Belles-soeurs : Vu au Centre culturel de l'Université de Sherbrooke
Scène

Belles-soeurs : Vu au Centre culturel de l’Université de Sherbrooke

La télé nous apprend parfois des choses inutiles.

Au gré d’une nébuleuse séance de zapping, j’ai récemment été mis au parfum de ce qu’on appelle l’"extreme couponing" (grâce à une émission du même nom). Les adeptes de cette étrange discipline cumulent méthodiquement les coupons-rabais et scrutent les circulaires à la recherche de gratuités. La pratique peut paraître pathétique, mais il faudrait y voir une naïve contre-attaque à la surconsommation actuelle.

Les belles-soeurs de Michel Tremblay étaient les "extreme couponers" de leur époque, des archétypes oubliés du Québec des années 60. La fin de semaine dernière au Centre culturel de l’Université de Sherbrooke, toute la célèbre tribu du dramaturge était réunie dans la cuisine de Germaine Lauzon (Marie-Thérèse Fortin, sublime par son jeu clair et amusé) pour deux populaires représentations de collage de timbres. Alors que l’hôtesse rêvait de renouveler son kit de bonne ménagère pour "gratis", les autres femmes la jalousaient avec plus ou moins de remords.

Mais ce résumé ne vous apprend sûrement rien; presque tout le monde a déjà vu Les belles-soeurs. Bien malins furent le metteur en scène René Richard Cyr et le compositeur Daniel Bélanger pour croire qu’une version musicale du classique de Tremblay allait renouveler notre plaisir. Avec de belles chansons à la Peggy Lee interprétées en choeur, une mise en scène jamais clinquante et des performances mémorables de nos actrices chéries (la suave Maude Guérin au premier plan), on n’était pas loin du chef-d’oeuvre.