Vie

Saint-Valentin : Toujours l'amour

Affaire de coeur, d’argent et de cul, la Saint-Valentin compte sans doute parmi les fêtes les plus controversées au calendrier. Nos trois chroniqueurs, qui n’en sont pas à leur première indiscrétion, nous racontent des 14 février de supercherie, de fièvre et de chair.

Surprise!

Deux semaines avant le jour V, alors que je suis sur un de mes shifts au restaurant où je travaille, un client m’appelle et m’explique qu’il aimerait faire sa grande demande dans notre établissement le soir du 14 février. Charmée, je note sa réservation. Le soir venu, j’installe donc le client, qui est arrivé plus tôt que sa douce, à une table où roses rouges et flûtes à champagne sont soigneusement disposées. Plus tard, la belle blonde arrive enfin à la porte. Alors que je longe le couloir afin de l’accompagner à ladite table, elle me glisse à l’oreille, sur un ton de confidence: "C’est la première fois que je date quelqu’un via un site de rencontre. J’espère qu’il me plaira." Ouf. Chose sûre ma chère, c’est qu’il vous surprendra, pensai-je tout bas. (L. Boisvert)

Au poteau

Heureux en amour, mon ami? C’est une question qu’on ne pose pas inopinément dans un club de stripteaseuses à la Saint-Valentin. Particulièrement aux bougres enchaînés au podium de la scène, ceux que l’on sépare des fées-fesses avec une muraille de bouteilles de bière blonde vendues à la paire.

Je me souviens de cette Saint-Valentin, à l’époque où la cigarette était souveraine et qu’être choisi par une effeuilleuse se résumait à lui réclamer la flamme de son briquet, soit bien avant l’avènement des poteaux munis de roulement à billes.

J’étais redevenu célibataire la veille, c’était un vendredi 13.

Et plutôt que d’aller me beurrer seul au Pacini, j’avais calciné ma paye et la suivante au Lady Mary Ann avec Vanessa et ses amies.

Vous croyez que cette jolie pense encore à moi, comme je le fais parfois? (F. Gariépy)

Que jeunesse trépasse

Un jour l’amour déborde et, sans regarder son portefeuille, sans y penser, on se retrouve deux yeux doux plus tard au Saint-Amour, une sucette de foie gras dans la gueule. Fiers, les couples sont sapés comme des paons: ils consument un amour propre. C’est ainsi que Roméo et Juliette débarquent, dans leurs jeans, leur peau de porcelaine et leur parfum de 16 printemps. Le jardin intérieur du restaurant m’apparaît baigné du rouge de l’amour naïf et sans lendemain. Ce rouge infuse bientôt les joues adolescentes de Roméo, qui reçoit le lourd tome des vins et s’aperçoit que le prix du vin n’est pas inclus avec les sucettes. Sa gêne m’emplit d’une énergie vierge: la Saint-Valentin est affaire de jeunesse… (P. Plante)