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Découpures de journaux, stratégie du choc & boule de neige

Extrait de la Une du Devoir :

L’Irak, une « réussite extraordinaire » selon Obama : « Nous laissons derrière nous un État souverain, stable, autosuffisant, avec un gouvernement représentatif qui a été élu par son peuple. »

Ça fait drôle de lire ça, surtout après The Shock Doctrine de Naomi Klein. Une réussite extraordinaire en Irak? Par rapport à quoi? Comparer l’avant / après serait pertinent. ( et puis… souverain, stable, autosuffisant; ça serait pas plus urgent d’accoler ses qualificatifs à Haïti, au Bangladesh ou au tiers-monde? ) Avant que l’Irak ne soit trouée par les bombes des américains en 2003, le pourcentage d’Irakiens alphabétisés était presque le double qu’au Québec cette année :

Dans le chaos qui a suivi les bombardements, les États-Unis n’ont rien fait pour arrêter les pillages. Certains responsables américains pensaient même que ça leur faciliterait la tâche pour démanteler l’État irakien. John Agresto, un chargé de la reconstruction des universités, déclara qu’il voyait le pillage des écoles comme un moyen de repartir à zéro. En réalité, avant les sanctions, l’Irak avait le meilleur système éducatif de la région. 89 % des Irakiens étaient alphabétisés. Par comparaison au Nouveau-Mexique, d’où venait John Agresto, 46 % de la population était techniquement illettrée.

C’est tiré d’un article qui résume la stratégie du choc; déstabiliser la population et imposez des réformes économiques avant que le peuple se ressaisisse. Pinochet l’a fait, Tatcher aussi. Faudrait pas l’oublier, au risque de se faire poser le même lapin. Klein propose de comprendre cette théorie mise en pratique au Chili et en Angleterre à travers celui qui l’a imaginé, l’ultralibéraliste Milton Freidman. L’analyse est aussi étonnante que des altermondialistes qui s’inscrivent aux HEC; paraît que c’est pour comprendre le « mal » de l’intérieur et mieux le combattre.

À l’époque du New Deal, Roosevelt rencontrait les syndicats pour entendre les mesures sociales qu’ils aimeraient. Roosevelt écoutait et répondait : « Sortez dans la rue et obligez-moi à mettre ses nouvelles mesures en place. » C’est là-dessus que Naomie Klein conclut :

« S’il faut garder en mémoire l’histoire des luttes, c’est pour une chose primordiale, une chose dont il faut se rappeler quand tant est en jeu. Elle nous apprend que si nous voulons des réponses, à cette crise économique, pour un monde plus sain, plus juste, plus pacifique, il va falloir descendre dans la rue et les obliger à le faire. » Naomie Klein.

La transparence et l’écoute de Roosevelt, je ne l’attends pas de Harper. Alors, comment on change les choses? La réponse de Klein est inspirante, il suffit d’obliger le gouvernement. Cessons de penser ce que Félix dénonce dans ce premier portrait d’occupants par www.memoart.coop : « Personne le fait, je peux pas être tout seul à le faire? » Pourquoi ne pas trouver une revendication commune au 99% et faire pression jusqu’à l’obtention de cette petite victoire? Si ça marche une fois, l’effet boule de neige sera aussi imposant que l’espoir des enfants, le 24 au soir. Le plus grand défi, c’est de rejoindre tout le monde. Ni aurait-il pas une boîte de comm assez charitable pour offrir une campagne de pub comme cadeau de Noël aux occupants?

Et à ceux qui se demandent encore pourquoi, est-ce kitsch de répondre:

Pour être le changement que je veux voir dans le monde?