Cinémaniaque

Keviiin!

Ceux qui me connaissent bien savent que je ne suis pas très branchée Noël. Vous voulez me faire passer un mauvais quart d’heure? Pas compliqué, vous n’avez qu’à entonner n’importe quelle chanson festive, en vous accompagnant ou non d’insupportables grelots, et je me sens aussi bien que si j’entendais des ongles sur un tableau.

J’ignore pourquoi la période des Fêtes m’insupporte à ce point, d’autant plus que j’ai de très beaux souvenirs des Noëls de mon enfance – peut-être pas aussi extraordinaires que ceux de Fanny et Alexandre de Bergman, mais quand même. À preuve que je ne suis pas une si mauvaise fille, les cadeaux pour mes cocos sont déjà achetés et bientôt, je passerai des heures à mitonner des petits plats et des friandises pour mes proches… sans parler des films de Noël que j’aurai du plaisir à revoir pour la énième fois.

D’ailleurs, quels sont vos films de Noël préférés? Mon oncle Antoine de Claude Jutra? Le Martien de Noël de Bernard Gosselin? La guerre des tuques d’André Melançon? Êtes-vous accro à la super programmation de Ciné-cadeau depuis 30 ans?

Tel que rapporté par Les Inrocks, si l’on se fie aux cotes d’écoute de la télévision française, les Français seraient friands des Bronzés font du ski de Patrice Leconte, La grande vadrouille de Gérard Oury, Le père Noël est une ordure de Jean-Marie Poiré et Maman, j’ai raté l’avion de Chris Columbus, version française de Home Alone.

Chez nos voisins du sud, les tribulations du petit Kevin McCallister, interprété par Macaulay Culkin, demeurent aussi populaires, plus particulièrement la suite de ses aventures à New York. Le classique de Frank Capra avec l’inoubliable James Stewart, It’s a Wonderful Life, aurait toujours la cote, de même que la médiocre franchise Santa Clause mettant en vedette Tim Allen et l’adorable A Christmas Story de Bob Clark.

Bien que je trouve craquant le blondinet et débrouillard Kevin, c’est plutôt Un conte de Noël d’Arnaud Desplechin, splendide chronique d’une famille dysfonctionnelle (ah! le beau pléonasme!) mettant en vedette l’impériale Catherine Deneuve et l’extraordinaire Mathieu Amalric, qui fait battre mon cœur. Depuis plus de 20 ans, je résiste difficilement à l’irrévérencieuse et déjantée comédie de Poiré ci-haut citée dont je connais les répliques par cœur; en fait, je ris avant, pendant et après chaque tirade féroce, donc il vaut mieux ne pas la voir en ma compagnie.

Si la féerie de Noël ne parvient pas à m’émerveiller, je tombe sous le charme de la féerie macabre de Tim Burton dans l’ensorceleur The Nightmare Before Christmas de Henry Selick où le roi de l’Halloween, gracieuse créature squelettique, veut recréer Noël à sa façon. Comme j’aime bien les comédies musicales, j’ai aussi du plaisir à revoir 8 femmes de François Ozon – ben quoi, cette histoire de meurtre se passe pendant le temps des Fêtes, non?

Sans doute parce que j’ai dû le voir chaque Noël de ma jeunesse, le film qui représente par excellence le temps des Fêtes reste pour moi The Sound of Music de Robert Wise. Eh oui, c’est d’une opulence kitsch, bourré de bons sentiments, mais lorsque j’entends la voix cristalline de Julie Andrews, je reviens en enfance… ce qui me permet donc de passer à travers les Fêtes sans complètement perdre la tête. Je vous l’avais bien dit que je n’étais pas une si mauvaise personne que ça…

Coup de cœur: Fils de psychanalyste, ex-membre des Speedies, groupe pour lequel il a composé le tube Let Me Take Your Foto (utilisé par Hewlett-Packard pour sa pub d’appareils photo numériques), Gregory Crewdson a découvert la photographie en tombant amoureux d’une photographe. Inspiré par Diane Arbus et le cinéma de genre, Crewdson crée des séries de tableaux baignés d’une lumière crépusculaire, d’une étrange beauté et forts de riches détails. Pour Brief Encounters, le documentariste Ben Shapiro a suivi pendant plus de 10 ans Crewdson alors qu’il réalisait sa magnifique série Beneath the Roses. Attentif et patient, Shapiro a su capter l’essence de ce grand photographe qui livre généreusement sa vision artistique alors qu’il s’affaire sur les plateaux dont l’ampleur rappelle celle du cinéma naturaliste américain. Les photographes Jocelyn Michel et John Londono présenteront ce fascinant documentaire respectivement les 15 et 18 décembre. cinemaduparc.com

Haut-le-cœur: Il paraît qu’une adaptation du populaire jeu Angry Birds se posera sur nos écrans à l’été 2016, en 3D évidemment. La firme Rovio aurait engagé John Cohen à titre de producteur et David Maisel, autrefois chez Marvel, comme producteur exécutif. Misère, les scénaristes américains ont-ils si peu d’imagination?