Si je comprends bien, le sénateur persiste et signe, tout en s’excusant pour l’image de la corde par respect pour les familles des morts par pendaison. Si je comprends bien, les détracteurs du sénateur, dont je suis, seraient des hypocrites, puisqu’ils ne pleurent pas quand un monstre s’ouvre les veines en prison et devraient donc louer la pensée du sénateur.
Il n’y aurait donc aucune distinction entre un tueur qui se suicide dans sa cellule sans rien demander à personne et la prise de position publique, politique, selon laquelle une procédure de suicide assistée devrait être implantée auprès des individus condamnés…
Alors puisqu’on y est, et puisque cette position serait défendable pour certains, poussons le raisonnement jusqu’à son aboutissement dans la sphère du concret. Il faut le faire, puisqu’on aurait omis, semble-t-il, de remettre en contexte la déclaration du sénateur.
Or, au Téléjournal de 22h le sénateur a réitéré. Il a réaffirmé que les détenus ayant reçu des peines sévères devraient avoir la possibilité de se tuer. Remettre ça dans son contexte, c’est de l’envisager dans le concret.
On l’offre à qui, cette possibilité de se tuer? À tous les récidivistes en qui les criminologues n’ont aucun espoir de réhabilitation, y compris ceux qui ne tuent pas et ne commettent pas de crimes violents? À tous ceux qui reçoivent des «sentences vie», même si la récidive est peu probable chez-eux[1]? À tous ceux qui reçoivent des peines indéterminées, c’est-à-dire ceux qu’on déclare délinquant dangereux[2]?
Parce qu’il faut décider à qui on l’offre, ce suicide salvateur… Est-ce qu’on l’offre même à ceux dont le repentir est sincère et qui ont reçu le pardon des parents des victimes (ce qui est rare et incompréhensible, j’en conviens. ) Dans une telle perspective, doit-on songer à donner un certain pouvoir décisionnel aux parents des victimes ou aux victimes elles-mêmes si elles sont vivantes? À moins que ce soit réellement une affaire de libre choix offert à chaque détenu, peu importe le crime et peu importe le cheminement post-délictuel du délinquant?
Maintenant, on l’offre quand? Au moment du prononcé de la peine? Le juge alors terminerait son jugement en énonçant, «vous avez aussi le droit de mourir, voulez-vous mourir oui ou non»? Ou encore ça se passe après le triage au Centre régional de réception, une fois rendu dans son pénitencier, le détenu recevant une lettre (du ministre de la Justice, ou du ministre de la Sécurité publique) lui expliquant ses possibilités de mise-à-mort?
On lui fait prendre comment, sa décision? Par écrit, devant un comité, ou encore simplement par un «speedy mémo» interne aux agents de services correctionnels? Peut-être que c’est simplement son «élu» qui vient lui rappeler qu’il peut crever? Ou alors on crée un Comité du suicide optionnel qui siège tous les 12 mois? Ce Comité serait appelé, dans le jargon, le Comité Boisvenu, à l’instar du député Guillotin qui a donné son nom à la guillotine. Et il peut changer d’idée, le futur mort, après avoir été entendu par le Comité ou si sa décision est sans appel? Si oui, il a combien de temps pour le faire?
Enfin, quid du déroulement de ce suicide assisté? Dans l’intimité ou en public? Avec ou sans l’assistance d’un bourreau? Dans l’intimité, il se tue comment? En avalant une très grande quantité de son Seroquel habituellement prescrit? C’est alors le médecin de la prison qui devient son Bourreau? Et si on le suicide plutôt publiquement, on le fait par injection létale, sur la chaise électrique, ou avec une balle dans la tête?
Ce qui m’échappe, dans cette position, c’est que les détenus ont d’ores et déjà le choix de se suicider. Comme quiconque. Et que ce n’est pas chose rare qu’un détenu se tue. Si on veut leur donner une option qu’ils ont déjà, c’est qu’on veut instaurer un mécanisme étatique pour faciliter leur libre choix, non? Alors ces questions-là, il faut les poser, et y répondre.
