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L’Orpailleur : Vigne trentenaire

Baptisé par Gilles Vigneault, lui-même, L’Orpailleur, ce vin à la robe dorée de la région des Cantons-de-l’Est, fête, cette année, trente ans d’existence. Retour sur l’histoire de ces pionniers de la viticulture québécoise.

Fils de vigneron originaire des Costières de Nîmes dans le sud de la France, Charles-Henri de Coussergues est arrivé au Québec il y a un peu plus de trente ans avec un rêve un peu fou: faire pousser de la vigne ici, dans cette région où les hivers glaciaux ont découragé les ambitions viticoles des premiers colons et jésuites de la Nouvelle-France.

En effet, la vigne ne résiste pas aux températures avoisinant les moins trente degrés. Mais heureusement pour l’histoire du vin québécoise, M. De Coussergues et ses acolytes ont mis au point une technique qui permet de protéger les pieds de vigne durant l’hiver en les recouvrant de terre, appelée buttage. "Notre idée de faire du vin au Québec était perçue à l’époque comme utopique. On a été les premiers défricheurs et on aurait pu se planter, mais on a été chanceux. En trente ans, on a développé un savoir-faire et on a démontré que c’était viable d’implanter une viticulture ici et de produire du vin de qualité", explique le vigneron.

Effectivement, aujourd’hui, trois décennies après que les premières vignes du vignoble de L’Orpailleur ont été plantées, il existe près de 85 vignobles au Québec, qui possède désormais sa propre route des vins. Et les consommateurs, eux, sont de plus en plus aguerris: "Les gens sont très connaisseurs, et ils ne sont pas moins exigeants avec les produits québécois, au contraire! Il faut donc se démarquer en misant sur la typicité du terroir et créer des produits de niche, avec une signature particulière", croit le viticulteur.

Se promener dans les vignes

Autre idée saugrenue pour l’époque: développer l’agrotourisme, ou plutôt, l’oenotourisme, un concept devenu très en vogue depuis. "Dès le départ on a pris ce pari de vendre notre vin à la propriété et de proposer des visites où l’on explique l’histoire qu’il y a derrière une bouteille de vin."

Pari réussi donc pour ce vignoble qui a produit sa première cuvée en 1985, un vin blanc à la robe dorée dont Gilles Vigneault a déniché le nom: L’Orpailleur, qui signifie chercheur d’or. "On voulait un nom qui s’éloignait de la tradition française et qui nous rattachait à notre région. Et M. Vigneault a eu ce coup de génie de ramener ce terme qui désignait ceux qui tamisaient les rivières des Cantons-de-l’Est à la recherche d’or", raconte M. De Coussergues.

Si L’Orpailleur se spécialise depuis le début dans le blanc – le seyval, un vieux cépage européen bien adapté à nos étés et résistant aux maladies qui a connu ses heures de gloire en France au siècle dernier -, son offre s’est diversifiée au fil du temps: L’Orpailleur Rosé, la Cuvée Natashquan (blanc vieilli en fût de chêne), le Brut de Brut (mousseux à la méthode champenoise), un vin de glace et même un rouge! "Cela n’aurait pas été pensable il y a 30 ans de faire un rouge, mais on a vu un réel réchauffement au cours des dernières années. La gelée d’automne arrive désormais vers la fin octobre, ce qui nous permet de produire un peu de rouge." Comme quoi le réchauffement climatique peut avoir du bon…

L’Orpailleur
1086, rue Bruce, Dunham
450 295-2763, www.orpailleur.ca

Ouvert 7 jours du 7 jusqu’au 31 octobre

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Marier art et vin

Pour célébrer en grand son 30e anniversaire, L’Orpailleur s’est associé à l’artiste Danièle Rochon pour organiser Nature sous influence, une exposition de land art. Ce dernier invite les artistes à sortir des musées et des galeries pour investir la nature. L’artiste peut ainsi s’inspirer de la spécificité d’un endroit ou d’un paysage, pour créer une oeuvre en symbiose avec son environnement. Danièle Rochon propose 24 stations à explorer en suivant un sentier balisé à travers le vignoble. Ses sculptures éphémères, à même le sol ou extensions du paysage, dialoguent avec la nature, en réagissant aux divers éléments: vent, soleil, changement de saison.