Fun Lovin' Criminals : Crime passionnel
Musique

Fun Lovin’ Criminals : Crime passionnel

Si vous êtes le moindrement familier avec l’histoire des Fun Lovin’ Criminals, vous connaissez leur mode de transport de prédilection. Dans la vie comme dans leurs clips, les trois musiciens new-yorkais préfèrent de loin le vélo aux longues limousines blanches. «Je me promène en BMX tous les jours; ça me permet de rester au niveau de la rue et de garder le contact avec mes copains de longue date, explique Huey, chanteur de la formation.

C’est quelque chose d’essentiel pour un artiste: je n’ai pas envie de m’installer dans un château pour regarder de haut les masses que je suis censé représenter, tu vois?» C’est d’ailleurs sur son fidèle destrier à deux roues que Huey est installé au moment de notre conversation. Perché sur sa selle sur un trottoir de la 42e Rue, il interrompt régulièrement la conversation pour saluer ses «homies» qui le croisent en klaxonnant à tue-tête.

Il faut dire qu’aux States, Huey et ses potes peuvent se permettre de traîner dans les rues à vélo, sans se faire agresser par des hordes de fans en délire. Car, malgré un succès considérable en Europe et ailleurs dans le monde, FLC n’a pas réussi à se tailler une place de choix chez lui, malgré le succès de Scooby Snacks, le très accrocheur single du premier album. Depuis sa parution, il y a quelques mois, 100 % Columbian, leur plus récent disque, a eu de la difficulté à trouver son public. Je dois avouer qu’à la première écoute, l’album en question m’a laissé plutôt sceptique: poursuivant la recette de hip-hop blanc mâtiné de blues, 100 % Columbian marche sur le mince fil qui sépare hommage et pastiche. De Love Unlimited, un morceau qui déifie carrément Barry White, à Mini Bar Blues, sur lequel le grand Bo Diddley vient faire chanter sa guitare, les Criminals lèvent leur chapeau à leurs influences, mais sont souvent coupables de cabotinage. Quant à savoir pourquoi une musique si américaine suscite si peu de réactions dans son propre pays, Huey a plusieurs explications. «FLC n’entre pas dans le moule: on n’est pas assez r’n’b ou pas assez rock, ou trop hip-hop, ce qui fait qu’aucune radio ne veut nous jouer. Étrangement, je pense aussi qu’il y a une sorte de racisme, surtout sur MTV, envers les Latinos et les Blancs qui font une musique qui n’est pas traditionnellement la leur.»

En attendant des circonstances plus favorables, Huey se consacre à d’autres projets, dont la plupart tournent autour du cinéma. «On est en train de faire la musique du prochain film de Kevin Spacey, et ça nous amuse beaucoup. On préfère de loin se consacrer à des projets de ce genre plutôt que de se lancer dans des grandes tournées sous-financées.» En faisant le tour de la vidéographie du groupe, on constate assez rapidement l’influence du cinéma sur le travail des Fun Lovin’ Criminals, et on irait même jusqu’à suggérer que Huey possède un talent inné pour le jeu, une affirmation qui le remplit d’aise. «Je suis content que ça paraisse, et laisse-moi te dire que Lawrence Fishburne a eu la même idée: il m’a donné un rôle dans son prochain film, qui sortira en septembre. C’est un petit rôle, mais, au moins, mon personnage meurt dans le film.» Tout ce qu’on peut souhaiter à Huey, c’est de pouvoir entretenir de meilleurs rapports avec le monde du cinéma qu’avec celui du disque. «En tout cas, fais-moi plaisir: je veux que tes lecteurs sachent que si nous avons annulé notre dernier concert, c’est la faute de la compagnie de disques, pas la nôtre. S’il n’en tenait qu’à nous, on serait venus plus tôt, mais ces enculés ne voulaient pas cracher l’argent nécessaire à la tournée». Voilà, le message est passé…

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