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Ma voix

Sur l’heure du diner, j’ai croisé à tout hasard trois de mes anciens chefs. Maintenant je peux l’admettre : mes trois chefs préférés. Ça m’a surpris. Cet emploi a été le dernier que j’ai occupé avant de me consacrer à l’écriture. C’est d’ailleurs cet emploi qui m’a poussée à me consacrer à l’écriture. C’était ça ou la dépression majeure. Je dis majeure, car la mineure s’était immiscée dans mes journées de travail depuis des mois.

En me levant le matin, je voyais le film monotone de ma journée défiler devant moi. Au début avec l’espoir que de nouvelles responsabilités me tomberaient dessus, à la fin, en sachant très bien qu’aucun défi ne me serait lancé. Depuis longtemps, j’ai mis mon rêve en veille. Celui de gagner ma vie avec ma plume. Je m’étais conformée à ce que l’on attendait de moi professionnellement : des impressions et du copier-coller.

Le défi. Pour moi, c’est l’essence qui me fait vivre. Le petit plus qui me fera sourire à la fin de la journée, en me disant que j’ai pu le relever avec brio. Enlevez-moi le défi, je deviens une loque humaine.

Aujourd’hui, mon défi demeure mon blogue sur Voir. Bien que j’aie encore beaucoup de choses à apprendre du journalisme, relater des faits et des évènements ne me pose pas de problème. Je suis une observatrice de nature, j’épie, je regarde, j’analyse… Écrire ce que je vois, c’est un jeu d’enfant pour moi. Mais de coucher sur papier mes pensées et mes opinions demeure toujours un défi. Encadrée, par un sujet ou une nouvelle, je marche sans peine et avec joie : les mots pleuvent et mon énorme dilemme devient : « quand arrêter ». Au Voir, en tant que blogueuse pigiste, je n’ai de limites que moi-même. Et ces limites, j’y fonce souvent aveuglément, comme dans un mur. Que voulez-vous, il faut tomber plusieurs fois d’une bicyclette avant de pouvoir faire le Tour de l’île!

Écrire, ce n’est pas uniquement relater les faits ou les évènements. C’est apprendre à se connaître, à s’épanouir et à se comprendre. Après des années à m’effacer dans des emplois qui ne me procuraient aucune joie, aucun sentiment d’accomplissement, on dirait que je reviens à la case départ : qui suis-je? De plus, écrire sur un blogue veut également dire que j’apprends à me connaître sous les yeux d’inconnus. Un peu comme un strip-tease (quoique je sais que je suis pas mal moins intéressante qu’un vrai!), je me dévoile peu à peu à vous et à moi-même. En plus de me découvrir, j’ai à faire à d’intéressants commentaires.

Je mesure désormais l’importance de l’écriture dans ma vie. Je ne suis pas douée dans l’art oratoire : l’écriture est mon mode de communication préférée. Je ne suis pas encore parfaite, j’ai longtemps écrit que pour moi. Mais, mon Dieu que je me sens mieux depuis que je le fais.

La route sera longue avant que je devienne une bonne blogueuse. Mais ce qui m’encourage, c’est que je ne suis plus à la merci des autres. Je suis devant mon ordinateur, je trie mes pensées et ose parler, chose que je ne faisais jamais dans mes anciens emplois. J’ai trouvé ma voie, et ma voix. Et vous savez quoi? Il n’y a pas de choses plus merveilleuses que de vivre son rêve.