Patente et machin
Restos / Bars

Patente et machin

Chez Patente et machin, tout goûte parfait, puissance 10. En prime, le menu s’écarte du commun, et l’électricité qui grésille dans l’air incite à la débauche. 

Ce n’est pas l’endroit pour faire vœu de tempérance. L’ardoise des vins est invitante, presque autant que celle des plats – qui ne connaissent ni la mesure ni la légèreté. Si vous êtes déjà allés à L’Affaire est ketchup, qui appartient aux mêmes proprios, vous serez en territoire familier. Il y a aussi là une parenté d’esprit certaine avec le montréalais Joe Beef.

On a beaucoup dit de Patente et machin que c’était un resto de gars. Peut-être parce que les salades s’y font rares, ou que la déco est volontairement bancale (horloge O’Keefe, thème de pirate partiellement exploité, laminé de photo d’école un peu creepy). Peu importe, être une fille ne m’empêche pas d’adorer cette adresse, son caractère brut, mais surtout sa cuisine en pleine possession de ses moyens.

Les choses tourneront rondement, puisque nous devons libérer la table pour le service de 20h30. Early birds ou pas, nous écluserons une bouteille de Pinot noir Mandolin (Monterey, Californie). Dès que le serveur vient nous raconter le menu avec force détails, j’ai envie de tergiverser, mais vite, je me branche. Après quelques huîtres Lucky Lime arrosées de sauce piquante Tapatio, j’entame mon «machin»: une demi-caille en deux façons (cuisse confite et poitrine rôtie) sur une généreuse tombée de champignons (pleurotes, shiitakés et pieds bleus) légèrement crémée, hyper goûteuse, et qui génère des étincelles combinée au salé de la peau du volatile. David se régale de son tartare aux trois viandes (cerf, bison, bœuf) parfaitement détaillé, auquel des pistaches apportent du croquant. Une simple vinaigrette lie l’ensemble, laissant la saveur des viandes se révéler dans toute sa splendeur.

Voici maintenant ma «patente»: six pétoncles poêlés à l’unilatérale et nappés d’une sauce au foie gras assez discrète, plat que j’ai bonifié d’un extra foie gras poêlé procurant un pétulant kick de goût. Et quand on mélange tout ça à la purée de topinambours, on voit des étoiles. On en oublie presque les légumes (asperges, carotte, rabiole…). Deux belles grosses noix de ris de veau pochées à la crème, puis poêlées au beurre font de l’œil à David, qui leur rendra les hommages qu’elles méritent. Elles sont posées sur un lit de spätzles (petites pâtes irrégulières un peu sucrées) à la sauce crémée au vermouth et pieds bleus. Riche et délicieux.

Aucun être humain normalement constitué n’aurait encore faim après ces substantielles assiettes. Pourtant, ce serait une grave, grave erreur de passer outre aux desserts. Celui qui est devenu un classique de la maison, d’abord: un excellent pouding chômeur gratiné au cheddar Perron quatre ans. Le salé du fromage se fond vite dans le sucré du sirop d’érable, créant une toute nouvelle saveur. En mode plus léger, j’ai opté pour une poêlée de dés de pommes à la vanille et au sirop d’érable, entourée d’un ruban de yogourt au chocolat blanc et surmontée d’une espuma à la pomme Granny Smith, le tout parsemé de mini-meringues au café. Un dessert de fille? Non. Un dessert de chef.

Emballant /

La bouffe, originale et impeccable (saveurs concentrées, cuissons maîtrisées, assaisonnements précis). La carte des vins accessible et singulière. Le service enthousiaste.

Décevant /

Manger sur du Bon Jovi, du George Thorogood et du Twisted Sister à fort volume peut devenir, disons, agressant.

Combien? /

Pour trois services, pour deux personnes, 90$ le soir (excluant boissons, taxes et pourboire).

Quand? /

Du mardi au dimanche soir.

Où? /

Patente et Machin

82, rue Saint-Joseph Ouest, Québec

581 981-3999