Rap local : Rymz, Yen Collective et Le Réel Fléau
Musique

Rap local : Rymz, Yen Collective et Le Réel Fléau

Chaque semaine, cette chronique vise à mettre en lumière les plus récentes sorties rap québécoises et à faire un étalage non-exhaustif des prochains shows hip-hop à ne pas manquer.  

Rymz, la déchirure //

Un an et demi après le frappant Indélébile, le rappeur maskoutain Rymz propose Petit Prince, un deuxième album plus méditatif mais tout aussi percutant.

«Avec du recul, quand je le réécoute, je le perçois comme la suite d’Indélébile», explique le rappeur de 27 ans. «Le premier, je replongeais dans mes souvenirs. Disons que ça tournait pas mal vite dans ma tête… Là, j’ai pris le temps de m’arrêter et d’aborder ma vision sur le monde.»

En filigrane de ce deuxième opus : l’ouvrage classique de l’écrivain  Antoine de Saint-Exupéry. «C’est drôle parce que, quand j’étais kid, je la trouvais emmerdante, cette histoire. Je trouvais même que les dessins étaient wack…» admet le Montréalais d’adoption, qui a redécouvert l’œuvre Le Petit Prince auprès des enfants de la DPJ avec qui il travaille.

«J’ai compris que c’était une histoire incroyable et que, finalement, les dessins étaient très fly! C’est le mood général de l’histoire qui m’a interpellé. Quand j’écris, je suis seul dans ma bulle, sur ma planète, et je jette un regard sur ce qui se passe à l’extérieur.»

Même s’il fait encore l’apologie de la «fast life» et du «vivre vite, mourir jeune», Rymz se fait un peu plus lucide sur ce deuxième album. Entre son rôle de porte-parole/messager auprès des jeunes et ses envies de liberté adulescente, le rappeur admet être partagé. «L’album laisse transparaître ma déchirure», explique-t-il par rapport à cette ambivalence. «Si on me suivait avec une caméra, on verrait que, dans la vie de tous les jours, je rentre travailler et que j’ai une vie presque normale. À l’inverse, on verrait aussi que, durant mes journées de break, je fais la party et je vis la vie rapide. En gros, je dors pas beaucoup…»

Bref, Rymz est honnête avec lui-même et ne tente pas de faire l’unanimité avec un rap conforme ou aseptisé. «J’fais pas du rap pour être professeur ou pour éduquer le monde», dit-il. «En même temps, je suis conscient que beaucoup de jeunes m’écoutent, notamment dans les centres jeunesse. C’est pour ça que j’essaie d’envoyer quelques messages ici et là dans mes textes.»

Côté musical, le rappeur compte sur une équipe talentueuse : Gary Wide, Ruffsound, Shash’U et Farfadet, entre autres. «Ce sont tous des génies à leur façon», dit le rappeur, qui a préconisé une trame rude aux teintes froides et planantes pour cet album. «C’est sûr que, dans cette optique-là, j’ai une certaine pression au niveau des textes et du rendement. J’ai pas le choix d’assurer!»

Fier du résultat, Rymz s’apprête maintenant à remplir L’Astral pour le lancement de Petit Prince demain, le 29 avril. En attendant, il vous reste quelques heures pour écouter – en exclusivité – le résultat final.

Nouveautés d’envergure //

Cru et souvent grossier dans ses propos, Le Réel Fléau est l’un des plus prometteurs rappeurs de l’underground montréalais. Son flow précis résonne avec intensité sur Wow Freestyle, nouvelle chanson produite par Madstro.

Natif de Joliette, le collectif Yen Collective propose Your End Is Near, un premier EP qui vogue sur les horizons PBR&B de The Weeknd et autres émules.

Peu de détails sur ce nouveau projet cloud rap/vaporwave de Wong Thug, jeune «aspirant producteur» saguenéen, qui fait de la «chill music» pour le fun (selon ce qu’on apprend de sa page Bandcamp). Le résultat laisse présager de belles choses.

Réalisé par Sixteen Pads, ce nouveau clip désertique de Rymz impressionne par ses plans à couper le souffle.

Paru il y a quelques semaines, ce nouvel EP du producteur ambient montréalais coresap regorge d’expérimentations inventives. À surveiller.

Top 3 shows //

3 : Les 13 Salopards 

Le collectif à 13 têtes de la rive-sud de Montréal se transportera de l’autre bord de l’île pour un spectacle au Cha-Cha. À en juger par les échos de leur performance en première partie des Word Up! Battles la semaine dernière, la soirée risque d’être mémorable.

Cha-Cha (Sainte-Thérèse), 30 avril (19h)

2 : Rymz

Décidément, c’est la semaine à Rymz. Accompagné notamment par Shash’U aux platines et par Maxime Gabriel au micro, le rappeur va, comme d’habitude, tout donner ce qu’il a dans le ventre sur scène.

L’Astral, 29 avril (19h)

1 : D-Track

Avec, en main, son meilleur disque à ce jour, le rappeur gatinois d’adoption montréalaise offrira un spectacle de lancement de calibre demain en fin d’après-midi. En plus, l’entrée est gratuite.

Bleury-Bar à vinyle, 29 avril (17h)