Lors de leurs retrouvailles à Paris (Before Sunset), moins de 10 ans après leur rencontre à Vienne (Before Sunrise), on devinait chez Jesse et Céline (Ethan Hawke et Julie Delpy, toujours aussi naturels et complices), deux romantiques devant l’éternel, une lucidité teintée d’un certain cynisme. Ce qui était, avouons-le franchement, un vent de fraîcheur qui nous transportait bien loin des héros formatés des comédies sentimentales carburant à l’eau de rose.
Créés par Richard Linklater, Hawke et Delpy, les protagonistes de la trilogie, étaient et demeurent d’une réelle authenticité. À l’instar des précédents chapitres, la formule reste toute simple, mais diablement efficace. Pas de temps pour l’esbroufe ni les cartes postales, et ce, même si le couple passe ses vacances avec sa progéniture chez des amis en Grèce, puisque Linklater ne laisse tourner sa caméra jamais très loin de ses acteurs, sans trop de découpage, afin de saisir l’émotion brute, la cruelle vérité dans tous ses éclats et les moments de tendre drôlerie.
Autour d’une table en bonne compagnie ou dans une chambre d’hôtel louée par leurs amis afin qu’ils aient droit à quelques heures de romance, Jesse et Céline sont toujours de fins causeurs. Toutefois, le gentil babil et la séduction ont fait place aux complaintes de Céline, devenue acerbe et revancharde, et aux regrets de Jesse, qui se sent loin de son fils vivant avec sa première femme aux États-Unis. Ils se lamentent et s’engueulent tant qu’on voudrait leur crier de se la fermer et de réfléchir avant de parler. Et pourtant, lorsqu’approchent les 12 coups de minuit, on espère déjà les retrouver dans moins de 10 ans, car l’amour existe encore, comme le chantait l’autre…
Je suis allé au Cinéma Excentris ce soir pour voir Before Midnight. Je me souviens quand le premier est sorti, mais j’étais trop jeune pour aller le voir au ciné. Mais je l’ai vu sur VHS plus tard. C’était chou, rien d’autre. Puis le deuxième est sorti, Before Sunset. Ils sont plus vieux, mais ils se sont rencontrés par hasard et c’était vraiment bien fait. Moins d’illusions de 23 ans et moins d’amertume de la quarantaine.
Dans le 3e volet, ils ont 41 ans et sont mariés. Le film avait beaucoup de clichés qu’ont évités les premiers deux volets. Mais à partir du milieu, ils avaient une vraie chicane authentique et ils ont enfin commencé à dire les vraies choses. Je crois que je vais éviter le 4e film s’ils en font un dans neuf ans.
J’aimais Julie Delpy quand elle était jeune. Elle est insupportable à l’écran maintenant. Elle joue toujours le même rôle, une Française anglicisée, un peu folle et qui se prend pour quelqu’un de souciant du monde actuel. Elle est tellement convaincue d’avoir raison sur les problèmes mondiaux. La douceur de sa jeunesse (même dans le film Blanc de Kieslowski, où son personnage était froid, la charme y était, ainsi que dans le film Europa Europa qu’elle jouait en allemand) est partie. Dans le premier volet, il y avait beaucoup de commentaires sur les anglophones et comme ils sont poches, sans culture, unilingue, et cætra. Le deuxième volet, elle faisait des commentaires sarcastiques sur son niveau de français à lui, mais le spectateur voit bien qu’elle devient fatigante à sa manière à elle (genre penser que les éoliens soient une vraie solution pour tous les problèmes d’énergie mondiaux). Dans ce film, ils étaient en Grèce, avec un gang d’Européens. Tout le monde parlait anglais (même les vieux) et ils portaient une vision très anglo-saxonne du monde. Très New-York chic des années 50/60. Ils parlaient de la technologie et de faire l’amour virtuellement. Dans les deux premiers films, ils étaient au courant des dangers de la vie virtuelle et ils les jugeaient en conséquence. Maintenant ils ont l’air d’avoir incarnés ce qu’ils dénoncés auparavant.
Julie Delpy veut tellement sauver l’environnement et le tiers-monde, mais elle est aveugle de son auto-effacement culturel ; c’est justement cela qui aide surtout à la destruction du monde. La solution n’est pas qu’on devient comme les Occidentaux partout. Ethan Hawke est romantique et pas mal américain typique que font plaisir aux filles. On aurait cru que la vieillissement et le fait de vivre à Paris aurait rendu plus large son point de vue sur le monde et des enjeux qui affectent le monde actuel qui sont moins évidents que de ce qu’on voit dans les mouvements altermondialistes superficiels, basés sur la pollution environnementale; le genre de point de vue qu’on essaie de nous faire avaler. Mais non. Et c’est correct dans un cadre culturel états-unien. Mais c’est un grave danger quand TOUT LE MONDE partout dans le monde porte cette même existence, ou essaye de l’avoir. Mais lui, il ne montre aucune conscience de la manière que sa « joie de vivre » insouciante nuit subtilement à l’essentiel elle-même de la vie et de la liberté individuelle de tout le monde. C’était pénible de regarder tout cela. Et Delpy était plein de clichés féministes. Vraiment trop anglicisée.
En tout cas, il y avait quelques trucs intéressants sur le vieillissement et sur les couples.