Musique

Prise de son : Un après-midi au parc 2: le retour

Comme à peu près quarante (certains sont même allés jusqu’à dire cinquante!) mille personnes, j’ai passé mon samedi soir au Parc des Îles. Et comme la très grande majorité de celles-ci, j’ai été ravi de ma soirée.

Il faut dire que le groupe américain Live, tête d’affiche de cette journée de spectacles gratuits, commanditée par Molson Dry, a beaucoup pour plaire. Non seulement les membres du groupe sont arrivés sur scène avec de larges sourires (malgré sa popularité grandissante, Live n’a pas dû jouer souvent devant autant de monde…), mais leur motivation était au maximum, même si leur nouvel album ne sera chez les disquaires que le 5 octobre prochain.
Surmotivé, vitaminé, Live n’est pas venu à Montréal en vacances, et il a joué avec une telle intensité qu’on ne pouvait plus rien lui reprocher. Sans faire de comparaisons déplacées, je me souviens que lorsque Eric Parazelli a commencé à travailler au journal, il me parlait de deux groupes à guitares: Radiohead et Live. Ces deux groupes ont un seul point en commun: cette intensité dévastatrice. (Pour le reste, vous savez autant que moi que Radiohead innove beaucoup plus…)

C’est cette passion dévorante qui fait que nous sommes tous restés scotchés au Parc des Îles, accrochés aux lèvres d’Ed Kowalczyk (beaucoup, beaucoup de points au Scrabble!) jusqu’à la toute fin alors que nous avons entonné avec lui le succès Lightning Crashes. Une prestation quasi sans faute, l’une des meilleures que j’aie vues en plein air au cours de l’été 99.

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Je n’ai jamais été un grand fan de Moist, qui jouait juste avant Live. N’allez pas y voir de jalousie, mais j’ai souvent eu l’impression que David Usher, le chanteur du groupe, était trop beau bonhomme pour être vraiment honnête. Surtout pour quelqu’un comme moi qui a grandi avec Neil Young, les Stones ou Springsteen, pour qui la beauté n’était pas nécessairement un élément déterminant de mon affection…

J’ai même déjà écrit, il y a quelques années, alors que Moist travaillait sur son deuxième album et avait répété ses nouvelles chansons au Club Soda, que le caractère événementiel n’y était pas, simplement parce que le groupe canadien n’était pas plus grand que la salle. Que, somme toute, le Club Soda était bien assez grand pour un groupe de la teneur de Moist.

Aujourd’hui, je ne me ravise pas, mais je dois admettre que samedi dernier, au Parc des Îles, Moist a montré qu’il pouvait se révéler un bon groupe si on lui en donnait l’occasion. Devant cette foule impressionnante, Moist a joué le rôle que tous lui avaient donné: celui du meilleur groupe canadien pop-rock.

Parce qu’il ne faut pas se le cacher non plus, Moist est certainement le plus pop de cette nouvelle vague de rock canadien des dernières années (avec The Tea Party, Our Lady Peace, I Mother Earth, etc.). On n’a qu’à entendre la succession de singles pour se rendre à l’évidence: mélodiquement, Moist les bats tous. Seule déception bien réelle, Breathe, le plus récent extrait de leur nouvel album, ressemble par moments beaucoup trop à la fameuse Creep de Radiohead (mais qu’est-ce qu’il a ce groupe à toujours revenir nous hanter?). Détail quasi mineur compte tenu de l’excellente prestation qu’a livrée Moist samedi.

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Vendredi dernier, message dans ma boîte vocale. Martyne Prévost, l’organisatrice du Polliwog, est furieuse parce que j’ai écrit que le son, lors de son événement, n’était vraiment pas assez fort. Et que cette puissance manquait atrocement pour apprécier les groupes qui étaient à l’affiche, dont les valeureux Groovy Aardvark.

Martyne est furieuse parce que le faible volume du Polliwog, ce n’est pas de sa faute. La Ville de Montréal – suite à des plaintes répétées de résidants autour du parc Jeanne-Mance – lui a imposé une limite de décibels à ne pas franchir. Et qu’un inspecteur sonore de la Ville s’est promené toute la journée avec son décibel-mètre, histoire de vérifier, revérifier, contre-vérifier et rerevérifier encore une fois si le nombre de décibels ne dépassait pas la limite convenue. «Tu me connais, ce n’est pas dans mes habitudes de faire des événements avec des systèmes de son pourris. Dans ce cas-ci, on avait deux choix: ou l’on se pliait aux exigences de la Ville ou l’on se trouvait un autre site, ce qui est très loin d’être évident. On a donc choisi de respecter la limite de décibels.»

Rien contre. Au contraire. Sauf qu’il aurait peut-être été bon qu’on le sache avant. Il aurait peut-être été plus simple que tout le monde en soit averti avant la tenue de l’événement. Pendant le show de Groovy, j’étais à une quinzaine de pieds de la console, et j’étais loin d’être le seul à me demander quel était le problème avec le système de son…