Danièle Mazet-Delpeuch: une femme, un parcours exceptionnel
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Danièle Mazet-Delpeuch: une femme, un parcours exceptionnel

L’ancienne cuisinière privée du président français François Mitterrand et inspiratrice du film Les saveurs du palais, actuellement sur les écrans, nous a rencontrés lors de son passage à Montréal.

Le film Les saveurs du palais permet, outre de vivre un moment de détente plaisant dans les murs du palais de l’Élysée français, de plonger en plein cœur du patrimoine gastronomique de l’Hexagone. Avec pour précieuse guide Danièle Mazet-Delpeuch, incarnée à l’écran par l’actrice Catherine Frot, qui a eu un parcours incroyable. Un parcours qu’il est possible de suivre dans son ouvrage Carnets de cuisine (288 pages, éditions Bayard). On y découvre la passion de cette femme pour la notion de terroir – et ce, bien avant la mode qui lui est associée depuis une quinzaine d’années –, l’amour inconditionnel qu’elle voue à la propriété ancestrale qu’elle occupe dans le Périgord, les grandes rencontres qu’elle a faites au cours de ses nombreux voyages, ses éclairs de génie et, bien sûr, le lien intime qu’elle a tissé avec la cuisine. Une cuisine traditionnelle, voire paysanne, débarrassée des flaflas. À l’image, dans le film, de cette simple tranche de pain de campagne grillée sur laquelle Catherine Frot étale un peu de beurre de truffes, avant de disposer dessus de très fines tranches de truffes noires du Périgord. À l’image aussi, cette fois-ci dans le livre, des 55 recettes qui constituent le centre des chapitres ou qui y dressent des liens entre deux anecdotes bien choisies. Voici quelques-unes des questions que nous avons posées à cette grande dame.

 

VOIR: Comment vous décririez-vous?

Danièle Mazet-Delpeuch: Pour beaucoup de monde, je suis la cuisinière du président, point barre. Je pensais me débarrasser de ce sobriquet grâce à Catherine Frot, mais il n’en a rien été. Il est certain que l’expérience que j’ai vécue à l’Élysée a été marquante, mais si j’avais à me définir, je dirais que je suis une bonne cuisinière qui parle de la cuisine des femmes dans un monde d’hommes, en s’appuyant sur les produits du terroir.

 

VOIR: Justement, en parlant de terroir, comment s’exprime-t-il chez vous?

D.M.-D.: Par l’attachement profond que je voue tout d’abord à La Borderie, la maison où sont nés mon père, ma grand-mère Julia et tout le monde avant. Même si je voyage beaucoup, j’y reviens tout le temps, j’y retouche terre. Au-delà de la maison, je sais que je suis aussi l’héritière d’un patrimoine gastronomique et culturel. C’est d’ailleurs ce qui m’a inspirée quand j’ai créé les Week-ends foie gras (NDLR: les tout premiers du genre en France) en 1975. J’ai ainsi pu partager mon savoir-faire avec plein de gens, puisque je leur apprenais à faire des confits, des pâtés, de bonnes choses. En un claquement de doigts, cette expérience nous a fait passer de l’agriculture à une affaire touristique.

 

VOIR: Quel rapport entretenez-vous avec l’or noir du Périgord?

D.M.-D.: J’adore littéralement la truffe noire. C’est la meilleure, la parfaite, celle que je m’efforce de produire chez moi sur trois hectares, mais aussi en Nouvelle-Zélande depuis quelques années. La recette en est simple: une terre propice, un bon nettoyage sur et sous le sol, des arbres «myconisés» à planter, six ou sept ans d’attente, puis une bonne dose de prières pour que la truffe arrive. Avis aux intéressés!