Restos / Bars

Don Miguel et Nostalgia : Château d'Espagne

Dans ce décor de pièces en enfilade, chacune peinte de couleurs vives et simplement ornée de tableaux ou de bricoles, la cuisine espagnole du Don Miguel a remplacé la portugaise, qui fut longtemps un refuge d’authenticité pour ceux qui fuyaient les brochetteries, les branchés ou la frime du boulevard Saint-Laurent.

La carte ne se limite pas à sa plus simple expression espagnole – chose assez aisée puisque cette cuisine reste l’une des plus dépouillées et des moins savantes de la Méditerranée -, mais propose aussi des pastas et des grillades qui n’ont d’espagnol que le nom, cuisine touristique oblige. Il faut se concentrer sur les tapas et les paellas de la maison, faites à la minute, sans compromis ni colorants! À moins, bien sûr, de venir pour le lunch et d’espérer une paella en vingt minutes, une prouesse pratiquement inexécutable. Venez donc prendre ce «grand petit» plat ibérique en toute tranquillité le soir en oubliant que personne ne remarquera la griffe de votre tailleur. Les patrons galiciens offrent aussi le caldo gallego chaque dimanche (un pot-au-feu plutôt automnal fait de saucissons, de porc salé, de navets et de haricots blancs, parfait pour les jours de pluie), ce qui leur attire une clientèle de gourmands espagnols. Le choix parmi une vingtaine de tapas, servies en petites portions dans des plats de terre cuite vernissée, permet de s’en faire un repas. L’habitude espagnole étant de les grignoter vers cinq heures en attendant le souper qui, lui, se prend vers onze heures; inutile de préciser que ce serait impraticable ici.

Les crevettes sautées à l’ail – beaucoup d’ail et beaucoup d’huile – sont délicieuses et fondantes. Les calmars sont poêlés à l’huile, puis sautés avec du persil et une pointe d’ail. Ils sont d’une fraîcheur extraordinaire, on s’en gaverait. La tortilla de patate est dense et bourrative, puisqu’elle est authentique. Une salade de tomates est simplement présentée telle quelle avec des oignons, un flacon d’huile et un autre de vinaigre. On peut également commencer ce repas de façon estivale en commandant un gaspacho, parmi les meilleures qu’il m’ait été donné de manger en ville, crémeux, les goût acides et aillés balancés par l’appareil de base au pain détrempé. Rien de mieux en période de canicule, d’ailleurs. En douceur, la crème catalane, seule à revendiquer la paternité de la «brûlée», est, comme il se doit, préparée à la dernière minute, sa croûte de sucre brun bien carbonisée, son flan savoureusement vanillé.

Mignon resto, ce Don Miguel a une grande vertu: un sentiment orgueilleux de la qualité autant dans l’assiette que sur le plancher. La señora Placeres au regard pointu qui accueille les clients avec son accent adorable, sa fille qui s’occupe du service et parfois de la traduction, et Don Miguel lui-même derrière les fourneaux à transformer les petites bêtes marines en délices aillés. Un bémol: une carte des vins qui ne propose aucun cru espagnol au verre. Il faut donc se contenter de Vino Novella ou de sangria. Lequel est le pire?

Comptez 50 $ à deux, pour un repas copieux et très satisfaisant.

Don Miguel
20, rue Prince-Arthur Ouest
Tél.: (514) 845-7915

Nostalgia
Mais non, vous n’avez pas quitté Montréal. L’illusion le laisserait pourtant croire dans ce sympathique bistro à tapas baptisé Nostalgia. Affaire familiale – ou plutôt celle d’un père et de sa fille – et installé depuis quelques mois sur le Plateau (histoire de mettre un peu de panache sur une rue jusque-là vouée aux Italiens), ce troquet a de l’esprit. Et une cuisine qui brave les périls du genre. Pour un repas sur le pouce ou une soirée d’amoureux, à l’intérieur ou sur la terrasse – un peu bruyante, quand même -, on se contente de tapas bien fignolées: du fromage manchego, du jambon serrano «local», bien sûr, des calmars frits à la perfection, les inévitables crevettes à l’ail – garanties pour bien lubrifier l’estomac -, des paellas et d’autres petites choses bien ibériques, toniques et joyeuses.

L’accueil est aimable et souriant, et on oserait presque souhaiter que la patronne se mette à danser le flamenco tellement elle est superbe, de cette beauté faite d’ombre et de lumière qu’affichent les Espagnoles. Quarante dollars, pour un repas de tapas à deux, avec les taxes et le service et deux verres de vin… Novella!

Café Nostalgia
701, avenue du Mont-Royal Est
Tél.: (514) 527-1065

Amuse-gueule
Les patrons tunisiens de L’Olivier – 260, place du Marché, (514) 278-8910 -, au Marché Jean-Talon, ont organisé devant leur échoppe une véritable manifestation culturelle. On avait installé des tables, on proposait une dégustation des produits locaux, des olives, bien sûr, mais aussi du thé à la menthe et d’autres gâteries. Si on en avait envie, on achetait des petites choses importées de Tunisie: de la poterie de Nabeul, les petites casquettes de velours rouge portées par les Tunisiens, des couscoussiers, des tajines marocains, et d’autres trucs pour égayer la maison ou mieux, la terrasse. Autrement, l’intérieur de la boutique a tout du souk: on y vend des huiles (assez bon marché) d’une douzaine de pays, des olives aussi, de la viande et de délicieuses merguez d’agneau. Excellente adresse. À découvrir.