Musique

Retour de son : Alanis Morissette

Le 13 mai, au Colisée

Avant un show, la ou les vedettes passent un enregistrement maison de leurs morceaux favoris. Le vieux truc est de monter le son d’un cran pour suggérer que la levée du rideau est imminente et créer une effervescence de bon aloi. Alanis n’a pas cru bon de jouer le jeu, ce que j’ai trouvé pénible, compte tenu du fait que l’entracte a duré une bonne heure.

Ceci n’a rien à voir avec le show en lui-même, me direz-vous? Mais c’est assez symptomatique des problèmes qui ont miné le spectacle.

La soirée relevait davantage du concert que du show d’aréna traditionnel, ce qui dans un autre endroit que le Colisée aurait mieux fonctionné. Et puis la talentueuse chanteuse avait du mal à occuper un espace aussi vaste malgré ses multiples va-et-vient et quelques élans d’expression corporelle débridés. Et comme l’interaction avec son groupe était pratiquement inexistante, il fallait se rabattre sur la musique.

Au départ, le son était un brin pourri, mais on a vite corrigé le tir, nous laissant découvrir une Alanis en voix, capable de vertigineux effets. L’enthousiasme des quelque six mille fans n’a pas réussi à me convaincre que j’assitais à une grande soirée. Un concert honnête tout au plus, qui n’a jamais vraiment levé, une soirée bien sage passée en compagnie d’une artiste qui a fait sa gloire sur des thèmes et une attitude hautement plus excitants.

En première partie, les membres de Crash Test Dummies ont trouvé un truc qui pourrait sans doute convenir à Alanis. Ils ont cessé de se prendre trop au sérieux. Leur courte prestation nous a fait découvrir un Brad Roberts transformé en nerd érotomane, qui s’est éclaté dans une version de Baby One More Time de Britney Spears. Dégoulinant de dérision et terriblement efficace. (F.T.)

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Diane Dufresne

Le 13 mai, à la Maison de la Chanson

Less is more, dit-on. Voilà qui s’applique bien au récent spectacle de Diane Dufresne. Loin des grands amphithéâtres et des mises en scène fantasmagoriques, c’est dans le dépouillement le plus complet que la diva nous est apparue jeudi dernier. Quelques bouts de carton en guise de décor, à peine deux ou trois changements de robes, la chanteuse n’a pas eu besoin de plus pour habiter l’espace. Visiblement ravie de se trouver là, en toute intimité avec son public, elle a interprété toutes les chansons de son nouvel album, accompagnée seulement d’une bande sonore (va-t-elle se faire chicaner par la Guilde des musiciens?).
Plus mûres qu’au temps de Détournement majeur, les chansons de Diane Dufresne séduisent, portées par cette voix tout à fait inclassable, vibrante de vérité. Des chansons comme Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous, Le 304 ou encore la touchante et humoristique J’vieillis, où transparaît comme jamais la réalité de l’artiste.
Un numéro bref, très dense, bouclé par une interprétation a cappella d’Un souvenir heureux. N’en fallait pas tant pour combler son monde. (T. M.-R.)

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U.K. Subs

Le 17 mai, à l’Arlequin

À quoi doit-on s’attendre lorsqu’un groupe punk né dans le sud de Londres en 1976 débarque dans le Vieux-Québec en 1999? À l’Apocalypse? À une parodie? À un désastre? Un peu de tout cela, peut-être. Flanqué de jeunes musiciens énergiques, Charlie Harper _ seul membre original de U.K. Subs _ nous a fait voyager dans le temps. Il nous a ramenés au tournant des années 80, époque où une bonne partie du public présent à l’Arlequin n’était sans doute pas né…

Contrairement à ses fans, Harper n’a plus vingt ans… depuis au moins vingt ans. Il se montre encore capable de suivre des riffs incisifs et de gueuler avec une certaine conviction, mais on n’y croit plus. Un punk grisonnant qui réinterprète sa révolte juvénile, c’est assez peu crédible. Je suis donc ressorti de l’Arlequin avec un sourire en coin, content d’avoir vu une sorte de mythe vivant et convaincu que le punk est bel et bien mort… (A.V.)