Vie

Love, Deming : Love-moi

Porter des jeans en soya et des robes en bambou, voilà ce que propose Melissa Taylor, créatrice de la ligne vancouvéroise Love, Deming, de passage à Montréal pour la Semaine de mode.

Plus habitué de le manger que de le porter, on est en droit de se demander si le soya est confortable… "Les fibres de soya, tout comme celles de bambou, sont très douces", assure Melissa Taylor.

Elle a beau être une fervente écolo, ses créations n’ont rien à voir avec le patchouli. "Je sais, qu’à prime abord, je peux donner l’image de la fille super écolo. Mais plus souvent qu’autrement, les gens sont surpris quand ils voient mes vêtements. C’est impossible de dire qu’ils sont faits avec des tissus bios. C’est exactement ça que je veux."

Utiliser des tissus "verts" est primordial: la designer veut faire sa part pour l’environnement. "Le soya et le bambou ne nécessitent pas de pesticides pour pousser, c’est pour cette raison que je les utilise. Je travaille aussi avec du coton et du chanvre biologiques."

DIVINEMENT LOVE

Le souci environnemental de Melissa Taylor est solidement lié à un autre fait assez inusité dans le monde de la mode: sa foi en Dieu. "Dieu nous a créés avec des dons. Le mien, c’est de faire des vêtements. Je crois que la spiritualité peut très bien cadrer avec l’univers de la mode. Car pour moi, être designer de mode, ça signifie m’impliquer dans ma communauté. Je sens que je participe à l’économie locale, à avoir une société plus en santé."

Si pour Melissa Taylor la mode est une manière comme une autre de contribuer à un monde meilleur, elle souhaite aussi amener un souffle positif à l’industrie. "Depuis la production qui se fait par des gamins en Asie, jusqu’aux mannequins anorexiques qui défilent, le monde de la mode est assez sombre. Je crois que tout ça a besoin d’un peu soleil. Je ne prétends pas pouvoir tout changer, mais j’essaie d’amener un peu de lumière, à ma manière."

PUDEUR ROCK

Difficile de dire si elle illumine comme elle le souhaiterait. N’empêche que bon an, mal an, depuis sa sortie en mai 2006, Love, Deming rend de plus en plus de femmes heureuses. La dernière collection d’automne est coquette, raffinée, romantique et surtout, confortable. Les coupes rappellent tantôt les années 40, tantôt les sixties. Une chose demeure: la pudeur. "Je dessine pour la femme âgée entre 20 et 40 ans, qui désire être belle sans trop se dévoiler. Je n’aime pas montrer trop de peau. C’est bon que les hommes se demandent qu’est-ce qu’il y a en dessous des vêtements."

De son propre aveu, sa collection printemps/été 2008, présentée à la Semaine de mode, est plus folâtre. Une de ses grandes inspirations? Le rock. "La musique m’inspire à chaque collection, mais je crois que ça paraît plus dans celle-ci. J’adore particulièrement le rock british. Je passe mon temps dans des concerts. Pendant les shows, je commence à dessiner mentalement mes collections. Je m’inspire du groupe sur la scène, de la foule, de l’ambiance générale. Quand je sors d’un concert, j’ai mille et une idées en tête; c’est super excitant."

Jointe par téléphone avant son départ pour Montréal, la jeune femme ne pouvait d’ailleurs cacher son excitation face à sa première visite. "En terme de mode, je considère Montréal comme la grande soeur de Vancouver. J’ai l’impression que les gens de Vancouver ne savent pas comment bien s’arranger. Ils ont le même style sept jours sur sept. J’ai entendu dire qu’à Montréal, on se met sur son 36 simplement pour aller à l’épicerie. Je trouve ça génial!"

Alors, pensez-y deux fois avant d’aller au dépanneur en pantoufles…

ooo

LOVE, DEMING: UN NOM, UN APPEL

Il faut être calé en géo pour savoir que Deming est le nom du village natal de Melissa Taylor, situé dans l’État de Washington. "Pour moi, c’était une façon de mettre ma petite de ville de 2000 habitants sur la carte. C’est un hommage à mes racines."En 2001, elle en a marre de la vie de village et décide de quitter son bled pour emménager à Vancouver, où elle exerce depuis le métier de coiffeuse.

L’appel pour le design de mode Melissa Taylor le doit à un voyage humanitaire au Mexique. "C’était une expérience incroyable spirituellement. À mon retour, j’ai décidé de faire ce que j’avais toujours voulu faire: créer ma propre ligne de vêtements." C’est donc sans diplôme en design et armée d’une bonne dose de volonté qu’elle a plongé tête première dans la mode.

Pour l’instant, du moins au Québec, on peut se procurer ses fringues en ligne: www.lovedeming.com.