Seconde carrière: du bureau à la terre
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Seconde carrière: du bureau à la terre

Anouschka Bouchard menait une belle carrière de relationniste lorsqu’elle a décidé de se lancer dans la production de cidres. Trois ans plus tard, que pense-t-elle de ce changement drastique de voie professionnelle?

Parfois, les hasards de la vie nous réservent des surprises. Il arrive en effet qu’un coup du sort nous amène à nous remettre en question et à changer de domaine professionnel. Néanmoins, lorsqu’on travaille depuis plus de 10 ans pour une entreprise et que l’on y apprécie son mandat, il faut beaucoup de courage pour tout quitter et réaliser son rêve d’entrepreneuriat. C’est ce qu’a fait Anouschka Bouchard en 2010, en abandonnant ses fonctions de relationniste pour la maison d’édition Québec Amérique et en acquérant, avec son conjoint François Busque et un couple d’amis formé par Martine St-Onge et Rémi Filion, le verger Fleurs de pommier… alors qu’elle ne connaissait rien à la production de cidres! «Aucun d’entre nous n’avait effectivement évolué en agriculture, avoue-t-elle. Nous aimions par contre tous bien boire et manger. Tout a commencé en visitant des propriétés avec François. Nous avons été surpris par la qualité de ce que nous y goûtions et avons décidé de faire le saut avec nos amis, qui cherchaient de leur côté une terre pour y établir un vignoble.»

Apprivoiser et innover

Il est évident que de changer si drastiquement de profession a nécessité une période d’adaptation. «Rêver de devenir producteur et l’être vraiment, c’est très différent. C’est un fantastique défi, mais il faut investir beaucoup d’énergie pour y parvenir. Nous avons dû faire nos classes dans un domaine que nous ne connaissions pas, faire confiance à des experts extérieurs comme notre œnologue Richard Bastien, gérer des éléments incontrôlables comme la météo. Personnellement, je voue aujourd’hui beaucoup de respect aux gens qui travaillent la terre.» Pour parvenir à se distinguer de la concurrence, il fallait aussi innover, ce que les nouveaux venus ont rapidement compris. «De ce côté-là, je crois que notre manque d’expérience nous a plutôt servi. Nous voulions nous démarquer davantage qu’avec un cidre de glace sur le marché, puisqu’il en existe déjà de très bons ailleurs. Nous nous sommes donc basés sur un ancien cidre de la maison Levasseur pour en élaborer un autre dont la concentration serait obtenue par la chaleur plutôt que par le froid. Une recherche qui a abouti à la création d’un cidre de feu, qui vient d’obtenir sa dénomination officielle.» Pour l’instant assez confidentielle, cette création est devenue le fer de lance du domaine Union Libre (unionlibre.com) que codirige Anouschka.

Plus qu’un métier, un mode de vie

Loin des livres et des bureaux depuis trois ans, Anouschka Bouchard ne regrette pas son revirement de carrière. «Ce que je vivais dans mon précédent emploi, je le vis quotidiennement encore. Je n’ai jamais aimé la routine, alors le fait de savoir que je ne cesserai d’apprendre de ce métier au cours des 20 prochaines années me rassure. De plus, je me sens privilégiée de pouvoir bâtir un patrimoine. J’ai l’impression de faire quelque chose de concret de ma vie, de m’accomplir personnellement. Bien sûr, j’ai troqué un travail pour un mode de vie très exigeant, mais j’ai beaucoup de plaisir à donner autant.» Et elle ne semble pas être la seule, puisque la production d’Union Libre est passée de 6000 à 80 000 bouteilles depuis ses débuts!