Matmatah : Boire et déboires
Musique

Matmatah : Boire et déboires

À la croisée des chemins entre les traditions celtiques, le rock et la pop arabisante, se situe Matmatah, dont le succès actuel est emblématique du renouveau de la scène bretonne. Quatre Brestois – Stan, Fanch, Éric et Sammy – ont ratissé une à une les salles de leur région pour parvenir à écouler trois cent mille exemplaires de leur seul et unique album, La Ouache (la chanson Lambé An dro en est la locomotive), confirmant l’engouement de l’Hexagone pour cette bourrasque inattendue.

Élu révélation française de l’an passé, Matmatah sait garder ce sens de la fête, croquant dans des tranches de vie toutes simples, abordant même des sujets de société comme la légalisation du cannabis ou le drame d’un immigré tunisien (Matmata, sans «h», est un village de grottes et de cavernes du Sud-Est de la Tunisie) venu s’intégrer à Paris. Et dans tout ça, le «h» de Matmatah agace les autorités, puisque le haschish est un thème récurrent dans leurs textes. Chansons à boire ou à déboires, les petits bistrots de Brest nous auront aussi donné les phénomènes Miossec et Louise Attaque; ces derniers relèvent d’ailleurs du même dénicheur de talents que Matmatah au label Trema: Marc Thonon.

La belle aventure des sympathiques fêtards a traversé la grande flaque l’hiver dernier, alors que Matmatah livrait sobrement (!) une prestation devant un public québécois trié sur le volet parmi notre industrie. Premier contact donc, où le melting-pot musical de Matmatah ose le rapprochement entre les cultures berbères et celtiques. Où son chanteur, Stan (Tristan Nihouarn), est venu chercher jusqu’à leurs tables du Petit Campus la grande majorité des non initiés. Le genre de charisme qu’on a vu chez les irrésistibles Zebda…

«Il s’est passé pas mal de choses depuis février, raconte Stan, que j’ai joint, à Paris, la semaine dernière. On a fait plein de festivals et croisés plein de stars, comme Brian Adams…» Plus sérieusement, il décortique les composantes de Matmatah: «C’est vrai qu’il y a une influence celtique, mais il n’y a pas que ça. Ce qu’il faut retenir, au-delà des étiquettes, c’est qu’on rend le tout plus rock, donc plus énergique. C’est vrai qu’il y a une similitude avec Zebda dans l’esprit, mais eux sont plus funk. Ils ressemblent à une traduction occitane de La Ouache, évoquée Stan non sans un brin d’humour. À la limite, on est plus Brestois que Bretons, comme si on venait de la banlieue de Montréal! C’est assez cosmopolite finalement, et c’est un peu à cause de notre culture portuaire. À Brest, il doit y avoir au moins trois cents bars, et ces endroits sont les seuls lieux de rencontre entre musiciens. Matmatah, c’est d’abord une succession de rencontres humaines entre potes dans un bar. Brest, c’est un peu le Liverpool de la Bretagne.»

«Nous, on est là pour faire de la scène, et cette culture de bars nous a appris à répondre aux gens, à les interpeller, à cultiver une communication avec le public. On n’est pas des juke-box. On est là pour faire partie des gens au maximum; ils sont, en quelque sorte, le cinquième musicien. Même si Lambé est un succès, et que la chanson Emma vient de sortir en single en France, ce ne sont pas nécessairement ces chansons qui marchent le mieux en concert. Je pense que les gens sont attachés à l’album dans sa globalité. En tout cas, ils ne viennent pas au concert pour n’entendre qu’une seule chanson…»

Le 6 août à 22 h
Au parc des Festivals

Le 7 août à 23 h
Au Spectrum
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