Restos / Bars

Trattoria Del Gallo Nero : Un coin d'Italie

Une trattoria, oui, si on veut: pour ses murs de briques, pour son ambiance intime de vieille maison de campagne italienne, pour son quelque chose dans l’air qui évoque le vieux continent. Ici, on ne joue pas le grand style, il ne règne que la convivialité qui émane d’une conspiration presque familiale. Tous les clients semblent connaître Antonio, le patron haut en couleur qui va d’une table à l’autre en distribuant des bisous, des «ciao», et des compliments. Et même si les portes de ce Gallo Nero s’ouvrent toutes grandes sur une rue assez passante de jour, on oublie vite l’agitation le soir venu, surtout s’il fait beau et que l’ambiance est à la dolce vita.
Cependant, la cuisine hésite encore un peu, elle manque de cette assurance si particulière que possède la bonne cuisine ménagère italienne. C’est qu’on oublie de mettre de l’huile extra-vierge sur les laitues; que les pâtes sont un tantinet trop cuites; que les assaisonnements en général sont un peu anémiques.

Comme je cède volontiers au rite de la soupe, la table d’hôte (24 $) en propose une toute printanière, composée d’un bouillon riche plein de légumes frais, de haricots, d’escarole, sur laquelle on saupoudre un peu de parmesan frais râpé. Tout à fait exquis et réconfortant. Les antipasti sont présentés sur une desserte éclairée par une lampe plutôt forte. Du reste, le choix est varié: entre des calmars en salade, des aubergines grillées, des fèves de Lima, et des tomates séchées qui manquent un peu de saveur, on trouve tout de même de quoi s’initier à cette pratique des plus civilisées. Entre l’entrée et le plat, on offre une petite salade jardinière, bien fraîche et astringente, nappée d’une vinaigrette à laquelle il manque encore une fois une bonne huile de qualité. Une escalope de veau braisée aux trois champignons, et déglacée au bouillon et au vin, a la sincérité du terroir: rien d’extraordinaire, mais c’est délicieux, tout comme la garniture de pommes de terre à l’italienne, simplement sautées à l’huile, servies avec une fondue de poivrons verts. Les farfalettes, des pâtes en forme de papillon au rapini et à la saucisse _ un plat du Sud de l’Italie, simple comme on l’imagine _, nagent dans un bouillon un peu léger qui continue de cuire les pasta. Elles sont donc un peu cuites quand elles arrivent à la table. Les douceurs, un tiramisù et un gâteau au chocolat et à la ricotta parfumée à la vanille, sont impeccables.

Bien que cet endroit ait toutes les caractéristiques d’une trattoria pour autochtones, la cuisine fait trop de compromis sur les produits et manque de précision. Et cela se reflète malheureusement dans le goût. La carte affiche nul grand cru, mais de petites choses assez raisonnablement facturées. Et si le service se fait dans la bonne humeur «à l’italienne», il est un peu lent. Heureusement, l’addition a la sagesse de ne pas vous prendre pour Pavarotti. Soixante dollars pour deux repas, les taxes, le service et un demi de rouge compris.

Trattoria Del Gallo Nero
5138, rue Jarry Est
Tél.: (514) 955-9111

Café Milano
Saint-Léonard ne m’a jamais inspiré rien qui vaille. Trop bruyant, trop banlieue, trop concessionnaires de voitures. C’est pourtant le quartier le plus italien de Montréal. Et quand je pense italien, je pense fromage, bon vin, excellent café, de la cuisine à se pâmer, de l’esprit, de l’amour! Comment se fait-il que toutes ces vertus, primordiales au bonheur, ne soient pas davantage apparentes dans ce quartier du nord de la ville? C’est peut-être que les Italiens de la deuxième et troisième générations, qui constituent la majorité ici, sont tout aussi québécois que le reste de la ville? Ils font le marché dans les grandes surfaces, sont plus discrets en public, et regardent La fin du monde est à sept heures! L’«italianité» n’apparaît qu’occasionnellement, lors de la Coupe du monde de soccer, et surtout au café du coin. Au Café Milano, la faune est jeune, délurée, pleine de «pizzazz»; et, ma foi, le café est d’une extraordinaire qualité, velouté, suave, pris sur le coin du bar, devant l’écran de télé ou assis sur une chaise après votre panini ou avec votre douceur. Chose certaine, il vous réconcilie avec les bonnes choses et avec l’Italie de tradition.

Café Milano
5196, rue Jarry Est
Tél.: (514) 328-0561

Amuse-gueule
Avec son goût léger et parfumé, le mozzarella _ le vrai, pas celui qui garnis les pizzas des fast-foods _ est idéal pour les préparations d’été, un fromage frais qui met vraiment en valeur les produits avec lesquels on l’associe. Pour vous en donner une idée, le livre Mozzarella (Éditions Guy Saint-Jean) propose une liste de recettes nouvelles et originales récoltées chez de grands chefs anglais et italiens, dont Allastair Little, John Torode, Nino Sassu et Lorenzo Berni. Avec une courte partie didactique et de très belles photos, ce livre accompagne parfaitement bien la saison des repas estivaux. Il faut cependant dire que, vu sa rareté, sa fragilité, l’authentique mozzarella di buffala reste cher. Pour le remplacer, on trouve ici des bocconcini de lait de vaches québécoises nourries aux herbes grasses des champs qui feront très bien l’affaire. Mais ils n’auront pas le parfum riche que donne le lait des buffles napolitains qui se goinfrent d’aromates délicats dans les pacages des montagnes de Campanie.