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Festival d’art érotique de Montréal : De l'art et du cochon

L’art érotique sort du placard. La deuxième édition du Festival d’art érotique de Montréal s’acoquine avec la semaine gaie et nous gratifie d’une programmation axée sur la sensualité: expos, performances, ateliers, bal érotique et musique électro. C’est chaud.

Photographies de parties génitales, sculptures de femmes ligotées, performances qui versaient dans le fétichisme, l’année dernière, le Festival d’art érotique de Montréal frappait fort pour sa première édition. Et pour cause: le thème, la censure, avait été choisi délibérément pour frapper les consciences et montrer à quel point notre société n’est pas encore tout à fait libérée des carcans moraux. "Rien de neuf dans le fait que l’érotisme soit représenté dans l’art, des peintres pompiers à Picasso", rappelle Jacques Rivest, directeur du Conseil des arts du Québec (à ne pas confondre avec…), l’organisme instigateur de l’événement. "Pourtant, il y a à peine cinq ans, une galerie du Village a été obligée, à la suite de diverses plaintes, de retirer de sa vitrine une oeuvre de l’artiste Nicolaï Kupriakov, jugée trop choquante."

Pas sortis du bois. L’art érotique peine encore à trouver sa place, selon Jennifer-Lee Barker, qui coordonne le Festival, particulièrement dans les galeries bien en vue: "La plupart font carrière à l’extérieur de nos frontières. Circé, par exemple, a fait le tour des États-Unis pour montrer son travail." Néanmoins, au vu du nombre d’artistes, la plupart québécois, qui ont répondu cette année à l’appel du Conseil des arts du Québec, la discipline a de nombreux adeptes.

SENSUALITE

Moins provoc, mais tout aussi intense, le thème de cette année, la sensualité, flirte lui aussi avec l’interdit, mais vise plus large. "Les photographies de Chantal Gagné, qui représentent des fleurs en plans serrés, nous sont apparues, à nous comme à d’autres, comme des oeuvres érotiques. Pourtant, ça n’était pas son intention première." Ces photos seront visibles dans le cadre de l’exposition Provocation, qui se tiendra tout au long de l’événement, du 13 au 16 août. Elles côtoieront les oeuvres de plus d’une trentaine d’autres artistes, dont plusieurs ont été, ou seront, publiées dans une des éditions du livre The World’s Greatest Erotic Art of Today. Peintures, photos, vidéos, dessins, le pire côtoie le meilleur et le kitch, le réalisme le plus pur, en passant par des oeuvres flirtant avec la bd. Le trait commun: l’érotisme, très assumé, accompagné parfois, ironiquement, d’un discours sur l’exploitation de la femme en tant qu’objet, comme c’est le cas pour les photographies de Daniel Harper.

NEO-BURLESQUE

Vivant. Le Festival d’art érotique de Montréal, c’est aussi des performances, qui étayent l’événement, du vernissage de l’exposition jusqu’au party de clôture. Et cette année, c’est cabaret! Né dans les années 90 à New York, le mouvement du néo-burlesque (qui n’a rien à voir avec Buster Keaton), qui revisite la fin du 19e siècle et les Folies Bergère, a pris du poil de la bête à Montréal. Le Festival accueille les plus fameuses artistes actuelles du genre, dixit Jennifer: Scarlet James, le Hot Cabaret Club, à mi-chemin entre danse, strip-tease et théâtre. "Les danseurs contemporains regardent le genre de haut, mais pour nous, le burlesque est à l’origine des performances érotiques. Les Bettie Page et autres Dixie Evans ont amené l’érotisme à un niveau classique." Avis aux amateurs: on pourra même participer à un atelier de dessin, avec modèle burlesque incluse (Jessica LaBlanche), le dimanche 16 août. Prière d’apporter ses crayons et ses feuilles de dessin…

PYJAMA PARTY ET ELECTRO

Pour l’édition 2009, le Festival a décidé de s’acoquiner avec le Pride Festival. "On avait envie d’aller chercher le public gai, de le faire sortir du village pour l’amener jusqu’aux oeuvres." En attendant de voir tout ce beau monde s’intéresser au marché de l’art érotique, c’est le Pride Festival qui investit le Musée Juste pour rire vendredi soir avec la soirée Tease Her. Au programme: électro, avec, entre autres, Ep Bergen (Bran van 3000) et DJ Danika Bass. Et, toujours le même soir, le Festival réitère sa collaboration avec Frank Monde Osé, pour le Bal érotique, qui promet d’être planant puisque le thème de cette année est Sweet Dreams. On met son plus beau pyjama et on se paie la traite au Club Opéra, dans une atmosphère bon enfant et légèrement décadente…

Festival de l’art érotique de Montréal
Du 13 au 16 août
Au Musée Juste pour rire et au Club Opéra
www.conseildesarts.org