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Déclaration d’amour, bagages oversize & ukulélé

Un parc, un banc, de l’ombre; la paix. La sainte paix! Parce que la matinée a été particulièrement mouvementée. Debout à 5h, courir jusqu’à la gare de train avec 25 kilos sur roulette dans chaque main… Manquer le train. Acheter un billet pour le départ de fin de soirée. Réaliser que mon vélo n’est pas le bienvenue à bord. Faut que je lui achète son propre billet parce qu’il est trop lourd (de trois kilos…) Offrir de payer un extra? Pas possible. Sortir ma selle, mon porte-bagage et ma roue arrière; trois kilos de plus dans mon bagage à main. Un peu de mathématique :

Une pauvre touriste coup-de-soleillée débarque avec deux immenses sacs qui dépassent largement 20 kilos chacun et un ukulélé. La règle étant : 20 kilos par bagages, trois bagages maximum. C’est là qu’il faut multiplier par le facteur ukulélé : I help you with your luggage if you sing a song with your little guitar! Aussitôt dit, aussitôt fait. Et voilà qu’un employé de la gare m’aide à réorganiser le poids de mes valises avec un troisième sac qu’il sort de nulle part.

Ce qui occasionne un moment délicat ; j’ouvres ma valise devant un inconnu et le contenu est sans dessus dessous. C’est que j’ai pas dissimulé mes sous-vêtements affriolants dans le fin fond d’un coin zippé hermétique. Ayant la fâcheuse manie de r’voller quand je fouilles, ils se promènent tous joyeusement!

I can keep that? demande l’employé goguenard. Il pointe un dessous fautif qui exhibe sa couleur beaucoup trop vive et ses froufrous cheaps! Rire aussi jaune que le dessous, picotté yé-yé. On boucle mes trois sacs et l’employé me questionne :

-You’re very active?

Ayant eu l’opportunité d’explorer mon baluchon de fond en comble, c’est une observation plutôt juste. J’acquiesce avec un sourire gêné pendant qu’il observe mes chaussures de sport.

-I love you! I love Canada! Can you bring me back home?

Que dire. Ce joli jeune homme vient de m’aider à restructurer mes valises tout en oubliant de me charger les frais d’extra pour mon vélo… N’empêche que j’ai pas du tout l’intention de ramener un homme au Canada; mes valises sont déjà pleines et le voyage commence à peine. Mais, je ne lui dit pas comme ça.

-Well, I’m here for seven months, shall we know after!

Et voilà, moi et mon coup de soleil généralisé, on se tire. J’ai encore réussie à éviter de payer des frais supplémentaires! Hier soir aussi d’ailleurs : j’avais acheté un billet de métro et en changeant de ligne, j’ai « oublié » d’en acheter un autre… En débarquant, j’ai fait semblant d’essayer de passer mon ticket dans la machine. En vain, évidemment.

Un employé s’amène en trainant les pieds; do you have a problem, darling? Oui, j’ai un problème : j’ai pas de billet, j’ai plus un sou sur moi et le guichet ATM exige des frais pour chaque retrait, dont le montant totalisent deux fois le coût du billet!!

Alors je dis : Well, my ticket is not working. Il observe mon billet et m’explique que j’aurais du en acheter un autre. Je fais une face éplorée en expliquant que j’ai peut-être échappé le bon en changeant de train? It’s ok for this time, but next time you can get 200$ for this infraction. Il me dit ça tout bonnement, avec un clin d’œil.

Dernière péripétie? En sortant du métro avec mon vélo, je me suis ramassée sur l’autoroute. Tourner à droite où il fallait pas et me voilà sur une high way, à huit voies, la nuit. Même pas de petite lumière sur le guidon pour m’aider, je l’ai oublié à la maison… De toute beauté! Et là, il s’est mis à pleuvoir ; pouvais pas demander mieux. Mais bon, la veille, j’ai passé la journée sur une plage incroyable à surfer avec un mannequin canadien (sujet d’un article à écrire live) donc, les petits pépins, ça me fait sourire, c’est du passé.

PS Pendant l’épisode de l’employé de la gare, j’ai passé outre mais… À tous les cons qui disent I love you pour un oui ou pour un non, étouffez-vous donc avec un bas sale dans bouche!