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Israël, le déclin d’un État colonial

aqsa 27 09 09

Mosquée El Aqsa, septembre 2015

« Le colonialisme, c’est maintenir quelqu’un en vie, pour boire son sang goutte à goutte. »

Massa Makan Diabaté.

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Stéphane Hessel, un rescapé des camps nazi et un des rédacteurs de la Déclaration des droits de l’Homme, ne cesse de répéter dans les médias français, depuis l’attaque israélienne sur le sud du Liban en 2006, que par son comportement ’’Israël est en train de creuser sa propre tombe’’.

Nul besoin du Hamas, de l’Iran, du Hezboallah ou d’une quelconque « flottille de la liberté » pour envisager la disparition de l’État d’Israël. Ce pays âgé de 67 ans, s’active tout seul à sa propre disparition. Son comportement suicidaire répond à une logique de l’histoire bien démontrée. Celle de toute puissance coloniale qui avance inexorablement vers sa fin. Le compte à rebours est rythmé par chaque victime innocente, qu’elle soit palestinienne ou israélienne. La machine coloniale est animée par la mort, y compris par sa propre mort.

En 1947, l’ONU dominé alors par des puissances coloniales, a reconnu la naissance d’Israël. Le colonialisme était encore à la mode. La plupart des pays du sud étaient occupés par une puissance ou par une autre. Faut-il rappeler que ce ne sont pas les juifs de Palestine qui ont créé Israël. Ce sont des juifs sionistes arrivés des pays d’Europe qui ont installé par la force un État religieux suite à une opération de nettoyage ethnique en Palestine.

Pour caricaturer et dénoncer le discours colonialiste des sionistes d’Israël Tom Segev, historien israélien écrivait le 29 décembre 2008 au journal Haaretz  : ’’Nous sommes les représentants du progrès et des lumières, évolués aux plans rationnel et moral, alors que les Arabes sont primitifs, foules violentes et enfants ignorants qui doivent être éduqués et se voir enseigner la sagesse. Bien entendu par la méthode de la carotte et du bâton, comme le charretier le fait avec son âne’’.

Le propre d’une occupation coloniale c’est de renier la dignité du peuple occupé. De le traiter et le considérer comme inférieur, voire inexistant. Accorder aux palestiniens de Gaza une attention humanitaire va à l’encontre de la politique coloniale d’Israël. La terre de Palestine existe, mais pas les palestiniens.

Ainsi la thèse de ’’La terre sans peuple pour un peuple sans terre’’ s’est inscrite au cœur du projet sioniste. Une forme de négationnisme qu’aucune loi au monde ne punit encore. Un négationnisme soutenu par une formidable machine médiatique pro-sioniste et par les déclarations des dirigeants occidentaux justifiant les attaques d’Israël par son fameux droit à se défendre. Sur l’agression israélienne contre la flottille de la liberté, Sarkozy avait déclaré qu’elle était disproportionnée comme si Israël était dans son droit d’attaquer dans les eaux internationales.  Harper, avec son appui inconditionnel à Israël,  est prêt à assumer toutes les conséquencesQuand à Obama, il ne devrait pas ignorer, lui, les conséquences néfastes du soutien des États-unis d’Amérique à Isarël.

Avec des amis comme Sarkosy, Harper et Obama, Israël n’a pas besoin d’ennemis.

De nombreux juifs d’Israël, dont Abraham Burg (Fils d’un dirigeant historique du Parti national religieux), arrivent à cette conclusion : ’’Cela ne peut plus fonctionner. Définir l’État d’Israël comme un État juif est le début de la fin. Un Etat juif, c’est explosif, c’est de la dynamite’’.

Un État islamique en Palestine serait tout aussi explosif. La seule solution pour mettre fin à l’islamisme du Hamas, c’est de mettre fin au statut religieux de l’État d’Israël. Le sionisme est une forme religieuse du colonialisme. Un cadeau empoisonné que les sionistes se sont donné à eux-mêmes avec le support des grandes puissances.

