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Abruti 0.0*

 

* Si ce texte est mauvais, c’est qu’il est un pastiche d’un autre encore pire, disponible ici : Richard Martineau, « Terrorisme 2.0 », Le Journal de Montréal, 15 avril 2013 : http://www.journaldemontreal.com/2013/04/15/terrorisme-20 ou ici  https://www.facebook.com/photo.php?fbid=656010967749173&set=a.656010951082508.1073741826.505768749440063&type=1&theater

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Il y a quelques mois, Anders Behring Breivik, le terroriste qui a fait 77 morts et 151 blessés lors du congrès du Parti social-démocrate norvégien, défendait son action meurtrière dans un manifeste ultranationaliste

Il y affirme mener « une guerre préventive contre les régimes culturellement marxistes/multiculturalistes d’Europe » afin « de repousser, battre ou affaiblir l’invasion/colonisation islamique en cours, pour avoir un avantage stratégique dans une guerre inévitable avant que la menace ne se matérialise ».

ÉLOGE DES ABRUTIS

Mais la tactique des abrutis a changé : au lieu d’écrire de longs et ennuyeux manifestes – celui de Breivik avait 1518 pages! – ils écrivent plutôt des articles courts. Avec des phrases simples et punchées. Des textes accessibles qui vous font SENTIR des ÉMOTIONS en GRAS et en MAJUSCULES.

L’idée derrière cette pratique est simple : au lieu de travailler dans l’ombre pendant des années pour écrire un texte qui frappera l’imaginaire pendant des décennies, les chroniqueurs sèment plutôt la bêtise à petites doses, en utilisant les moyens du bord : anecdotes, sophismes, citations hors contexte, mensonges, etc.

Pourquoi investir autant de temps et d’énergie dans la rédaction d’un ouvrage érudit quand on peut avoir le même résultat en écrivant des chroniques au quotidien?

Après le « Think Big » de l’Appel de la Race du chanoine Groulx et les textes étoffés de Charles Maurras dans l’Action française, l’heure est maintenant au chroniqueur local.

C’est comme l’alimentation: on tourne le dos aux grandes idées réactionnaires pour se tourner vers le « fait maison ».

Rien de mieux que la bonne vieille chronique fabriquée avec les restes de la chronique du mois dernier.

PLUS INQUIÉTANT

Tout porte à croire que les chroniques de l’avenir ressembleront à ça.

À la limite, c’est encore plus traumatisant.

Car ces propos haineux, on peut les diffuser n’importe où, n’importe quand. Un crackpot se prend pour un grand défenseur de l’Empire occidental ?

Pas besoin de lire pendant des années. Il ouvre son portable de chroniqueur en herbe, mélange ses ­ingrédients, et paf, il est prêt à être publié dans les journaux.

Des propos cités hors contexte ou simplement inventés. Un amalgame entre les étudiants en grève et Magnotta. Un courriel anti-gréviste tout aussi « scandaleux » qu’anecdotique. Une affiche de Mise en Demeure trouvée chez Amir Khadir. Un imam jusqu’ici inconnu qui veut la destruction d’Israël.

Voilà, le boulot est fait.

RADICAUX LIBRES

Regardez autour de vous. Tous les discours des abrutis se radicalisent, depuis quelques années.

La contestation envers les institutions augmentant, de plus en plus de gens ont recours à la diffamation et à la démagogie de bas étage pour faire avancer leurs idées.

On diffame. On traite les opposants de « staliniens » ou de « terroristes islamistes ». On approuve les arrestations de masse malgré leur condamnation par l’ONU et Amnistie internationale. On écrit des propos stupides sur Twitter. On soutient que les étudiants qui se font crever les yeux sont de fausses victimes.

Certes, ce ne sont pas des actes terroristes. Mais ça participe de la même logique. La réponse n’est plus dans le débat. Elle ne se situe même plus dans le cadre de la rationalité.

Il faut électrocuter la contestation.

D’abord, lui faire peur. Puis l’enrager. Et, enfin, la matraquer.

En inventant une histoire de pavés lancés sur des autos du haut d’un viaduc, par exemple. Et en ajoutant que ce geste criminel inventé de toutes pièces devrait être dénoncé par les grands leaders étudiants.

LA GRANDE NOIRCEUR

Hier, c’était Oslo. Demain, quelle ville sera touchée?

Combien de gens tomberont?

Au nom de quelle idéologie?

Bienvenue au royaume des abrutis…