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La télévision cinématographique

TOP OF THE LAKE

L’an dernier, lors d’une entrevue accordée au Telegraph, Jane Campion (The Piano) utilise le terme révolution pour parler de ce qui se produit en télévision ces dernières années. Elle qui venait de réaliser la mini-série Top of The Lake (BBC), est même allée jusqu’à qualifier le cinéma de « conservateur ». C’est dire que la télé d’aujourd’hui n’a rien à voir avec celle d’hier. Pourquoi se contenter du cinéma alors que le format télévisuel permet d’explorer une histoire beaucoup plus profondément?

Nous sommes en train (ou avons) d’assister à la naissance d’une nouvelle télévision. Une télévision aux airs cinématographique qui repousse autant les tabous culturels que les frontières de l’esthétisme. Cette nouvelle télé est excitante; elle ose. Elle nous séduit avec des histoires ou l’on sympathise avec le bad guy (Breaking Bad), elle se permet de réinventer les classiques (Hannibal) et nous fait tomber amoureux de personnages étincelants qui, dans la réalité, n’auraient rien pour nous plaire (Californication). Sa portée, étant presque illimitée grâce au web, fait d’elle un point commun considérable qui ne cesse de nous donner envie d’en parler. J’irais jusqu’à dire que beaucoup des séries produites en ce moment n’ont rien à envier au grand écran en terme de prestige et de qualité.

J’utilise la série de Campion à titre d’exemple pour illustrer ce changement, cette évolution. L’augmentation du prestige rattaché au petit écran est en partie ce qui fait qu’un grand nombre de cinéastes et acteurs chevronnés acceptent d’y prêter leur talent. Top of The Lake n’a certes pas atteint les cotes d’écoute ou la popularité de Breaking Bad, mais la série – avec Élizabeth Moss (Mad Men) et Holy Hunter (Thirteen, The Piano) qui offrent des performances impeccables – a été acclamée par la critique.  Il va de soit que d’unir Campion, Hunter et Moss garanti un minimum d’attention médiatique autour de ladite série. On peut facilement déduire que c’est ce genre d’associations fait gagner de la crédibilité au médium. Et avec toute la diversité qui s’offre à nous, c’est ce que nous voulons: une assurance de qualité.

Je suis intriguée, donc je clique. Savoir que Top of The Lake a été réalisé par Campion a suffi à me le faire choisir sur Netflix. J’ai regardé How to Get Away With Murder pour voir Viola Davis et la même affirmation s’applique à True Detective pour Matthew McConaughey. Et ce, simplement parce que j’imagine qu’un acteur ou un réalisateur de ce calibre ne s’impliquerait pas dans un projet de moindre qualité.

La télé (le terme englobe aussi le visionnement en ligne) est encore aujourd’hui le médium de masse par excellence. Cette fusion entre le cinéma et la télévision a le mérite de pousser les standards d’excellence plus haut, et ça culturellement, c’est précieux.

Je termine par une petite théorie, avec laquelle Eduardo ne sera surement pas d’accord (mais je me lance tout de même): la télévision gagnera en popularité au détriment du cinéma. Tout semble indiquer que la série sera le véhicule narratif par excellence pour les années à venir. En attendant, j’ai bien hâte de voir ce que nous réserve la télé en 2015.

À toi Ed!