La création d’Israël répondait à une conjoncture particulière dont les racines remontent au début de l’industrialisation et la découverte du pétrole au Moyen Orient. Cela coïncidait avec la naissance du mouvement sioniste de Theodore Herzl à la fin du 19e siècle.

Au cours de la Première guerre mondiale, le puissant lobby sioniste est parvenu en 1917 à obtenir de l’Angleterre la déclaration de Balfour qui promettait aux juifs d’Europe un État sur la terre de Palestine. Selon le juif américain antisioniste Benjamin Harrisson Freedman, l’Allemagne a vu dans les manœuvres sionistes une trahison qui lui a fait perdre la première guerre. La revanche allemande est sans nom. Après la découverte de l’horreur nazi, l’Europe devait soulager sa conscience. Israël s’est imposé et l’indépendance de la Palestine, qui devait suivre celles des autres pays arabes, a été retardée.

Après la reconquête de Jérusalem par Saladin en 1187, ce dernier, contre l’avis de ses généraux, avait ordonné que les juifs puissent rester chez-eux avec leurs biens et le droit d’accès à leurs lieux saints. Cela explique le lien naturel de plusieurs juifs palestiniens, dont Ilan Halevi (grand intellectuel et un des conseillers politiques de l’autorité palestinienne 1943-2013)), avec leur terre ainsi que leur participation active dans la résistance contre l’occupation sioniste.

« Comment le peuple juif fût inventé » est écrit par un autre historien israélien.  Ce best seller de Shlomo Sand  décortique les mythes fondateurs d’Israël.   Ça vaut la peine de l’entendre dire lui-même les détails de sa thèse : http://www.dailymotion.com/video/x7okoe_peuple-juif-invente-shlomo-sand_news

Israël est le dernier bastion d’un empire colonial qui a duré cinq siècles.  Cinq siècles de pillage, d’esclavage, de vol et de viol.   Avant de se retirer des terres occupées, les puissances coloniales se sont assurées d’avoir un chien de garde de leur intérêts géostratégiques  dans la région la plus sensible.  Depuis 1947, les palestiniens payent le prix d’une telle stratégie, les israéliens aussi et plusieurs d’entre eux le savent pertinemment.

Les voix de Shlomo Sand, de Tom Segev, d’Abraham Burg et d’autres consciences libres d’Israël participent également au déclin du colonialisme israélien, de la même manière que des grands intellectuels français, comme Jean-Paul Sartre, avaient contribué activement à mettre fin au colonialisme de la France sur les pays d‘Afrique.

Indépendamment qu’on soit pour ou contre l’existence d’Israël, une lecture froide de l’histoire démontre que cet État ne constitue pas un fait historique accompli. C’est plutôt une parenthèse parmi d’autres parenthèses de l’histoire.

Après 67 ans de résistance palestinienne, une évidence s’impose. Tôt ou tard, les palestiniens auront leur pays. Un seul pays sur l’ensemble du territoire de la Palestine historique où juifs, musulmans et chrétiens seront des citoyens à part entière. Un pays démocratique et laïque, celui que l’Organisation de Libération de la Palestine avait envisagé dès sa création.

Aujourd’hui le comportement criminel d’Israël envers une population démunie, notamment dans les nuits dernières années, rappelle tous les massacres qui ont précédé la libération des peuples occupés. Palestine, Algérie, Maroc, Inde, même histoire, même combat, même parcours vers l’indépendance.   Les manifestations de force d’Israël sont en réalité les signes de son déclin.

La plupart des occupations coloniales ont fini par finir!

C’est une question de temps.

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Sur Internet, circule un manuel ironique d’auto-défense intellectuel à l’attention de ceux et celles qui ne savent pas encore comment décoder les méthodes colonialistes made in Israël :  Le voici :

Règle numéro 1 : Au Proche Orient, ce sont toujours les Arabes qui attaquent les premiers et toujours Israël qui se défend. Cela s’appelle des représailles.

