Restos / Bars

L’affaire est ketchup : Comme à la maison

Dans ce petit local sans prétention, des passionnés concoctent du comfort food actualisé, une cuisine emplie de chaleur et sans cesse renouvelée. C’est simple, c’est facile et c’est bon. L’affaire est ketchup!

J’aimerais me caler avec vous dans le sofa des souvenirs. L’air est chargé des odeurs mélangées d’un rosbif au jus et du parfum floral, trop prononcé, de maman. Il y a des lambris peints et des photos encadrées de grands-parents, sur les murs. Une nappe vert foncé où filent des broderies de marguerites. Un énorme carré de beurre fond au sommet d’un amoncellement de pommes de terre pilées. On dirait de la lave jaune. L’atmosphère est naïve. Ça sent l’enfance.

Rien ne vaut la dose de réconfort que procure un plat maison. Cette simplicité nous rappelle nos racines, nous aspire à une époque où tout nous paraît doux. Où notre vie effrénée prend enfin une pause. Juste pour fixer le moment d’une bouchée. Juste pour croire que le présent s’est densifié.

L’affaire est ketchup l’a compris.

Le resto ressemble au salon de ma grand-mère; on a écarté les divans pour faire place à quelques tables et à des chaises. Mon regard se pose sur un vieux vaisselier en bois où sont rangées les bouteilles de vin et, au fond, vers un minuscule bar derrière lequel se cachent deux cuisinières à éléments électriques. Respect total du concept: ici, vous ne mangerez que ce qui peut être fait à la maison.

Notre serveur nous parle du menu de la soirée: un tableau de craie, au mur, qui change toutes les semaines, et où un plat est ajouté ou modifié tous les jours.

Ce n’est pas du pâté chinois. Pas nécessairement. Mais le gratin dauphinois, les rillettes de canard, le jarret d’agneau et le steak de flanc de bison me plongent sous les jupes de maman. Mon moi carnivore refait surface. Afin de bien l’accompagner, j’opte pour un cabernet sauvignon d’importation privée. Impressionnant, ce Halstead 2008. Plus fruité que ses congénères californiens, avec des notes de poivrons verts qui se marient bien aux viandes rouges.

Mon amie Kathryne, affamée, prend d’assaut son tartare de boeuf de la boucherie Eumatimi. Une texture franche; le goût du fier bovin n’est pas masqué par l’acidité des câpres, le piment et la coriandre. Les yeux de Kathryne roulent et semblent me dire: juste parfait. Amateur incontesté des calmars, je me rue sur les céphalopodes marinés dans le lait et arrosés d’une sauce au lait de coco et au curry. J’aurais souhaité plus de tendreté, mais l’équilibre de l’assaisonnement comble ce léger désagrément.

Mes short ribs de bison, nappés d’une sauce épaisse et finement tomatée, trempent leurs côtes dans une purée de pommes de terre. C’est bien filandreux, un peu coriace en bouche, parce que c’est plus viril. Les ribs ne font jamais la tendresse. Je m’en lèche les doigts.

Mon amie est un peu déçue par ses magrets de canard présentés en fleurs sur un lit de lentilles. Le xérès qui avait attiré son attention est évanescent, la volaille rend grâce sans effort sous la dent mais n’est pas aussi saignante et juteuse qu’espérée. Et le réconfort, lui? Il demeure au rendez-vous.

Café du Nektar ou thé du Camellia Sinensis? Ce sera du thé vert, pressenti mari idéal du coulis de fraises servi avec le couscous israélien et le brownie du moment. Le goût est vrai, chaleureux et honnête.

Comme à la maison.

Nous rions comme des enfants.

EMBALLANT /
La bouffe maison actualisée et changeante. Un réconfort que l’on peut aussi prendre pour emporter.

DÉCEVANT /
L’attente parfois un peu longue entre les services lorsque l’endroit est bondé.

COMBIEN? /
Pour deux, environ 60 $ le soir et 30 $ le midi pour une entrée, un plat principal et un dessert (excluant boissons, taxes et service).

QUAND? /
Mardi au vendredi de 11h30 à 15h30 et de 17h30 à 23h. Samedi de 17h30 à 23h. Fermé dimanche et lundi.

OÙ? /
L’affaire est ketchup
46, rue Saint-Joseph Est
418 529-9020
laffaireestketchup.net