Restos / Bars

Toast! : Au plaisir!

Une cuisine inventive et raffinée servie dans une ambiance totalement dénuée de prétention, où les serveurs semblent passer un aussi bon moment que les clients: voilà l’esprit du Toast!, en version condensée. Levons notre verre… au plaisir!

Malgré ses prestigieuses cinq étoiles, le Toast! ne s’embarrasse pas de manières guindées et invite le client à en faire autant. Pas de chuchotements polis, pas de police des coudes sur la table. C’est bruyant, c’est vivant, c’est joyeux. Et on adore. Car manger est un plaisir, et le plaisir compte une part d’abandon. Mais attention: si c’est plus décontracté que ce à quoi on s’attend, ça reste classe. Cette cuisine de haut calibre mérite un environnement à sa mesure.

Le menu, à prix fixe mais au contenu variable, tient en 15 plats, 5 pour chaque service, en plus de quelques assiettes de fromages. Il faut évidemment goûter au foie gras du Canard goulu, la spécialité du chef, Christian Lemelin. Ce sera vite chose faite, une fois que nous aurons pleinement savouré nos amuse-bouche: thon rouge en tataki, caviar d’aubergine au sésame et craquant de won-ton, puis un décadent fromage de chèvre surmonté de saucisse et d’échalote frite. Croustillant à l’extérieur, fondant mais de belle tenue à l’intérieur, le foie gras (servi avec jambon maison) se laisse manger avec bonheur. Le vin suggéré par notre sympathique serveur, un chardonnay bien vif (Trapiche Finca Las Palmas), forme avec lui un accord qui mérite 10/10. Des pois verts et du maïs de Neuville amènent une touche de fraîcheur bienvenue. L’extase se répercute sur les parois de mon assiette, qui compte un suppli (une divine croquette de risotto) chapeauté de gros cubes de thon, de saumon et d’escolar crus. C’est d’une finesse! Subtiles, les saveurs se fondent habilement l’une dans l’autre, dominées par la touche piquante de l’huile de citron. Mon seul regret: que le plat ne compte pas plus de câpres frites, une découverte quasi jouissive!

Avant d’apporter nos plats principaux, le serveur nous débouche un chilien (Chocalán) qui s’harmonisera autant avec mon agneau qu’avec la perdrix de David, assure-t-il. On ne pourra que lui donner raison. Les riches arômes de fruits rouges et de réglisse de ce cabernet-sauvignon épousent à merveille mon agneau de Kamouraska assaisonné au jerk, escorté d’une délicieuse salade d’aubergines au xérès ainsi que de merguez, de chanterelles, de tomates cerises et de gnocchis de courge musquée baignant dans une savoureuse sauce. Je me retiens de ronger l’os, mais le serveur m’y invite avec bonhomie, me faisant remarquer que sa chemise n’est même pas entrée dans son pantalon – signe que je peux faire une entorse à l’étiquette. David vit un moment de félicité en compagnie de sa perdrix aux épices maison, dont le goût se révèle à la fois relevé et subtil. Étonnant! Son assiette lui fait aussi connaître les délices d’une jambonnette braisée, de morceaux de saucisse maison, d’une purée de céleri-rave (fabuleuse) et d’une ludique "salade façon César", soit du céleri rémoulade sur de la roquette.

Comme les portions étaient décentes, il nous reste une petite place pour un dessert. Heureusement! Sinon nous serions passés à côté du cake croustillant à la pomme Cortland, fondant au lait de coco, glace au cari et salade de fenouil au sirop de pomme, de même que de la tarte à la pêche poêlée et sumac flambée au triple sec et caramel, sur une pâte façon palmier. Rater ça aurait été d’une tristesse…

EMBALLANT /
Des plats raffinés qui ne font pas d’esbroufe, des produits frais joliment mis en valeur, un service naturel mais professionnel, un décor chaleureux (avec tant de rouge, difficile de faire autrement). Bref, l’expérience dans son ensemble.

DECEVANT /
Deux ou trois vins au verre de plus seraient appréciés.

COMBIEN? /
Pour deux, 140 $ le soir (excluant boissons, taxes et pourboire).

QUAND? /
Dès 18h tous les soirs.

OU? /

Toast!
17, rue du Sault-au-Matelot
418 692-1334
www.restauranttoast.com