Vie

Dinh Bà : Sous toutes coutures

Il a créé sa griffe Dinh Bà design en 2003, il vient tout juste d’ouvrir un atelier-boutique et prépare sa première collection masculine pour l’été 2008. Le designer Dinh Bà évolue à la vitesse de l’éclair. Entretien en cinq plis avec un designer déterminé et prometteur.

Vous vous faites de plus en plus remarquer. Vous avez progressé très vite depuis votre sortie du Collège Lasalle en 2000. Selon vous, est-ce dû à votre talent ou à votre détermination?

Dinh Bà: "Ma détermination. Je suis quelqu’un qui est très compétitif avec moi-même. J’ai beaucoup de buts en vue et je veux absolument les atteindre."

Où vous voyez-vous dans 10 ans?

"J’ai envie de rester le plus longtemps possible dans le métier, mais j’aimerais beaucoup faire autre chose. Par exemple, je voudrais avoir une agence de mannequins. J’aime être entouré de mannequins; j’adorerais voyager avec les modèles, aller en voir à travers le monde."

Dressez le portrait du type de femme pour qui vous créez.

"La Femme "Dinh Bà" a confiance en elle, mais pas tous les jours; elle n’est pas parfaite! C’est une femme coquette, très féminine et active."

Qu’est-ce qu’une femme ne devrait jamais porter?

"C’est très difficile comme question… Je crois que chaque femme devrait au moins oser, quitte à changer de style si elle est mal à l’aise. Il faut toujours oser essayer de nouvelles choses."

Comment vous y prenez-vous pour renouveler votre travail de création, tout en gardant la touche Dinh Bà?

"J’ai toujours plein d’idées, ça bouillonne tout le temps! Il reste que mes créations sont inspirées de mes clientes, de leurs commentaires, de leurs suggestions. Je suis très à l’écoute de ma clientèle; c’est important pour moi, qu’à chaque année, mes clientes aiment ce que je fais."

Est-ce que vos origines asiatiques vous influencent?

"Oui, on le voit dans les coupes. Il y a de petits détails orientaux, mais ça demeure très délicat. Je n’explore pas outre mesure cet angle. J’aime bien aussi m’inspirer de la mode de Tokyo pour les mélanges de textures."

Vous mariez bien le classique et le funky. Mais si vous deviez vous en tenir à l’un seul de ces styles, lequel choisiriez-vous?

"Le funky… Mais étant donné que mon créneau est la femme professionnelle, il est important qu’il y ait une touche classique dans les vêtements, de manière à ce qu’elles puissent reporter le vêtement souvent, de jour comme de soir."

Le secret pour bien percer en mode… Faut-il être accro au boulot?

"Personnellement, je ne crois pas l’être – même si tout le monde autour de moi me dit le contraire! Il est vrai que c’est essentiel de travailler fort, mais il ne faut pas devenir fou. Je pense qu’il faut surtout croire en soi et avoir le flair de bien s’entourer."

Selon vous, qu’est-ce qu’un bon designer de mode?

"Un bon designer doit être à l’écoute des besoins de sa clientèle. Si l’on choisit un créneau, il faut le suivre. On peut toujours dessiner des créations inimaginables et fantaisistes, mais si elles ne sont pas portables, personne ne les achètera. De nos jours, être designer, ça ne veut pas dire que dessiner; ça veut aussi dire être bon en gestion et en marketing."

Quel est l’aspect qui vous ennuie le plus dans votre métier?

"La production, c’est vraiment stressant. On a beau être en mesure de dessiner un super design et en faire un bel échantillon, il n’est pas évident de contrôler la production. C’est difficile de trouver la personne qui fera un bon travail de confection et de finition."

La mode montréalaise, est-ce une industrie en santé?

"Il y a tellement d’espoirs à Montréal, tellement de talents. Je ne serais pas surpris que Montréal devienne, d’ici quelques années, une capitale de mode."

Et si ça arrivait, pour quelle particularité Montréal serait-elle reconnue?

"J’ai l’impression, qu’en Europe, il y a un style précis pour chaque ville. La mode européenne est hyper-homogène, soit très structurée, très funky ou très classique. Mais à Montréal, on retrouve toutes sortes de styles. Nous sommes polyvalents, éclectiques. C’est ça la force des designers de Montréal: on est tous très différents, mais on se complète bien."