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Un attentat contre la démocratie?

Nous vivons dans une province bien particulière. Un peu comme le village des irréductibles Gaulois, nous sommes entourés d’une mer de population anglophone hétérogène (car, il faut se l’avouer, les anglophones ne sont pas tous identiques) qui menace de déborder.

Outre la différence linguistique, les valeurs véhiculées dans notre province sont parfois aux antipodes des valeurs retrouvées aux limites de notre territoire. Je voyage beaucoup dans le Canada anglais et chez nos voisins américains, et la différence est palpable.

À l’intérieur même de notre province, la lutte anglo/franco perdure. La cohabitation n’est pas symbiotique. Les différences dérangent, choquent. Au sein de notre propre peuple, des guerres politiques fragmentent les citoyens. Les libéraux et les péquistes ne s’entendent pas. Les premiers prônent un Québec fort dans un Canada uni, les seconds se battent pour un pays.

Au-delà de ces idéologies politiques et identitaires, nous sommes tous des Québécois. Et hier, la terrible tragédie nous a rappelé qu’il y
a un lien fort qui nous unit, un lien qui n’a rien à voir avec la partisanerie.

Hier, un homme est mort lors d’une célébration qui se voulait joyeuse. Cette violence, qui pour l’instant n’a pas encore de nom, les policiers cherchant toujours des réponses aux actes du tireur, ne doit pas déclencher les hostilités davantage. Les invectives entre anglophones et francophones ne sont porteuses que de violence. La peine que vit la famille de la victime doit être incommensurable. Rajouter de l’huile sur le feu ne servira à rien.

Que l’on apprécie ou non Pauline Marois est extérieur à ce drame. C’est une femme à qui l’on a volé le moment le plus précieux de sa vie. Et l’attentat a dépouillé le peuple québécois au droit à la libre pensée, à la démocratie. L’atteinte présumée à la vie de Mme Marois est également une
atteinte à tous les Québécois qui ont exercé leur droit de vote.

Que l’on soit d’accord avec l’issue du vote ou non, notre droit de vote a été exercé. Nous vivons dans une nation démocratique.

J’offre toutes mes condoléances à la famille de la victime.
Un homme est mort pour notre liberté. Cet homme, qui laisse sa famille en deuil, fait désormais partie de la famille québécoise. Notre grande famille.

J’offre également mes sympathies à tous les députés et candidats du Parti Québécois, qui ont vu leur victoire voler en fumée (non, ce
n’est pas un mauvais jeu de mots).

En attendant des réponses quant à ce qui a réellement poussé cet homme à agir ainsi, je reprends les mots de Mme Marois : «Malgré cette
tragédie, il faut redire que le Québec est une société non violente. Un acte de folie ne peut effacer cette réalité.» Richard Henry Bain ne doit pas gagner en voyant une résurgence des hostilités. Et, en hommage à la victime, j’espère que les Québécois s’uniront dans cette tragédie.

Pour terminer, une réflexion faite par un politicien que j’ai adoré. « Mes amis, l’amour est cent fois meilleur que la haine. L’espoir est meilleur que la peur. L’optimisme est meilleur que le désespoir. Alors aimons, gardons espoir et restons optimistes. Et nous changerons le monde. »