire de mère en fils. Elliot, 5 ans, n’hésite pas à prodiguer des conseils aux débutantes présentes. "Si t’en montes sept (sur la broche), t’en tricotes sept." Compris, petit!

Véronique, une jeune femme de 29 ans, désire apprendre à tricoter pour faire des jouets et des poupées aux enfants de ses amis, mais également pour ceux qu’elle prévoit avoir. Après plus d’une heure et seulement quelques lignes tricotées, elle revoit ses ambitions à la baisse. "Finalement, je suis mieux de ne pas avoir d’enfants tout de suite! Je crois que je n’aime pas tricoter. Ça a l’air d’une toile d’araignée, mon affaire!" s’exclame l’apprentie tout en restant concentrée sur son travail.

Le 28 novembre sera une journée tricot spéciale. Une couverture sera confectionnée avec une quarantaine de carrés tricotés par des adeptes de la broche de plusieurs pays. Cette couverture sera ensuite envoyée en Afghanistan, question de réchauffer quelques Afghans à l’approche de l’hiver.

Le féminin est utilisé non pas pour alléger le présent texte mais parce que la gent masculine boude ces journées. Attention messieurs, Kelli Ann offre un prix de participation au premier gars qui viendra tricoter! Allez, l’exercice n’est pas si pénible, même Véronique prévoit revenir!

SOIRÉE COOP

Notre dernière destination est la Coop Généreux, un loft de deux étages où cohabitent 15 personnes, pour une soirée de discussion sur le thème de la démocratie participative et un retour sur les dernières élections américaines. C’est la deuxième soirée que la coop organise dans le cadre du festival. "Avant même de faire partie du Festival perpétuel, nous organisions diverses activités et un potluck tous les dimanches. J’ai rencontré Marc-Antoine Vermette par hasard à l’UQAM. Son festival convenait à la vocation de notre coop", explique Yann Louvel, porte-parole non officiel de cette joyeuse communauté. Autour d’un bon repas végétarien et végétalien, le get-together regroupe des individus aux profils divers. Yann étudie en environnement, Séverine travaille pour un organisme d’import-export et Sarah est messagère à vélo. Tous ont cependant en commun un intérêt pour les questions politiques, sociales et environnementales et désirent partager leurs connaissances, leurs opinions ainsi que leurs aspirations. La soirée donne lieu à des éclats de rire, notamment au sujet d’Oussama Ben Laden, alors que les convives se demandent s’il a Internet, un vidéo et une télé au fond de sa caverne pour être capable d’enregistrer et diffuser ses messages!

Les membres de la coop sont toujours ouverts aux divers projets provenant du public. Des cours de danse polynésienne sont parmi les prochaines activités qui devraient se concrétiser dans ce méga-loft.

Pour plus d’information: www.unfestival.org