Journées du clavecin/Concours international : Haute gamme

Les Journées du clavecin et le Concours international de clavecin de Montréal sont enfin implantés chez nous. Pour la deuxième année, GENEVIÈVE SOLY défend l’événement de grande envergure.

Geneviève Soly est une irréductible optimiste. Pour faire connaître au plus grand nombre l’objet de sa passion, le clavecin, elle ne ménage aucun effort. L’an dernier, elle organisait avec brio le Festival international de clavecin Bach, une première à Montréal. Elle y recevait de grands noms du clavecin, faisait valoir les artistes d’ici, et, dans un même élan, fondait le Concours international de clavecin. Avec enthousiasme, elle nous annonçait, à la fin de ce Festival, qu’elle réitérerait l’expérience. Ce qui est fait. Montréal est maintenant dotée de ses Journées du clavecin et de son Concours international de clavecin, qui auront lieu simultanément tous les deux ans.

Fruits de la passion
«Je suis une pionnière», admet Geneviève Soly sans protester… Fondatrice des Idées heureuses, en 1987, la claveciniste n’en est pas à ses premières armes. Pédagogue, organisatrice, communicatrice puisqu’elle anime elle-même ses concerts, la musicienne avait tout en main pour concevoir le premier festival de musique baroque montréalais, y compris la persévérance.

Depuis son plus jeune âge, Geneviève carbure à la passion. À seize ans, elle se rendait au Festival international des Flandres, qui allait être, sans qu’elle s’en rende compte immédiatement, le véritable modèle des Journées du clavecin. «Avant la fin du Festival Bach, je ne m’étais même pas rendu compte que je cherchais à reproduire la magie de cet événement. Quand je suis arrivée en Europe, adolescente, j’avais une grande avidité. Je me suis tout de suite demandé: mais dans quel monde suis-je tombée? C’était fascinant. Les concerts commençaient à dix heures du matin, et je passais toutes mes journées à écouter des conférences, des récitals, le concours. C’est la période de ma vie où j’ai entendu le plus de beaux concerts. J’ai voulu que notre événement en soit le reflet.»

Journées particulières
La structure des Journées du clavecin, jouxtant le Concours international de clavecin de Montréal, s’inspire donc directement du Festival des Flandres. Concerts d’après-midi, de soir et de fin de soirée, conférences et concours. Qui plus est, Geneviève Soly a voulu mettre l’accent sur le développement du jeune public, un volet qui lui tient beaucoup à cour. Les Journées du clavecin se distinguent du Festival de clavecin Bach par une présence prépondérante de la musique de chambre, par leur aspect moins international, par la présence du jeune public et, surtout, par l’importance presque équivalente accordée au Concours, du moins dans la présentation. «Je voulais une sorte de double événement», indique Geneviève Soly, qui croit fermement aux vertus des concours. «Si en plein centre-ville de Montréal on peut aller s’asseoir un vendredi et un samedi entre 10 h 30 et 14 h pour entendre du clavecin gratuitement, je ne peux pas croire que la salle va toujours rester vide. D’ici cinq éditions, je dirais que beaucoup plus de gens à Montréal auront entendu du clavecin.» Et si ça n’arrivait pas? «Ça m’en prendrait beaucoup plus que ça pour me démolir», affirme Geneviève Soly, sans broncher.

Invitation au voyage
Dans cette première édition des Journées du clavecin, qui se tiendra du jeudi 3 au dimanche 6 juin, on entendra bien sûr Les Idées heureuses, le duo de violes de gambe Les Voix humaines, ainsi que des clavecinistes d’ici et d’ailleurs. Le nom le plus réputé de cette édition est le claveciniste Jan Willem Jansen, professeur au Conservatoire de Toulouse. «Je ne cherche pas le glamour, mais surtout des gens qui ont quelque chose à apporter», insiste Geneviève Soly. Nous aurons le loisir d’entendre également Mireille Lagacé, Luc Beauséjour, Margaret Irwin-Brandon, Hank Knox, Catherine Perrin, Kenneth Gilbert et Geneviève Soly. D’autres invités de renom seront présents, comme le flûtiste français Jean-Pierre Pinet, le gambiste Jay Bernfeld, ou la spécialiste mondiale de la vielle à roue, Françoise Bois-Poteur. La chanteuse Isabelle Desrochers, qui nous avait charmés par son art de la gestuelle rhétorique baroque, viendra se produire avec Les Idées heureuses.

Au total, 26 artistes, huit concerts, quatre récitals-conférences et une conférence meubleront ces Journées du clavecin. La demi-finale du Concours aura lieu vendredi et samedi, entre 10 h 30 et 14 h 15. Le jury, composé de Margaret Irwin-Brandon, Kenneth Gilbert, Jan Willem Jansen, Natalie Michaud, Réjean Poirier et Geneviève Soly, sélectionnera trois ou quatre candidats pour la finale, qui se tiendra le dimanche 6 juin, à 19 h, clôturant en même temps cette édition des Journées du clavecin.

«Depuis longtemps, écrit Geneviève Soly dans le dépliant des Journées du clavecin, je rêvais d’un lieu de la musique baroque, un lieu inscrit dans le temps qui nous permettrait de nous retrouver, de nous enrichir, de nous émouvoir, autour du clavecin bien sûr, et des interprètes qui s’y dédient.» Voilà, c’est fait.

Du 3 au 6 juin
Salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau

Voir calendrier Classique