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Emploi / Conservatoire d’art dramatique de Québec : Savoir jouer, savoir créer

À chaque école de théâtre sa particularité. Celle du Conservatoire d’art dramatique de Québec? Un enseignement axé sur la création. Savoir jouer, oui. Mais aussi savoir créer. Regard sur une formation tout aussi exigeante que stimulante.

Depuis 1958, l’enseignement en art dramatique au Conservatoire de Québec est axé sur la création. L’objectif? Que les étudiants en sortent, certes, avec la capacité de jouer dans des pièces de tout genre, de tout style. Mais aussi qu’ils puissent être en mesure de créer. "Dans les années 1960, à la fondation de l’institution, il n’y avait pas de milieu théâtral à proprement parler à Québec. Les comédiens s’en allaient donc à Montréal. Comme il n’y avait pas d’employeurs ici, il a été décidé de former les gens à la création, pour qu’ils puissent devenir leur propre employeur", explique le directeur actuel du Conservatoire, Michel Nadeau. Aujourd’hui, avec les nombreuses compagnies de création établies dans la capitale, force est d’admettre que le pari lancé par Jean Guy et Marc Doré a été relevé.

Pour les élèves, ce biais implique une exploration à travers l’improvisation, le théâtre gestuel, la commedia dell’arte, le clown, le bouffon. "On travaille sur des structures, des supports afin de développer l’imagination. L’improvisation, par exemple, se fait dans le sens d’une création théâtrale, en utilisant des ressources, des points de départ, tels que des musiques, des éléments de la nature, pour créer quelque chose." En parallèle, l’étudiant s’intéresse à l’interprétation de différents styles, du théâtre actuel à la tragédie grecque. Sans oublier des cours de diction, de voix, d’histoire. "L’idée, c’est de comprendre les différences entre les styles, mais on ne leur demande pas de théoriser, on leur demande d’être capables de jouer. On part du principe que chaque comédien est unique et on cherche, dans le jeu, son unicité."

Pour Michel Nadeau, les trois années d’études peuvent être synthétisées en autant de verbes: s’imprimer, s’exprimer, se produire. En première année, les étudiants s’impriment ainsi du monde extérieur, travaillant de manière à pouvoir recevoir en eux cet environnement et l’utiliser dans leur jeu. Ensuite, ils s’expriment, mettent en forme cet apprentissage en s’intéressant à des formes théâtrales de plus en plus complexes. En troisième année, ils se produisent: quatre fois sur scène, des spectacles sont montés, en collaboration avec les volets Scénographie et Mise en scène de l’institution.

Chaque année, une dizaine d’élèves font leur entrée dans cette école qui, dans sa forme, se rapproche d’une école de métiers malgré son grade universitaire. "Il y a un maître et un apprenti. Les élèves viennent, on les stimule avec des propositions de travail, eux font quelque chose avec ça et, ensuite, on en discute", explique M. Nadeau. L’horaire? Chargé. Par semaine, sur trois ans, 30 à 35 heures de cours, 10 de répétition. En plus de plusieurs heures de travail personnel, d’exercices de diction, d’apprentissage de textes. Bref, une formation exigeante. Et, depuis les années 1960, une formation qui évolue, enrichie par les pratiques et les perspectives de nouvelles générations d’enseignants. "Mais cela, en évitant les modes. Il ne faut pas renier ce qui se passe maintenant, mais il faut que l’acteur qui sort d’ici soit capable de jouer, peu importe les modes qui vont passer."

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