Amadou et Mariam : Plaisir d'amour
Musique

Amadou et Mariam : Plaisir d’amour

Depuis le temps qu’on la fréquente, on commence à bien connaître la musique africaine en général, et, de plus en plus particulièrement, celle du Mali. Grâce au grand Salif Keita, au fabuleux guitariste Ali Farka Touré, à la chanteuse Rokia Traoré, etc. Mais connaît-on vraiment la chanson africaine? Celle pour qui les mots sont au moins aussi importants que la musique? Ils sont peu à donner dans le genre, mais tout de suite, deux noms sautent à nos oreilles: Amadou (Bagayoko) et Mariam (Doumbia), dit «le couple aveugle du Mali».

Leur premier album du duo (si l’on exclut les cinq cassettes parues sur le marché ivoirien et piratées sur toute l’Afrique), l’inestimable Sou ni tilé (Nuit et jour), est l’exemple parfait de cette chanson africaine. Avec ses voix mixées bien à l’avant et une musique qui sert de support à ses parties vocales fortes. Le genre de disque dont on s’éprend sans trop savoir pourquoi, réellement envoûté par l’immense chaleur humaine qui s’en dégage. Le genre de disque qui s’écoute autant avec les oreilles qu’avec les oreillettes du cour.

Il faut dire qu’Amadou et Mariam ne cherchent à révolutionner ni la musique ni les textes, qu’ils soient en français ou en bambara. On dit souvent même d’eux qu’ils sont naïfs, surtout à cause de la simplicité (volontaire) de leurs textes. Jugez-en par vous-même: «Je pense à toi mon amour / Ma bien-aimée, ne m’abandonne pas, mon amour, ma chérie quand je suis dans mon lit, je ne rêve qu’à toi / quand je me réveille, je ne pense qu’à toi.» (Je pense à toi) «Il ne faut pas se surprendre que nous chantions en français, dit Amadou, joint à son domicile parisien. Parce que même chez nous, nous avons l’habitude de chanter dans plusieurs langues parlées au Mali. Nous avons simplement décidé d’élargir notre cercle en chantant également en français. Nous voulons que ceux qui comprennent le français puissent se retrouver dans nos chansons.»

Fait intéressant, cependant, la plupart des chansons d’Amadou et Mariam sont habituellement composées en bambara pour être ensuite traduites en français. «Quelques exceptions toutefois: C’est la vie ou On se donne la main ont été composées directement en français. Les textes sont importants parce que notre objectif est de lancer des messages. Il est important pour nous de parler des choses de la société, de dire ce qui ne va pas, ce qui va aller. Et, à partir de là, de créer notre chemin.»

Naïfs, je ne sais pas. Simples, oui. Directs, oui. Sans prétention aucune. Amadou et Mariam chantent comme ils parlent et parlent comme ils vivent. «Les gens disent ça, effectivement, que nous sommes naïfs. C’est leur manière de comprendre. Ils pensent que c’est comme ça. Je peux dire que c’est simple, oui. Que c’est direct. Ce n’est pas compliqué. On ne va pas chercher loin.»

Ce qui ne les empêche pas d’expérimenter toutes sortes de choses musicalement. Et que Sou ni tilé est un petit tour du monde en musique avec l’utilisation du ney égyptien (une espèce de flûte), de violon de tradition indienne, et avec la participation du tromboniste colombien Andrès Viafara et du trompettiste cubain Barbaro Teunter Garcia, également croisé avec le groupe Sierra Maestra.

Mais ces multiples couleurs musicales ne changent rien: Amadou et Mariam sont profondément maliens, complètement amoureux, et donnent respectueusement dans la chanson. Ce qui fait que la qualité d’écoute du public est toujours au rendez-vous, même lorsqu’ils jouent en plein air, comme ce fut le cas l’an dernier aux FrancoFolies de Montréal. «Les premières fois, les gens écoutent vraiment beaucoup, on dirait même qu’ils nous observent, renchérit Amadou. Ils sont attentifs, ils nous écoutent avec beaucoup de précautions, puis, petit à petit, vers le troisième ou le cinquième morceau, ils se mettent à danser, et c’est la fête! Parce que même s’il y a énormément de texte et que l’on chante beaucoup, derrière, une partie rythmique incite les gens à la danse.» Message reçu.

Le 15 juillet
Au Medley
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