Musique

Prise de son : Megsi beaucoup

Il y a de ces groupes sur qui on a l’impression qu’on pourrait écrire un livre tellement leur musique est excitante, tellement elle peut être intelligente, tellement on a l’impression qu’ils ont tout compris en l’espace d’une petite heure que dure un spectacle.

C’est le cas de la formation française "rinôçérose", qui s’imposait avec une fierté non dissimulée dans la nuit de samedi à dimanche, dans un Cabaret extatique. Il me semble que ça faisait longtemps que je n’avais vu autant de gens sourire à pleines dents pendant un spectacle, simplement parce que la musique était vraiment bonne.

Cette «guitaristic house organisation», originaire de Montpellier, n’a aucun équivalent musical, mais puise à plusieurs sources: aussi recherché que le Velvet Underground; aussi énergique que les Chemical Brothers; aussi fun et sans aucune autre prétention si ce n’est de faire danser que Daft Punk; aussi concerné par l’ambiance qu’Ennio Morricone; aussi pop que les Gypsy Kings (voir 323 secondes de musique répétitive avec guitare espagnole); aussi groovy que James Brown; aussi blancs que les Happy Mondays, etc.

En les voyant dans l’ambiance chaleureuse du Cabaret, on se disait que "rinôçérose" avait finalement tout compris de la musique pop moderne. Un exploit rarissime pour un groupe instrumental. Déjà, on se dit qu’on ira au Festival d’été de Québec, ne serait-ce que pour goûter une nouvelle fois à cette potion magique…

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C’est dans le cadre de la première édition du Montréal Électronique Groove que se déroulait le premier spectacle en terre québécoise de "rinôçérose". Pour l’instant, on ne peut que dresser un bilan positif de cette première édtion, même si l’un des défis majeurs n’a – quasi évidemment – pu être relevé: celui d’amener les clubbers à voir des spectacles de musique électronique et d’inciter les amateurs de spectacles à veiller tard, pour écouter les D.J. Un pari énorme que bien peu de gens ont réussi. Attendons voir ce que fera le FIJM, avec sa série de D.J. au Savoy…

On donne donc ainsi un bonne note au MEG, et, plus particulièrement, pour la construction de ses deux soirées principales au Cabaret. Dans les deux cas, l’ordre de présentation des groupes était sans faille. Ceux qui amorçaient les soirées s’adressaient surtout à l’intellect et, plus l’heure avançait, plus le centre de compréhension descendait pour se trouver assez rapidement au niveau du bas-ventre.

C’était particulièrement frappant lors de la première soirée, jeudi dernier, alors qu’Ekova fit les premiers tours de piste. D’inspiration orientale, la musique d’Ekova a fort peu à voir avec l’électronique, si ce n’est de l’utilisation plutôt discrète d’échantillonnages. Ce qui retient surtout l’attention, c’est la forte personnalité et la voix extrêmement fluide de la chanteuse Dierdre Dubois. Je ne vous cacherai cependant pas que, si je peux apprécier intellectuellement la musique d’Ekova, je ne suis pas leur plus grand fan. Cette musique (comme celle de Dead Can Dance ou des Cocteau Twins, il y a plusieurs années) ne me touche pas, elle ne me remue pas les tripes. Désolé.

Tout de suite après, le Cabaret accueillait FutureShock, groupe montréalais gravitant autour du D.J. Luc Raymond. Une formation fort sympathique pour qui la scène ne semble avoir qu’un seul objetif: faire danser. Contrairement à Ekova, les musiciens ne sont pas là pour faire des sparages et travailler dans la dentelle, mais ils sont au service du groove. D’où une forte propension au funk, qui va même jusqu’à déborder vers le disco.

Puis, la nuit s’est achevée sur une prestation des Jardiniers juste un peu trop courte, qui s’est terminée dans la joie d’Everybody’s Got It, chanson qui devrait – s’il y a une justice en ce bas monde – connaître un réel succès et qui pourrait être aux Jardiniers ce qu’Around the World a été pour Daft Punk. On ne peut que s’incliner devant des grooves comme celui-là allié à une mélodie comme celle-là.

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Dans l’entrée du Cabaret, samedi, on avait érigé une tente. Deux par deux, on pouvait y pénétrer pour assister à une très courte (une chanson) prestation du quartette français LtNo, qui était également aux Foufounes, le 2 juin. Je ne tenterai pas de décrire la situation en long et en large, ni de vous dire exactement ce que j’y ai vu ou entendu. Je vais simplement vous dire ceci: on appelle ça une expérience. Une vraie…

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Vendredi soir, je suis allé voir la première prestation (qui n’a duré qu’une quarantaine de minutes: tout leur répertoire) des Slot Machines, nouveau groupe montréalais regroupant quelques visages connus: Cocktail et La Poufiasse (deux ex-chanteuses des regrettées Secrétaires volantes), mais aussi Jean-Frédéric Messier, leader de la troupe de théâtre Momentum.

Un premier spectacle juste assez thrash, juste assez mal joué, juste assez drôle, juste assez destroy, mais qui pourrait être beaucoup plus tout ça. On a hâte de voir non pas jusqu’où elles peuvent aller (ça, on le sait: loin, creux, bas); mais jusqu’où elles ont envie d’aller. Une chose est certaine: on vous tient au courant…