Je vous laisse le faire. Moi je retourne à mes bandits, ils me font moins peur.
[1] Le meurtre passionnel est un meurtre pour lequel le taux de récidive est d’environ zero et la réhabilitation quasiment garantie dès lors que l’individu a éprouvé des remords sincères.
[2] Ceux-là n’ont pas tué. Les délinquants dangereux n’ont pas tué, il sont déclarés quasi irrécupérables, mais n’ont pas tué.
« On l’offre à qui, cette possibilité de se tuer? »
Il ne s’agit pas de l’offrir, madame, mais de ne pas la retirer, plutôt.
D’abord, laisser traîner des cordes dans les cellules, c’est pas mal offrir une possibilité de se tuer. Ensuite, les détenus qui le veulent arrivent à se suicider de toute façon. Mais peu importe, qu’est-ce que ce délire de souhaiter que les détenus se suicident? Décidément, y a des types qui n’ont pas toutes les chambres éclairées…
C’est un texte assez irreprochable et votre réponse n’est pas particulièrement satisfaisante.
Par « ne pas retirer » vous voulez dire que si un détenu est en train de se suicider on ne devrait pas l’arrêter et/ou tenter de le sauver ce qui revient à poser la même prémisse que celle qui est utilisée dans le texte.
Quel type de détenu doit-on laisser mourir? Si on les laisse faire, devrait-on leur donner un espace pour le faire? Comment s’assurer qu’il s’agit d’un suicide et non d’un meurtre s’ils peuvent le faire n’importe où dans la prison? S’ils disposent d’une « zone suicide », peuvent-ils prendre leur décision à tout moment? Doivent-ils remplir une sorte de formulaire? etc.
La peine de mort de mort pour ce que nomme M.Boisvenu un assassin sans vraiment de l’accompagné d’une définition juridique propose une peine de mort plus éthique.
Nous avons déjà des peines progressives selon les actes commis. Là nous aurons la possibilité non pas de la peine de mort puisque je suis contre dit M. Boisvenu, mais la possibilité d’offrir l’assistance au suicide qu’à des assassins pas aux détenues? Ma morale est sauve puisque ce n’est pas moi qui tire sur la corde. Je m’en lave les mains ?
Comme si nous n’aurions aucune obligation morale envers un suicidé assassin ?
Votre position M. le sénateur manque de courage ! Militer pour la peine de mort c’est votre liberté de parole mais pas pour le suicide. De grâce un peu plus de rigueur dans vos propos
Le diable est dans les détails. C’est là qu’on voit quand une proposition est purement populiste (basée sur les émotions et les préjugés) et quand elle est réfléchie et sérieuse.
Attention M. Boisvenue, votre combat était tout à fait légitime au départ, mais il me semble que l’ascendant que vous avez sur une petite minorité de personnes fasse déraper votre esprit. Comment, en toute conscience, pourriez-vous inciter une personne à se suicider? Je vois d’ici la manipulation et la pression faites sur ces derniers par les victimes et ses proches. Si, dans votre for intérieur, vous êtes pour la peine de mort, ayez le courage de vos convictions et prononcez vous! La zone grise dans laquelle vous tentez d’emmener certaines personnes m’apparaît plus machiavélique que la plupart des crimes commis par des détenus que l’on qualifie de dangereux. De belles histoires de réhabilitation et de compréhension du mal de certains criminels sont souvent relatées et leur âme retrouvée a encore beaucoup à apporter à l’humanité. À force d’être entouré d’histoires de crimes sordides et de personnes qui en souffrent, votre façon de voir les choses a peut-être été altérée. Et de grâce, ne véhiculez plus ces propos malsains!
Bonne chance. Je suis en total désaccord avec votre vision tordue de l’humain qui a commis un crime, mais cela naît probablement d’une souffrance dont je ne peux imaginer la teneur.
