Notes : Nightmares on Wax
Musique

Notes : Nightmares on Wax

Comment qualifier une musique? Quels mots pour la décrire le mieux possible? Dans le cas de Nightmares on Wax (dont le leader, George Evelyn, se produira au Jingxi, mercredi prochain, sous le nom de DJ Ease), ça peut être aussi complexe que de s’y retrouver à travers ses multiples pseudonymes. «L’idée de cette musique m’est venue en écoutant la pièce Chill Out de KLF, dit-il un peu avant de monter sur scène à Berlin. Ce que j’ai tenté de faire, c’est une musique comme Chill Out, mais avec une base hip-hop.» C’est ce qu’on retrouvait sur son célèbre Smokers Delight (paru en 95), c’est aussi ce qu’il y a sur son récent Carboot Soul, disponible depuis un mois.

Il serait facile d’attiser votre curiosité en disant que du hip-hop chill out pourrait être du trip-hop. Mais ce serait également trahir les sources profondément hip-hop d’Evelyn. «J’ai longtemps été D.J., mais, depuis quelque temps, je travaille aussi avec un groupe de musiciens. Et ça, c’est ce qu’il y a de plus stimulant. Cependant, il ne faut pas voir ça comme un immense plan de marketing selon lequel je me serais connaître comme D.J. pour ensuite faire de la musique live avec un groupe. Cette évolution s’est faite tout à fait naturellement…»

À l’écoute de Smokers Delight et de Carboot Soul, on en vient à croire très facilement Evelyn. Cette musique semble effectivement couler de source. Rien ne semble pouvoir troubler sa lente métamorphose, sa tranquille évolution. Rien n’est forcé. «C’est pourquoi, pour moi, c’est Noël chaque jour que je travaille. Trouver un nouveau rythme, une nouvelle ligne de basse, un nouveau riff fait partie des choses les plus réjouissantes de la vie. C’est exactement comme à Noël. Tu regardes l’emballage, mais tu ne sais pas ce qu’il y a à l’intérieur. Quand je compose, je retrouve souvent cet état d’excitation mêlée à une certaine crainte: Est-ce que ce cadeau sera à la hauteur de mes attentes? Recevrai-je exactement ce que j’ai demandé?»

Si, pour Evelyn, c’est Noël lorsqu’il travaille, on ne peut pas dire que pour ses fans ce soit Noël à tous les ans. Un album aux quatre ans, c’est tout de même plutôt tranquille comme rythme, non? «Je ne comprends pas ça. Pourquoi y aurait-il un rush pour que je sorte un album que je ne considère pas fini? Pourquoi mettre sur le marché un compact dont je ne serais pas fier? Si ça me prend six mois, un an ou quatre ans pour terminer le disque, au moins, lorsqu’il est terminé, je n’ai pas honte de l’écouter. Parce que oui, contrairement à bien des musiciens, j’écoute mes disques. Si je ne les écoutais pas, j’aurais l’impression d’avoir manqué mon coup.» Le 2 juin, au Jingxi. (Laurent Saulnier)

Djelem
«L’idée, avec Transit, c’était que le troisième disque du groupe soit plus personnel, moins folklorique. On a senti que Djelem devait avoir plus de compositions.» C’est la première réflexion qui est venue à l’esprit de Claude Simard, musicien de la formation québécoise de musique tsigane, lors de notre conversation. En fait, précisons-le, Djelem (qui veut dire: allons-y) est désormais un quartette depuis que Sonya Sanscartier, qui était choriste occasionnelle, s’est intégrée au trio de Simard, du Moldave Sergei Trofanov et de l’Ukrainien Anatoli Iakovenko. «L’aspect vocal, poursuit Simard, est devenu très important. Avant, c’était du violon, du violon, du violon, et un peu d’Anatoli à la voix. Il y a cinq ans, la mode n’était pas au tsigane. On avait même pris soin d’ajouter sur le premier disque: musique tsigane d’Europe de l’Est. Ça te donne une idée…»

«Il y a une passion de l’âme chez Djelem. On retrouve des pièces très nostalgiques et lentes, d’autres plus rapides et joyeuses, mais le résultat est toujours le même: cela touche tout le temps. Donc, la sensibilité de notre musique n’est pas associée qu’aux ballades.» Ceux qui ont vu le film Le Dernier Souffle se souviendront d’une scène lugubre chez la mafia russe (celle des femmes à quatre pattes qui servent de table). Pour appuyer ces images-chocs, on a choisi deux pièces de Djelem, Sochi et Dorogi, toutes deux sur Transit, le nouveau disque.

«En spectacle, on fait comme une évolution. La première partie regroupe les deux premiers albums. Puis, après l’entracte, on joue l’essentiel du troisième. À la fin, on interprète des chansons du folklore russe, et là, c’est le party! de s’enthousiasmer Simard. Djelem, c’est un groupe québécois qui a plein d’influences, au point d’être presque pop. C’est un groupe qui, à mon avis, est plus world music que tsigane. Je ne sais même pas si l’on serait aimé là-bas, en Roumanie, en Ukraine, etc. Il faut donner crédit à Anatoli et Sergei. Eux, ils vivent une évolution nord-américaine avec cette musique. Leur vague à l’âme, ils l’ont transporté ici.» Le 29 mai, au Lion d’or. (Claude Côté)