Festival Innu Nikamu : quand Mani-Utenam se transforme en berceau artistique

Festival Innu Nikamu : quand Mani-Utenam se transforme en berceau artistique

Aujourd’hui portée par de jeunes artistes comme Matiu ou Scott-Pien Picard qui font jaser d’un bout à l’autre du Québec, la scène musicale innue doit beaucoup au festival Innu Nikamu, véritable révélateur de talents et événement rassembleur pour toutes les Premières Nations du pays… et pour les autres! À l’approche de la 35e édition, regard sur cet événement unique.

«On dit qu’à Mani-Utenam, il y a un musicien à toutes les deux ou trois maisons!», s’enthousiasme Kevin Bacon Hervieux, directeur artistique du festival Innu Nikamu. Créé par Florent Vollant et un groupe de passionnés en 1984, l’événement est devenu au fil du temps l’un des plus importants festivals de musique et d’art autochtone en Amérique du Nord.

D’abord très local et très artisanal, il s’est professionnalisé jusqu’à jouer dans la cour des grands. Aujourd’hui, il a transformé Mani-Utenam et fait naître dans la réserve de nombreuses vocations musicales, «des artistes innus qui manient la guitare avec brio et qui expriment leurs préoccupations identitaires avec force», comme le dit très justement Kevin Bacon Hervieux. Et le «Mani-Utenam sound» se diversifie: on commence même à entendre du hip-hop et du R&B dans les chaumières, selon la rumeur…

«Le festival joue un rôle important dans la communauté, analyse Kevin. Il est une source de bien-être et de fierté permettant de lutter contre un certain désarroi social ambiant.» Le mieux, c’est que cette fierté étend aujourd’hui ses tentacules hors de la réserve: le public d’Innu Nikamu est de plus en plus varié. Non seulement il provient d’autres nations autochtones du pays, mais c’est aussi l’occasion pour les non-Autochtones d’oser mettre les pieds dans une réserve et déjouer les préjugés.

«On a fait l’effort depuis quelques années d’inviter des artistes non-autochtones populaires, comme Koriass ou Zachary Richard, pour attirer un public nouveau. Et ça marche!» C’est aussi l’ambiance familiale et bon enfant de ce festival sans alcool qui attire les curieux.

Un regard sur le reste du Canada

Cette année, la programmation d’Innu Nikamu va étonner les habitués: le festival a décidé de tendre la main à une poignée d’artistes autochtones de l’Ontario, de l’Ouest et des Maritimes. «Il faut faire l’effort de découvrir cette scène très effervescente et absolument méconnue au Québec», pense Kevin.

On pourra notamment applaudir Digging Roots, un groupe mohawk ontarien en pleine ascension au Canada anglais, et le rappeur Drezus, un artiste de Winnipeg dont le succès est impressionnant. On vous invite à écouter notamment [youtube href= »https://youtu.be/Onyk7guvHK8″]Stand Up/Stand N Rock[/youtube], sa collaboration avec Taboo des Black Eyed Peas.

La scène locale sera évidemment bien représentée, avec une performance inédite de Natasha Kanapé Fontaine, un concert-retrouvailles de Kashtin, ainsi qu’une sélection enviable de concerts d’artistes innus de Mani-Utenam.