Vie

Polar Bear Club : L'eau chaude, l'eau frette

Ils sont là, en maillot de bain, sur un balcon de bois entouré de neige. Au Polar Bear Club, ils aiment ça chaud et froid!

Piedmont, février 1999. Malgré un soleil radieux, il fait presque moins dix degrés. Autant dire que ça caille, dans les Laurentides. Au bord de la rivière à Simon se déroule un spectacle inusité: sur un balcon de bois, une bande de braves discutent, en bikini ou en boxer. De leurs corps mouillés émane une vapeur dense, leur faisant comme une aura blanche! Ces fous (c’est d’abord ce qu’on croit en les voyant) rigolent, une bouteille d’eau à la main, comme s’ils étaient accoudés à un bar «santé», après une séance d’entraînement. Sauf que ces hurluberlus prennent plutôt une pause, entre un sauna et un plongeon dans une rivière glacée!… Bienvenue au Polar Bear Club!

Les adeptes de ce genre d’activités ne sont pas des ours polaires. Au contraire! La plupart d’entre eux arborent de tout petits maillots, si petits parfois qu’on a l’impression d’assister à un défilé des pages «maillots» du magazine Sports Illustrated. Nordique, cela va de soi. Outre cet affichage de courbes et de lignes – pas toujours harmonieux -, le sauna rallie une foule branchée qui n’a pas froid aux yeux.

Les fesses à l’eau
Dans le décor féerique des Laurentides, les remous de la rivière à Simon grognent doucement, s’accordant un répit à l’endroit où, justement, le relais de santé abritant le Polar Bear Club a élu domicile. En ce beau dimanche après-midi, le stationnement déborde! Une foule d’après-skieurs se pressent pour décompresser après une journée sur les sentiers ou sur les pentes. L’activité ravigote, c’est le moins qu’on puisse dire. Évidemment, je l’ai testée! Après une bonne journée de ski de randonnée.

Le sauna finlandais est une drôle d’invention. Créé dans les pays nordiques, où on le fréquente assidûment, cet exercice procure un coup de fouet instantané! Et une détente inattendue. C’est d’ailleurs ce que l’on prône au Polar Bear Club: la détente. Dans cet antre de la relaxation – où l’on offre également toute une série de massages -, on pénètre comme dans un club de sport. Simplement, sans chichi. On s’inscrit au comptoir, et on se dirige vers le vestiaire, en empruntant le couloir enneigé jouxtant la rivière. Je peux difficilement imaginer que, dans quelques minutes, j’irai rejoindre ces rigolos en maillot, qui semblent imperméables à la froidure. Parce qu’il fait froid. Quoi qu’on en dise. Pourtant, le frisson qui me parcourt l’échine n’est pas uniquement dû à la température. Vais-je survivre à cette expérience? Voilà qui me fout la trouille. Car le contact chaud-froid, même bon pour la santé, ne risque-t-il pas de m’envoyer relaxer au paradis?

Ces interrogations en tête, j’enfile tout de même mon «speedo». Faut ce qu’il faut. Je me précipite ensuite dans le bâtiment abritant le sauna, une cabane de bois où l’on trouve également une salle de relaxation. Il ne fait vraiment pas chaud, dehors, en maillot de bain. Là, Mike me prend en charge, m’expliquant le principe: on sue une quinzaine de minutes – jusqu’au moment où l’on n’en peut plus -, on sort du sauna, on plonge dans la rivière et on recommence. Entre le sauna et la baignade, Mike m’explique que l’on doit passer quelques minutes dans la salle de relaxation, afin de laisser le temps au corps de reprendre une température «normale», avant de refaire le processus sauna-baignade.

J’entre donc dans la boîte à suer. Comme dans un confessionnal, les discussions se déroulent à voix basse, pour ne pas troubler la méditation de nos voisins. Pendant qu’on fait «sortir le méchant», on peut observer, par des fenêtres judicieusement disposées, ceux qui s’ébrouent allègrement dans la rivière à Simon. Cet aperçu rassure le futur baigneur. Si eux le font…
Après quinze minutes de sudation, je n’en peux plus. Je prends mon courage à deux mains, et je sors sur le balcon. Tiens, je ne sens pas le froid. Je m’avance doucement jusqu’à la rivière, dont les eaux claires sont, ma foi, attrayantes. J’entre dans l’eau. Ouf! Les pieds d’abord, puis les fesses, puis le corps entier, la tête aussi. Une saucette rapide, soit! Une dizaine de secondes suffisent. Dégoulinante, je prends mes aises, sur le balcon. Toujours vivante. Et pas mal bien à part ça. Le sauna scandinave éclaircit les idées – chassant les vapeurs du samedi! – et détend chacun des muscles auparavant sollicités. Le bien-être est quasi immédiat!

Je récidive plusieurs fois. J’ai aussi l’option «bain tourbillon» bouillant, que j’explore, évidemment. Une dizaine de personnes prennent place dans ce jacuzzi planté en plein bois. Assez exotique, merci. Ici, on cause haut et fort. Certains en profitent pour nouer de nouveaux contacts… Pourquoi pas! D’autres iront plutôt se faire «steamer» dans le bain de vapeur, établi un peu plus loin, au fond du dédale de bois. Enfin, tous les ours polaires, qui n’en sont pas, semblent apprécier. Je suis rentrée chez moi la batterie chargée à bloc, prête à reprendre le collier. Et cela, sans un soupçon de grippe.

Pour des renseignements: (450) 227-4616. Le Polar Bear Club n’est pas l’unique endroit où l’on peut connaître les vertus de sauna scandinave. Plusieurs relais santé offrent cette formule. Pour les connaître contactez l’Association des relais santé, au (450) 479-1690. Bon bain!

Hors-circuit
Aide-mémoire pour les amateurs de plein air

Salon national du grand air de Québec, du 25 au 28 février, au Centre des congrès de Québec.

Salon camping plein air, chasse et pêche de Montréal, du 25 au 28 février, à la Place Bonaventure.

Salon camping plein air, chasse et pêche de Québec, du 11 au 14 mars, au Centre de foires d’Expo-Québec.

Salon national du grand air de Montréal, du 17 au 21 mars, au Stade olympique (si rouvert).

Ciné-conférence sur la rivière Nahanni
De son expédition au cour des Territoires du Nord-Ouest dans le secteur de la rivière Nahanni, André Malacket a rapporté plus de quatre heures et demie de visuel. Il a réalisé un montage d’environ une heure, tout en images et en musique, qu’il présentera dans le cadre de conférences destinées au grand public et surtout aux jeunes. A Montréal, le 27 février, à la maison de la culture Villeray/Parc Extension/Saint-Michel. A 20 h. Entrée gratuite. (A. M. Parent)