Règle numéro 2 : Les Arabes, Palestiniens ou Libanais, n’ont pas le droit de tuer des civils de l’autre camp. Cela s’appelle du terrorisme.

Règle numéro 3 : Israël a le droit de tuer des civils arabes. Cela s’appelle la légitime défense.

Règle numéro 4 : Quand Israël tue trop de civils, les puissances occidentales l’appellent à la retenue. Cela s’appelle la réaction de la communauté internationale.

Règle numéro 5 : Les Palestiniens et les Libanais n’ont pas le droit de capturer des militaires israéliens, même si ce nombre est égal à trois.

Règle numéro 6 : Les israéliens ont le droit d’enlever autant de Palestiniens qu’ils le souhaitent (environ 10.000 prisonniers à ce jour dont près de 300 enfants). Il n’est pas besoin d’apporter une preuve de la culpabilité des personnes enlevées. Il faut simplement utiliser le mot magique : « terroriste ».

Règle numéro 7 : Quand vous dites « Hezbollah », il faut immédiatement ajouter l’expression « soutenu par la Syrie et l’Iran ».

Règle numéro 8 : Quand vous dites « Israël », il ne faut pas ajouter après «  soutenu par les Etats-Unis », ceci pourrait faire croire à un conflit déséquilibré.

Règle numéro 9 : Ne jamais parler de Palestine, ou de « Territoires occupés », ni de résolutions de l’ONU, ni de violations du droit international, ni des conventions de Genève. Cela pourrait perturber le téléspectateur et l’auditeur européen.

Règle numéro 10 : Les israéliens parlent mieux le français que les arabes. Il est normal qu’on leur donne aussi souvent que possible la parole. Ainsi, ils peuvent nous expliquer les règles précédentes (de 1 à 9). Cela s’appelle la neutralité journalistique.

Règle numéro 11 : Si vous n’êtes pas d’accord avec ces règles ou si vous trouvez qu’elles favorisent indûment une partie au conflit, C’est parce que vous êtes un dangereux antisémite.

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Les images de la dernière offensive israélienne sur Gaza,  en été 2014, suffiront-elles pour dissiper le doute et la confusion savamment entretenue par la propagande sioniste sur la réalité des choses ? Et pourtant, ces crimes donnés en spectacle ont fait sortir du silence beaucoup de juifs ici, en France et même en Israël, condamnant sans réserve le spectacle du crime contre l’humanité. Par ailleurs, les artistes dits engagés du Québec continuent à briller par leur silence. !!

Voici à leur attention un rappel de quelques chiffres de l’ONU :

1982 : l’invasion du Liban par Israël a fait 17500 morts, presque tous des civils dont la plupart des enfants et des femmes.

Septembre 1982, 1700 civils palestiniens sont morts dans le massacre de Sabra et Chatila qui n’aurait jamais eu lieu sans la complicité de l’armée israélienne sous les ordres d’Ariel Sharon.

1996, le massacre à Qana a fait 106 morts, tous des civils, des réfugiés libanais (dont plus de la moitié étaient des enfants) hébergés dans une base des Nations unies.

2006, le massacre des réfugiés de Marwahin à qui Israël avait ordonné de fuir, et qui ont été tués par un hélicoptère israélien.

2006, 1000 morts durant les bombardements et l’invasion du sud du Liban, dont la quasi-totalité étaient des civils. 177 palestiniens sont morts en détention depuis 1967 dont presque la moitié ont rendu l’âme suite à des tortures.

Du 27 au 28 décembre 2008, c’est le jour le plus sanglant depuis 1967 : 300 morts et quelques 700 blessés en moins de 24 heures à Gaza.

2012, cela continue..  Mais pas pour encore trop longtemps.

2014, le spectacle de l’horreur continue,  des israéliens s’installent sur une colline pour admirer le spectacle des frappes sur Gaza.

2015, Agressions israéliennes contre la mosquée El-Aqsa.

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Texte mise à jour: 20 sept 2015.

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