BloguesÀ la gonzo

Cet article contient des models en sous-vêtements (et un brin de marxisme)

Mais avant de vous les montrer, un peu de théorie. Hier, je me suis dédoublée. J’ai jasé avec un artiste pendant qu’une autre partie de moi (dixit mon frère) assistait à,  – le voilà qui m’arrache mon ordi parce que j’explique tout croche!! –  une conférence portant sur la dérive d’une société capitaliste. C’est dans une salle exigüe et pleine de professeurs en sociologie qu’on donc été envisagés les problèmes économiques présents. (Ça y est, je vais devoir retravailler son style.)

Le système financier actuel transforme tout et n’importe quoi en liquidité. (Pour les non-initiés, ça veut dire qu’une banque aime bien vous prêter beaucoup trop de sous parce qu’elle crée de l’argent à partir de cette dette et fait des profits avec.) C’est ce qui est arrivé en 2008 avec la crise économique. L’hypothèque des maisons, le crédit donné sur ces hypothèques; tout peut devenir un magnifique produit dérivé dont la valeur se maintient jusqu’à preuve du contraire, rien à foutre de l’instabilité de la valeur et du fait que le système base ses transactions sur des défauts de crédit. Et en plus, on leur donne des bonnes notes à ces produits, des triples A et tout.

Le fait que le produit soit certifié comme ayant une bonne valeur permet à mamie qui fait les courses de se dire : « Tiens! Je vais m’acheter ce soutien-gorge de luxe dont Châtelaine vante le bon soutien ». Ça permet aux fonds d’épargne de Mamie de transformer son bas de laine en produit qui n’a pas de valeur concrète. Alors, le fond de pension de mamie fait le bonheur de celui qui joue la game de Wall Street, mamie en fait est rendue en possession de dettes de crédit d’un hypothétique Johnny de l’Arizona qui n’a pas les moyens de le payer. Le donneur de crédit est content, le vendeur du produit dérivé est content, mais mamie va perdre son argent. Pour reprendre les mots du conférencier invité : « Sans les fonds de pension, pas de Edge fun ».

Bien que je ne puisse m’expliquer toutes les implications de cette phrase, pour les players de Wall Street : « une caisse de retraite ponctionne le salaire pour le mettre à la disposition des plus riches ». Et après ça on dira que les indignés n’ont pas raison de s’indigner! Je reprends mon ordi. Pour se dédouaner de ses opinions, mon frère préférerait que j’efface ses mots et que j’écoute Inside Job. Pas question! J’aime bien son histoire de mamie même si on s’éloigne de la sociologie. Je refuse d’obtempérer et il me reproche un crime vieux de 10 ans : « Espèce de rat! T’as pas changé depuis que tu m’as volé mon deck de Pokémon. » Passons.

J’ai jasé de la crise avec le fils de Serge Gainsbourg. « Indi-quoi?» Indignés. Lulu était pas sûr du sens de ma question. Puis, il a critiqué l’Euro et le prix de la baguette, avant de me rappeler ce que son père disait : « Les hommes ont créé Dieu, le contraire reste à prouver. »

Je parle de socio à mon frère, il me parle de la crise en 2008, je parle d’Occupy à Lulu Gainsbourg, il me parle de Dieu… J’en viens à me demander si je pose les bonnes questions.

Pour en revenir aux madames en dessous, trouver l’erreur sur cette image :

Parfait, non? Le problème, c’est qu’il n’y en a aucune différence entre les trois, pas même un point de beauté. Des corps créés et reproduits à l’ordinateur par H&M. Sur Facebook, mes amis s’indignent. Ici, ma sœur s’en fou. Cette dérive du capitalisme vaut-elle un scandale?

(J’oubliais aussi la mention du paradigme de Marx issue d’une question posé pendant la conférence de socio: Est-ce qu’on peut encore s’attendre à une révolution salvatrice? «Non», répond Éric Pinault, prof de socio à l’UdM. Paraît qu’on a encore des croûtes à manger avant de trouver une manière de déjouer le capitalisme qui se perpétue, tromper cette « capacité du système de se reproduire », Marx parle de conflictualité latente quand il théorise les inégalités. Quand les indignés dénoncent un problème et sortent dans les rues, on parle de conflictualité exprimée, donc non-latente. Merci la socio! )