Musique

Prise de son : À l’aveuglette

L’événement rock du week-end a certainement été l’arrivée en terre montréalaise du fameux Blind Date, commandité par la bière Molson Hi-Dry. Même si, normalement, je n’avais pas vraiment le droit d’y être, je vais tout vous dire. De A à Z.

Le premier rendez-vous, alors que personne, en principe, ne sait où il va ni ce qu’il va voir, est donné entre 18 h 30 et 19 h 30, à un hôtel du centre-ville. Après les vérifications d’usage (le bon billet avec la bonne attestation) et le contrôle d’identité – on ne rigole pas avec ces choses-là chez Molson… -, on se réunit dans une salle de réunions et/ou de banquets. Quelques tables sont dressées avec des grignotines et autres cossins à bouffer. Mais l’important n’est pas là: le commanditaire fait en sorte que la bière coule à flots.

Là-dessus, aucun doute: la logique de Molson est irréprochable. Vous voulez un vrai party? Il faut une quantité industrielle de bière! Pendant que nous buvons le joyeux liquide, les suppositions vont bon train. N’oubliez pas que parmi les cinq cents personnes présentes, la plupart n’ont aucune, mais strictement aucune idée du groupe qui sera sur scène dans quelques heures.

Avec si peu de temps à patienter avant que le groupe-mystère ne monte sur les planches, les choses commencent cependant à se préciser pour la plupart des gens. On ne parle plus des Rolling Stones ou de Radiohead, comme ce fut le cas pendant toute la semaine qui a précédé le concert. On discute autour de deux ou trois finalistes: The Smashing Pumpkins, The Offspring et Aerosmith. Dire qu’en entrant, certains gagnants (puisqu’on ne pouvait pas acheter de billets pour ce spectacle: il fallait absolument les gagner) du concours venant de l’extérieur de Montréal étaient certains – et excités – de voir Noir Silence…

Stratégiquement, il fallait cependant que les organisateurs fassent les choses en grand pour cette première. Sérieusement, personne ne s’attendait à voir un Vilain Pingouin ou un one-hit wonder à la Smash Mouth, par exemple. Pour les organisateurs, il fallait un groupe étranger, capable de rallier le plus de monde possible, donc de remplir un Centre Molson. Il fallait un groupe au sommet de sa popularité, pas un bouche-trou qu’on pourrait voir au Métropolis quelques semaines plus tard. Au minimum. Mais, assez spéculé…

Vers 20 h 30, on nous fait monter dans un autobus. Pour y avoir accès, on vérifie encore une fois les bracelets, et les passes suspendues autour du cou de chacun des spectateurs. Dans l’autobus, l’excitation est à son comble. On croirait voir une quarantaine d’étudiants en route pour la cabane à sucre…

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L’arrivée au Medley (puisque c’était l’endroit choisi…) se fait tout aussi cérémonieusement. En sortant de l’autobus, le cordon fait par les gars de la sécurité est étanche au maximum: on ne peut se diriger ailleurs que vers la porte. Et personne venant du trottoir ne peut s’immiscer entre eux et ainsi espérer se glisser à l’intérieur.

À l’entrée de la salle, on nous accueille avec… une bière! Et je ne vous ferai pas l’affront de vous faire deviner la marque…

Puis, l’attente se poursuit. Les rumeurs se précisent: Aerosmith est éliminé, ne restent que les Pumpkins et Offspring, avec un net avantage pour ce dernier groupe. Vers 21 h 30, lorsque le rideau s’est finalement ouvert sur Offspring, peu de gens ont donc été surpris. Mais la plupart étaient, je crois, ravis.

Personnellement, je l’étais. J’avais manqué le dernier show au Centre Molson et j’ai toujours eu une certaine affection pour Offspring. Punk, mais pas à en faire une religion. Américain, mais pas toujours complètement. Critique, mais toujours avec un sourire en coin. Un vrai bon groupe de party. Exactement ce qu’il fallait pour amorcer ce qui pourrait bien devenir, si on en croit les gens de chez Molson, une tradition.

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Et le show, il était bon le show? Évidemment qu’il était bon le show. D’abord parce qu’Offspring nous a prouvé encore une fois qu’il était un party band d’enfer. Le groupe américain nous a présenté un vrai show de club, sans l’artillerie lourde nécessaire aux shows d’aréna et sans la grandiloquence des shows d’aréna. Contact simple, sans prétention aucune, et la certitude qu’ils sont là pour animer le party de l’année à Montréal.

La réussite de ce genre d’événements tient à peu de choses: un secret le mieux gardé possible, évidemment, mais aussi la sensation que chacun des spectateurs est privilégié d’assister à un spectacle d’un groupe trop grand pour la salle où il se produit. Et ça, c’était vraiment le cas. Je demeure même plutôt convaincu que ceux qui ne connaissaient que les succès d’Offspring (Pretty Fly, Come Out and Play, Why Don’t You Get a Job?, etc.) sont devenus fans du groupe.

Voilà pourquoi ces groupes acceptent de jouer ce jeu.

Voilà pourquoi ce genre d’événements ne sera jamais à court de spectateurs.

Voilà pourquoi l’excitation risque de monter d’un cran lors de la seconde édition de ce Blind Date.

Voilà pourquoi je n’hésiterai pas à me sacrifier une seconde fois…