Les Incorruptibles – L'engagement d'un restaurateur
Restos / Bars

Les Incorruptibles – L’engagement d’un restaurateur

Dans le quartier Ahuntsic, un bar-restaurant atypique a vu le jour il y a un an. Et ce dernier est synonyme de bien plus qu’une bonne bouffe.

Eric Jolander aime son quartier. Natif et toujours résident d’Ahuntsic, il en parle affectueusement: «C’est le plus vieux quartier de la ville. À une époque, la rue Fleury était d’ailleurs une artère prisée et prestigieuse. L’architecture ici est distincte, avec des propriétés qui ont du caractère. Et nous avons la chance d’avoir plein de commerces indépendants. Boulanger, fromager, épicerie; tout ce dont nous avons besoin, nous le trouvons ici.» Enfin, tout, sauf du choix en matière de bars et de restaurants un peu plus à la page, surtout pour la clientèle des actifs de plus de 25 ans. Si bien qu’après 14 années passées à acheter, remonter et revendre des commerces, Eric Jolander s’est lancé dans l’aventure avec un bar, le Über, premier du genre à attirer une clientèle qui devait auparavant se rendre jusqu’au Plateau ou au Centre-ville pour prendre un verre la nuit. Et ce premier essai concluant a été suivi d’un second: le bar-restaurant Les Incorruptibles.

Miser local

Investir dans la restauration dans Ahuntsic, était-ce naturel? «Oui, mais il faut le choisir, car réussir dans ce quartier est plus long et difficile que dans d’autres qui ont le vent dans les voiles comme Villeray.» Une contrainte qu’Éric Jolander ne semble néanmoins pas regretter, puisque cet établissement, tout comme la nouvelle taverne méditerranéenne L’Alexia (à essayer), est devenu une destination dont la réputation dépasse largement les frontières de Montréal. Il faut dire qu’avec son look des années 1950-60, les diverses clientèles touchées (on y va pour prendre un verre comme pour un repas en amoureux) et la qualité indéniable de sa cuisine (riche de beaucoup de produits québécois de saison), Les Incorruptibles ont tout pour plaire.

Valeurs familiales

Mais ce concept s’ancre sur une base encore plus intéressante, l’histoire. Celle, tout d’abord, du père d’Eric Jolander, qui était policier et a légué trois valeurs fondamentales à son fils: l’intégrité, la loyauté et l’honnêteté. Des principes que ce dernier a souhaité mettre de l’avant aux Incorruptibles, dans le décor comme dans les assiettes (menu accessible ICI): «Je suis tanné que les restaurateurs soient vus comme des bandits. Et je trouve aberrant qu’on fasse payer à des clients des plats 30 dollars alors qu’ils n’en valent que 5. Nous, on a donc des coûts de revient très serrés et on ne veut travailler qu’avec des fournisseurs qui font bien les choses. C’est notre marque de fabrique.»

La notion d’héritage s’ancre aussi dans les cocktails de l’endroit, qui ont tous un lien avec le passé. «Personnellement, je trouve que l’adage québécois « je me souviens » n’est pas assez défendu, alors je l’ai intégré dans chaque création. Il faut être fier de ses racines.» Le cocktail Parc Belmont nous rappelle ainsi, de par sa couleur rouge, le sang qui a pu couler dans ce parc d’attractions très populaire fermé en 1983 pour des motifs plus commerciaux (ouverture de La Ronde) que sécuritaires. Une démarche engagée et inspirante.