Tuer – légalement – de manière à décourager de tuer – illégalement -.
Reste à déterminer le type de tuerie légale (adéquate).
Hache ? Non… Après tout, notre société a ”évolué”. Nous ne sommes plus au temps des Tudor, tout de même ! Et puis, il y a beaucoup d’autres moyens d’occire.
Guillotine ? Non… Trop similaire à la hache. D’autant que les yeux du sujet continuent fréquemment d’observer l’assistance (durant plusieurs secondes) une fois que la tête a été sectionnée du reste du corps. À moins, bien sûr, que le bourreau ait déposé, au préalable, un contenant (bois ou plastique acceptés) de manière à recevoir la tête durant sa chute vers le sol. Mais bon. Il y a occire et occire. L’ère de Robespierre, c’est terminé depuis belle lurette.
Chaise électrique ? Non… On s’est rendu compte, au cours du 20ème siècle, que le cerveau du sujet, au moment de l’électrification, prenait l’aspect d’un oeuf qu’on faisait frire dans la poêle. Et que la mort n’était pas immédiate, loin de là (contrairement à une certaine croyance). Gardons-nous donc une petite compassion ; non seulement pour le sujet, mais également pour l’assistance . Paraît que ça fait frémir tout le monde, victimes indirectes du sujet y compris. (Celles qui ont insistées pour être présentes à l’exécution).
Injection létale ? Non… trop dégoûtant. Bien que le sujet soit confortablement installé (table matelassée, ou chaise de dentiste avec coussinet moelleux pour le repos de la tête), vomissures et souffrance extrême comparable à celle relevée lors de la torture ont été constatées à nombre de reprises. Nous avons par conséquent le devoir (toujours à titre de société évoluée, s’entend) d’épargner une telle épreuve au sujet… de même qu’à l’assistance.
Reste heureusement la bonne vieille pendaison avec chute (technique du Long Drop), qui demeure encore et toujours le moyen le plus efficace d’occire légalement : à peine une seconde après l’ouverture de la trappe, l’arrêt net de la chute par la corde provoque une rupture des vertèbres cervicales ; l’arrachement de l’extrémité supérieure de la moelle épinière (le tronc cérébral) provoque quant à elle une atteinte des centres nerveux qui commandent la respiration et certaines fonctions cardiaques, entraînant l’arrêt brutal de leur fonctionnement d’où une perte de conscience quasi instantanée ; seul inconvénient : le cœur peut continuer de battre un moment. Mais pas plus de 20 minutes, selon les experts. L’avantage : cette technique n’entraîne aucune effusion de sang. Et puis, la tête complète du sujet est recouverte par un tissu de couleur ( le noir, généralement) ce qui empêche les gens présents, lors d’une pendaison dite incomplète (non réussie, ce qui se produit parfois) d’assister à une cyanose (visage et langue qui passent au bleu suite à la suffocation, et langue qui demeure à l’extérieur de la bouche avant et après le décès.
Sans compter que le Long Drop demeure beaucoup plus sûr que la technique Boisvenu, mieux connue sous le terme ”pendaison sans chute” (ou de faible hauteur), constatée fréquemment à l’intérieur d’une cellule de prison : un mécanisme qui entraîne certes la compression des veines jugulaires, empêchant le retour du sang depuis la tête vers le cœur, d’où un œdème cérébral entraînant une perte de connaissance, mais un mécanisme d’une lenteur interminable, et qui risque de déboucher par conséquent sur une longue agonie. Pas suffisament efficace.
Ah oui… le salaire du bourreau reste aussi à déterminer. $500.00 par tête, non imposable, est-ce suffisant ? Quoique le coût de la vie ne cesse de grimper. Et puis, rappelons-nous qu’au début des années ‘60, le tueur – légal – recevait $300.00 pièce (Aux USA).
Majorons donc à $1000.00.
De manière à nous donner bonne conscience.
Gordon Sawyer